Yomoni : investissez mieux !

Vous aussi, vous avez un collègue nommé Christophe qui raconte à la machine à café qu'il achète des actions EDF car "EDF ne peut pas faire faillite" ? Cet article parle de la différence entre actions et obligations : il va vous aider à faire taire Christophe.

Actions, obligations : dans les deux cas, c'est une histoire de financement d'entreprise

Je viens de créer une entreprise dans laquelle j'ai investi toutes mes économies. Après un moment, je m'aperçois qu'elle tournerait bien mieux si j'investissais un peu : j'ai besoin d'agrandir mon entrepôt et de lancer une campagne de communication. Les rentrées d'argent de mon entreprise ne lui permettent pas de financer tout cela pour l'instant.

Je vais voir mon oncle José et ma cousine Laura : je sais qu'ils ont de l'argent de côté qu'ils cherchent à investir. Après discussion, nous arrivons à deux options :

  • mon oncle José prête de l'argent à mon entreprise,
  • ma cousine Laura prend des parts dans mon entreprise.

Grâce à eux deux, j'ai comblé mon besoin de fonds.

Prêt ou prise de participation : des avantages différents...

José est devenu le prêteur de mon entreprise. Il touchera des intérêts et, au terme que nous avons conclu (5 ans par exemple), je lui rembourserai son prêt. En plus des charges liées à mon activité, je payerai donc pendant 5 ans des intérêts. José est devenu un de mes créanciers : il est devenu mon fournisseur d'argent de la même manière que j'ai un fournisseur d'électricité.

Laura, en prenant des parts (des actions), elle est devenue mon associée. Elle a acheté un droit de copropriété de l'entreprise et pourra récupérer une partie des bénéfices (s'il y en a) : les fameux dividendes. Elle a désormais un pouvoir de décision sur la conduite de l'entreprise, sous forme d'un droit de vote proportionnel à sa participation. Et ce, même si elle n'est pas salariée.

... et des préférences différentes !

José souhaite juste que l'entreprise soit en mesure de lui rembourser son prêt à l'échéance, c'est à peu près tout. Il sera heureux si je réussis, mais financièrement, cela ne le fera pas toucher davantage d'intérêts. Il perçoit un revenu régulier et, si mon affaire existe encore dans 5 ans, il retrouvera son capital.

Laura et moi, actionnaires, souhaitons bien sûr que notre entreprise soit capable de payer toutes ses charges, y compris le prêt de José. Mais nous souhaitons également qu'elle soit capable de dégager un bénéfice après avoir payé toutes les charges ! De ce bénéfice, une partie ira aux impôts, une partie sera réinvestie dans l'entreprise, une partie sera partagée entre les salariés (la participation), et une partie sera reversée aux actionnaires.

Des intérêts alignés... à moitié !

José grogne lorsque nous investissons et nous embauchons. Pourtant, Laura et moi savons que c'est la clé de la réussite... Alors pourquoi José grogne ? Déjà parce que c'est son caractère. Mais aussi parce qu'il préférerait que l'entreprise conserve sa trésorerie plutôt que d'investir : il ne voit pas plus loin que l'échéance de son prêt !

De forts investissements augmentent le risque pour le créancier (la trésorerie se vide) mais améliorent les perspectives pour les actionnaires (promesses de rendements supérieurs à terme). La recherche et développement, les embauches, les investissements en matériel et sur la marque... peuvent sembler inutiles aux yeux de José et des créanciers.

Quel scénario fera le bonheur de votre épargne ?

Lorsque votre portefeuille contient beaucoup d'obligations, vous êtes assez peu touché par des mauvaises perspectives des entreprises : tant qu'elles restent solvables, cela vous suffit. Leurs bénéfices ne vous intéressent pas vraiment : votre épargne n'en profitera pas.

A l'opposé, lorsque votre portefeuille contient surtout des actions, la solvabilité des entreprises est un minimum nécessaire mais non suffisant : une entreprise à l'équilibre ne valorise pas votre investissement. Vous avez besoin de bénéfices : votre rémunération plus élevée à celle du titulaire d'obligations viendra seulement à cette condition. Sans cela, vous aurez pris des risques supplémentaires pour rien.

Alors Christophe, tu as confondu solvabilité et rentabilité ? Non, je plaisante. Ne lui dites pas comme ça, il va se vexer. Dites-lui que s'il parie sur l'absence de faillite d'EDF, il doit acheter des obligations et non des actions.

Acheter des actions lorsque l'on croit qu'une entreprise ne fera pas faillite, c'est comme partir en avion parce qu'il n'y a pas de grève SNCF : il y a un petit problème de cohérence.

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