Chaque lundi, notre équipe de Gestion analyse et commente les marchés financiers. Quelle est la situation sur la semaine passée ? Quelles actualités faut-il retenir?
Source : @Bloombeg LP
Focus droits de douane : nouveau rebondissement
Dans la nuit de vendredi à samedi, une cour d’appel fédérale a jugé que la plupart des droits de douane imposés par Donald Trump constituaient un abus de ses pouvoirs d’urgence. L’ancien président a annoncé son intention de porter l’affaire devant la Cour suprême. Le principal reproche de la cour d’appel concerne le caractère généralisé et illimité de ces droits de douane. Cette décision rouvre une zone d’incertitude sur le plan commercial.
Macroéconomie 🔎
États-Unis :
- Comme attendu, l’indice core PCE s’est établi à 2,9 % en juillet (2,8 % en juin).
- L’indice de confiance des consommateurs du Conference Board ressort au-dessus des attentes à 97,4 (96,4 attendu), bien que la perception du marché du travail continue de se détériorer : l’écart entre ceux jugeant le marché favorable et ceux le jugeant difficile est tombé à 9,7 % (contre 11,3 % en juillet et 19,4 % il y a quelques mois).
- Les enquêtes de l’Université du Michigan soulignent des anticipations d’inflation à 5 ans en légère hausse à 3,5 % (3,4 % en juillet), mais une confiance des ménages en recul à 58,2 (58,6 attendu ; 61,7 en juillet).
- Le PIB américain du 2e trimestre a surpris positivement avec une croissance de 3,3 % (3 % attendu).
- Les commandes de biens durables résistent mieux que prévu : -2,8 % contre -3,8 % attendu, et +1,1 % pour le cœur (0,2 % attendu).
- Le GDPNow de la Fed d’Atlanta prévoit une croissance de 2,2 % au T3 (2,3 % précédemment).
- Le marché immobilier montre une certaine résilience : les ventes de logements neufs en juillet atteignent 652 000 (635 000 attendu), et les permis de construire 1,362 million (1,354 million attendu). Les promesses de ventes reculent en ligne avec les attentes (-0,4 %).
Zone euro :
- En Allemagne, l’indice IFO du climat des affaires remonte à 89 en août (88,7 attendu ; 88,6 en juillet).
- En France, la croissance au T2 ressort à 0,8 % (0,7 % attendu), tandis que l’inflation ralentit légèrement à 0,9 % (1 % attendu).
- En Allemagne, le nombre de chômeurs recule de 9 000 en août (contre une hausse de 10 000 anticipée), et l’inflation ressort à 2,2 % (2,1 % attendu).
Résultats de Nvidia :
Nvidia a une nouvelle fois publié des résultats supérieurs aux attentes. Au deuxième trimestre, le bénéfice par action ressort à 1,04 dollar, soit trois cents de plus que prévu, et le chiffre d’affaires atteint 46,7 milliards de dollars, légèrement au-dessus du consensus de 46,1 milliards. Pour le troisième trimestre 2026, le groupe anticipe un chiffre d’affaires de 54 milliards, contre 53,46 milliards attendus par les analystes. Malgré ces annonces solides, la réaction du marché est restée mesurée : les investisseurs semblaient avoir intégré des prévisions encore plus ambitieuses. Les interrogations persistent par ailleurs sur la possibilité de continuer à vendre des puces en Chine et sur l’éventualité d’une taxe de 15 %, autant d’incertitudes qui pèsent sur les perspectives du groupe.
Banques centrales 💰
En zone euro, les minutes de la réunion de juillet de la BCE révèlent des divergences parmi les gouverneurs. Certains estiment que les risques sur l’inflation se déplacent désormais à la baisse, notamment sous l’effet du ralentissement de la demande et des tensions commerciales, ce qui plaiderait pour une détente monétaire. D’autres jugent au contraire que l’économie reste suffisamment résiliente, l’inflation des services demeurant élevée. Malgré ces divergences, un consensus se dessine autour d’une approche prudente : la BCE adopte une posture d’attente, attentive à l’évolution des discussions commerciales entre l’Union européenne et les États-Unis, ainsi qu’aux effets de l’appréciation de l’euro.
Aux États-Unis, la Réserve fédérale se retrouve au cœur d’une polémique inédite. Donald Trump a annoncé le limogeage immédiat de la gouverneure Lisa Cook, accusée d’irrégularités liées à des prêts immobiliers. Cette dernière a riposté en attaquant l’administration en justice, ouvrant une bataille institutionnelle qui pourrait redéfinir les contours de l’indépendance de la banque centrale américaine. Dans ce climat de tension, les investisseurs restent attentifs aux pressions exercées par Donald Trump, qui continue d’appeler à une baisse drastique des taux directeurs de 300 points de base.
Performances 📊
Les marchés actions ont connu une semaine contrastée. En euros, l’ensemble des actions internationales recule légèrement de 0,2 %. Les États-Unis parviennent à progresser de 0,2 %, tandis que les marchés émergents se replient de 0,4 % et que le Japon cède 0,9 %. La zone euro affiche la plus forte baisse avec un recul de 2,5 %.
Sur le plan sectoriel, l’énergie se distingue nettement avec une hausse de 2 %, suivie par les télécommunications (+0,7 %) et les matériaux (+0,5 %). À l’inverse, les services aux collectivités reculent de 2 %, les biens de consommation courante de 1,3 % et l’industrie de 0,8 %.
Du côté obligataire, les taux américains poursuivent leur détente : le rendement du T-Note 10 ans baisse légèrement de 4,26 % à 4,24 %. Le Bund allemand à 10 ans reste stable à 2,72 %, tout comme le CMS 10 ans à 2,66 %. En revanche, le spread OAT/Bund s’élargit à 80 points de base, contre 70 points la semaine précédente, sous l’effet de l’annonce de François Bayrou d’une demande de vote de confiance.
Sur les matières premières, l’or progresse vivement (+3,3 %), tandis que le pétrole gagne 1,3 %. Enfin, sur le marché des changes, le dollar s’est renforcé légèrement, l’euro reculant de 1,1717 à 1,1686 contre billet vert.
À suivre cette semaine 💡
- La première semaine du mois sera marquée par les traditionnelles publications sur l’emploi américain. Mercredi, le rapport JOLTS devrait indiquer un léger ralentissement des nouvelles offres d’emploi, attendues à 7,24 millions en juillet après 7,44 millions en juin. Jeudi, les créations d’emplois non agricoles publiées par l’ADP sont anticipées en nette baisse, à 71 000 contre 104 000 le mois précédent. Côté indicateurs avancés, l’indice PMI manufacturier de l’ISM est attendu en légère progression à 48,9 en août, tandis que celui calculé par S&P Global devrait rester stable à 53,3.
- En zone euro, l’attention se portera sur le taux de chômage, attendu en repli à 6,2 % en juillet contre 6,3 % en juin. Les indices PMI devraient confirmer une stabilisation de l’activité : l’indice manufacturier est attendu en légère hausse, tandis que ceux des services et composite devraient rester inchangés à respectivement 50,7 et 51,1. Enfin, la croissance du PIB de la zone au deuxième trimestre est anticipée en nette décélération, à +0,1 % après +0,6 % au trimestre précédent.