Chaque lundi, notre équipe de Gestion analyse et commente les marchés financiers. Quelle est la situation sur la semaine passée? Quelles actualités faut-il retenir?
Source : @Bloombeg LP
Macroéconomie 🔎
- Un accord commercial entre les États-Unis et la Chine a été annoncé lundi dernier. Il s’agit du deuxième accord majeur après celui conclu la semaine précédente avec le Royaume-Uni. Tous les détails ne sont pas encore connus, et certaines négociations se poursuivent, mais le principal élément à retenir est la réduction substantielle des droits de douane entre les deux pays. Ainsi, les droits sur les produits chinois importés aux États-Unis passent de 145 % à 30 %, et ceux appliqués par la Chine sur les importations américaines sont réduits de 125 % à 10 %. Par ailleurs, un niveau plancher de 10 % semble désormais s’installer durablement pour la majorité des biens importés aux États-Unis. Même si seulement deux accords ont été conclus depuis le mois dernier, celui avec la Chine a été particulièrement bien accueilli par les marchés financiers, car considéré comme le plus complexe à négocier. Les investisseurs y voient un signal encourageant de réduction des tensions commerciales internationales.
- Aux États-Unis, l’inflation marque un ralentissement inattendu mais très bienvenu. Estimée stable à 2,4 % pour avril, elle ressort finalement en légère baisse à 2,3 %. L’inflation sous-jacente (« core », hors alimentation et énergie) reste quant à elle stable comme attendu, à 2,8 %.
- Les prix à la production du mois d’avril enregistrent une contraction inattendue de -0,5 %, alors qu’une hausse de +0,2 % était anticipée par le marché.
- Les ventes au détail pour avril progressent de +0,1 %, légèrement mieux que les attentes initiales (stabilité anticipée). De plus, les chiffres du mois de mars ont été révisés à la hausse, passant de +1,4 % à +1,7 %.
- Sur le marché immobilier, les permis de construire du mois d’avril ressortent inférieurs aux attentes, tandis que les mises en chantier affichent une légère hausse par rapport aux prévisions.
- L’indice de confiance des consommateurs du Michigan montre quant à lui des inquiétudes persistantes. Les anticipations d’inflation à un an continuent de grimper fortement, atteignant 7,3 % contre 6,5 % le mois précédent, des niveaux comparables à ceux observés au début des années 1980. De plus, l’indice global de confiance, attendu en légère hausse à 53,1, est finalement ressorti en baisse à 50,8 (contre 52,2 en avril).
- Enfin, l’agence de notation Moody’s a abaissé la note de la dette souveraine américaine, de AAA à Aa1, avec une perspective stable. Cette décision fait suite à l’augmentation continue de l’endettement américain et au coût croissant de celui-ci pour le budget fédéral. Par ailleurs, plusieurs élus républicains ont empêché vendredi au Congrès l’adoption d’un texte majeur, incluant notamment la prolongation des crédits d’impôt mis en place durant le premier mandat de Donald Trump, avant leur expiration. Moody’s souligne toutefois le caractère unique de l’économie américaine grâce à sa capacité à renforcer continuellement sa productivité. Rappelons que Standard & Poor’s avait été la première grande agence à dégrader la note américaine dès 2011, suivie par Fitch en 2023.
- En Zone euro, les chiffres préliminaires du PIB montrent une croissance stable à 1,2 % en rythme annuel au premier trimestre, conforme aux attentes et au même niveau qu’au quatrième trimestre 2024.
- La production industrielle du mois de mars progresse de manière significative, affichant une hausse annuelle de 3,6 %, supérieure aux anticipations de +2,5 % et en nette accélération par rapport à février (+1 %).
- L’indice ZEW du sentiment économique en zone euro surprend favorablement en mai. Attendu en amélioration à -3,5 après -18,5 en avril, il ressort finalement à +11,6, marquant ainsi un net regain de confiance.
- Concernant l’inflation, les chiffres publiés pour l’Allemagne et l’Espagne sont conformes aux prévisions, avec un léger ralentissement :
- Allemagne : 2,1 % en avril, contre 2,2 % en mars.
- Espagne : 2,2 % en avril, contre 2,3 % en mars.
- En France, l’inflation reste stable à un niveau particulièrement bas de 0,8 %.
- Au Royaume-Uni, le taux de chômage progresse légèrement, passant comme prévu de 4,4 % à 4,5 %. Par ailleurs, les salaires moyens (bonus compris) augmentent plus rapidement qu’attendu, progressant de +5,5 % en mars contre une anticipation de +5,2 %.Enfin, le PIB britannique au premier trimestre affiche une performance légèrement supérieure aux attentes, avec une croissance annuelle de +1,3 %, contre +1,2 % anticipé et après +1,5 % au quatrième trimestre 2024.
Banques centrales 💰
- Jeudi dernier, le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Jerome Powell, a ouvert la « Thomas Laubach Research Conference » avec un discours important. Il a indiqué qu’il était probablement nécessaire de réexaminer la stratégie monétaire mise en place en 2020. En effet, il redoute que l’économie mondiale entre désormais dans une période caractérisée par des chocs d’offre plus fréquents et plus persistants. Pour rappel, la Fed avait décidé en 2020 de privilégier la réduction du chômage en tolérant temporairement une inflation supérieure à sa cible de 2 %, afin de compenser une décennie d’inflation particulièrement faible. Le discours de Jerome Powell peut être perçu comme une réponse indirecte aux récentes critiques de Donald Trump, selon lesquelles la Fed aurait trop tardé à réagir face à l’inflation élevée.
- Samedi, le président Trump a de nouveau interpellé Jerome Powell sur les réseaux sociaux, qualifiant ce dernier « d’homme légendaire pour son retard », et l’exhortant à abaisser rapidement les taux d’intérêt. Si Jerome Powell reste ferme sur sa politique monétaire, il a cependant annoncé aux salariés de la Fed une réduction prochaine des effectifs de l’institution, de l’ordre de 10 % dans les prochaines années, en privilégiant principalement les départs volontaires.
- En Europe, Pierre Wunsch, gouverneur de la Banque centrale de Belgique, a déclaré dans une interview au Financial Times que la BCE pourrait être contrainte d’abaisser ses taux directeurs « légèrement sous la barre des 2 % », afin de répondre aux risques que les tensions commerciales font peser sur la croissance et l’inflation en zone euro. Cette déclaration laisse donc anticiper une baisse potentielle de 50 points de base, alors que le taux directeur actuel est de 2,25 %. Les marchés anticipent à 90 % une baisse des taux dès la prochaine réunion du 5 juin, suivie éventuellement d’une autre baisse, portant potentiellement le taux de dépôt jusqu’à 1,75 %.
- Enfin, le président du groupe de travail de la BCE sur l’euro numérique est venu défendre ce projet jeudi dernier à Paris. Si le Trésor et la Banque de France semblent accueillir favorablement ce projet, les banques privées se montrent beaucoup plus critiques, estimant que le projet engendrera des coûts élevés et qu'elles auraient pu proposer des solutions plus efficaces. Le calendrier prévu prévoit une décision de la BCE en octobre prochain concernant le lancement ou non de l’euro numérique. Celui-ci pourrait alors disposer d’un cadre juridique à la fin de l’année, en vue d’une possible mise en circulation à partir de 2028.
Performances 📊
- Les marchés actions internationaux ont fortement progressé cette semaine, portés par l’annonce, lundi, de l’accord commercial entre les États-Unis et la Chine. Les actions mondiales affichent ainsi une hausse significative de +5,1 % en euros. Ce rebond est particulièrement marqué aux États-Unis (+6,5 % en euros). Les actions émergentes progressent également nettement (+4,1 %), tout comme celles de la zone euro (+2,3 %). Les actions japonaises enregistrent une hausse plus modeste de +0,7 % en euros. Du côté sectoriel, les valeurs technologiques dominent nettement avec un gain hebdomadaire de +8,8 %, suivies par la consommation discrétionnaire (+7,1 %) et les télécommunications (+6,7 %). À l’inverse, les secteurs moins dynamiques cette semaine sont la consommation courante et l’immobilier, chacun affichant une progression limitée à +1,4 %, ainsi que le secteur de la santé (+1,1 % seulement).
- Sur le front obligataire, les taux d’intérêt remontent légèrement cette semaine. Aux États-Unis, le rendement du 10 ans s’accroît de 6 points de base, passant de 4,38 % à 4,44 %. En zone euro, le rendement du Bund allemand à 10 ans suit la même tendance et augmente de 4 points de base, passant de 2,55 % à 2,59 %, tandis que le CMS 10 ans progresse de 3 points de base, passant de 2,50 % à 2,53 %. Le spread France-Allemagne se resserre légèrement, passant de 71 à 67 points de base.
- Concernant les matières premières, l’ambiance est clairement marquée par un regain d’optimisme quant aux perspectives de croissance économique : le pétrole progresse ainsi de +2,3 % cette semaine, tandis que l’or, considéré comme une valeur refuge, recule nettement de -4,7 %.
- Sur le marché des changes, le dollar poursuit son appréciation face à l’euro, passant de 1,1248 à 1,1164 en clôture de semaine
À suivre cette semaine 💡
Cette semaine, l'attention sera principalement portée sur les indices PMI préliminaires et l’inflation en zone euro.
En zone euro :
- Les indices PMI préliminaires de mai devraient montrer une légère amélioration. Ainsi, le PMI manufacturier passerait de 49 à 49,3, et le PMI des services de 50,1 à 50,6.
- L’inflation globale est attendue stable à 2,2 %, tandis que l’inflation sous-jacente (« core », hors énergie et alimentation) devrait accélérer de 2,4 % à 2,7 %.
Au Royaume-Uni :
- L’inflation du mois d’avril est attendue en nette accélération, passant de 2,6 % à 3,3 %, tandis que l’inflation sous-jacente est prévue en hausse de 3,4 % à 3,6 %.
Aux États-Unis :
- À l’inverse de la zone euro, les indices PMI préliminaires devraient afficher une légère baisse. Le PMI manufacturier est attendu en repli de 50,2 à 49,9, et celui des services de 50,8 à 50,7.
- Le marché immobilier sera également suivi de près. Les ventes de logements existants devraient afficher une légère hausse, passant de 4,02 millions à 4,15 millions d’unités en avril. En revanche, les ventes de logements neufs devraient ralentir légèrement sur la même période.
En Chine :
- La production industrielle du mois d’avril est attendue en net ralentissement, passant de 7,7 % à 5,7 %.
- Le taux de chômage devrait rester stable à 5,2 %.
- Enfin, la Banque Populaire de Chine devrait réduire ses taux préférentiels d’emprunt de 10 points de base : le taux à 1 an passerait ainsi de 3,60 % à 3,50 %, et celui à 5 ans de 3,10 % à 3,00 %.
À lundi prochain !