Chaque lundi, notre équipe de Gestion analyse et commente les marchés financiers. Quelle est la situation sur la semaine passée? Quelles actualités faut-il retenir?
Source : @Bloombeg LP
Macroéconomie 🔎
- La semaine dernière était une semaine de publication de données sur l’emploi aux États-Unis. Le rapport JOLTS a révélé un net ralentissement des nouvelles offres d’emploi pour le mois de mars, ressortant en dessous des attentes et bien inférieures au chiffre de février, lui-même révisé à la baisse. Parallèlement, les créations d’emplois non agricoles selon l’ADP ont marqué le pas, avec seulement 62 000 postes créés contre 114 000 attendus et 147 000 en mars.
- Toutefois, les chiffres officiels du Département du Travail montrent un ralentissement moins marqué que prévu : 175 000 créations d’emplois en avril contre 185 000 en mars et 138 000 anticipées. Le taux de chômage reste stable à 4,2 %, conformément aux attentes. Autre signal de modération : le salaire horaire moyen n’a progressé que de 0,2 %, contre 0,3 % attendu.
- L’inflation sous-jacente mesurée par l’indice PCE (core PCE) est ressortie en ligne avec les attentes à 2,6 % en mars, contre 3 % en février. Du côté de l’activité, l’indice ISM manufacturier a légèrement reculé de 49 à 48,7, un repli moindre qu’attendu (48).
- Trois déceptions majeures sont néanmoins à noter sur le front macroéconomique américain :
- La première estimation de la croissance du PIB au T1 affiche une contraction de -0,3 %, contre une hausse de +0,2 % attendue (et +2,4 % au T4 2024).
- L’indice de confiance des consommateurs du Conference Board a fortement reculé à 86, contre 87,7 anticipé et 93,9 le mois précédent — son plus bas niveau depuis août 2020, en pleine crise sanitaire.
- Enfin, l’indice GDP Now de la Fed d’Atlanta a été revu à la baisse, signalant une contraction de -2,7 % au T1, contre -2,5 % attendu.
- En zone euro, les chiffres sont plus encourageants. Le PIB prévisionnel du premier trimestre affiche une croissance de 0,4 %, soit le double des attentes (0,2 %) et en amélioration par rapport au trimestre précédent. Sur un an, la croissance atteint ainsi 1,2 % (contre 1 % attendu). En France, le PIB progresse de 0,8 % en rythme annualisé, légèrement au-dessus des attentes (0,7 %). L’Allemagne confirme sa sortie de récession avec une croissance de 0,2 % au T1, en ligne avec les anticipations, après une contraction de -0,2 % fin 2024.
- Côté inflation, les signaux sont plus nuancés. L’inflation globale reste stable à 2,2 %, alors qu’un léger repli était attendu. L’inflation sous-jacente (hors énergie et alimentation) ressort au-dessus des prévisions, à 2,7 % contre 2,5 % anticipé. Le taux de chômage, enfin, reste inchangé à 6,2 %, malgré des attentes à 6,1 %.
- En Chine, les indicateurs d’activité montrent un ralentissement. L’indice PMI manufacturier est tombé à 49, en dessous du seuil des 50, synonyme de contraction, et en deçà des 49,7 attendus. Le PMI non-manufacturier recule également à 50,4 (contre 50,6 prévu), signalant un affaiblissement de la dynamique dans les services.
- Enfin, sur le front des résultats d’entreprises, les grandes capitalisations technologiques ont globalement rassuré : Meta (Facebook), Microsoft, Apple et Amazon ont tous publié des résultats supérieurs aux attentes, accompagnés de perspectives jugées solides par les marchés.
Banques centrales 💰
- Les derniers chiffres de l’emploi aux États-Unis plaident pour le maintien d’une approche prudente de la part de la Réserve fédérale. Avec des créations d’emplois supérieures aux attentes et un taux de chômage stable à 4,2 %, la Fed dispose d’un peu de marge pour patienter. Le marché a ajusté ses anticipations en conséquence : on ne prévoit désormais plus que trois baisses de taux d’ici la fin de l’année, contre quatre précédemment. Par ailleurs, la probabilité d’une réduction des taux dès la prochaine réunion est tombée de 60 % à 40 %. Le scénario majoritaire table désormais sur un premier assouplissement en juillet.
- En Europe, le marché commence à intégrer l’hypothèse d’un cycle de baisse plus marqué si les données économiques venaient à confirmer un affaiblissement plus prononcé de la demande. Christine Lagarde a d’ailleurs souligné que les tensions commerciales actuelles pourraient avoir un effet plus déflationniste qu’inflationniste pour la zone euro. Même les gouverneurs traditionnellement plus réticents à assouplir la politique monétaire, à l’image de Joachim Nagel, président de la Bundesbank, reconnaissent une détérioration notable de l’environnement économique, reléguant au second plan les risques inflationnistes.
- Du côté du Japon, sans surprise, la Banque du Japon a maintenu son taux directeur inchangé à 0,5 %. Elle a néanmoins abaissé ses prévisions de croissance pour 2025 et 2026, invoquant les effets négatifs des droits de douane américains.
Performances 📊
- Les marchés actions ont poursuivi leur reprise cette semaine, avec une performance globale de +3,5 % en euros pour les indices internationaux. Ce sont les actions des marchés émergents qui ont affiché la meilleure dynamique, progressant de 3,8 %. Les actions américaines suivent de près avec un gain de 3,4 %, devant celles de la zone euro (+3,0 %). Les actions japonaises ferment la marche, mais restent bien orientées avec une hausse de 2,4 % en euros.
- Du côté sectoriel, le podium revient aux télécommunications (+4,6 %), à l’industrie (+4,5 %) et à la technologie (+4,4 %) À l’inverse, les secteurs défensifs comme la santé (+2,3 %), la consommation de base (+2,2 %) et l’énergie (+0,2 %) affichent des performances plus modestes.
- Sur le front obligataire, les taux d’intérêt repartent légèrement à la hausse. Aux États-Unis, le rendement du 10 ans s’est tendu de 6 points de base sur la semaine, passant de 4,25 % à 4,31 %, dont 10 points rien que sur la séance de vendredi. En zone euro, les taux suivent le même mouvement : le Bund allemand à 10 ans progresse de 2,47 % à 2,52 %, et le CMS 10 ans grimpe de 2,44 % à 2,50 %. Le spread France-Allemagne reste stable à 72 points de base.
Du côté des matières premières, les tendances sont plus contrastées. L’or recule de -1,25 % sur la semaine, tandis que le pétrole accuse une baisse marquée de -8,3 %, reflet de craintes persistantes sur la demande mondiale. - Enfin, sur le marché des changes, le dollar s’est apprécié face à l’euro. La paire EUR/USD est passée de 1,1365 à 1,1296,
À suivre cette semaine 💡
- Aux États-Unis, l’événement central sera bien entendu la décision de politique monétaire de la Réserve fédérale, attendue mercredi. Si aucun changement de taux n’est anticipé, le ton du communiqué et les commentaires de Jerome Powell seront scrutés de près, à la lumière des récentes données économiques.
- Parmi les indicateurs à surveiller en parallèle :
- L’indice ISM des services (PMI non manufacturier), attendu en léger repli à 50,6 en avril (après 50,8 en mars),
- Le PMI des services de S&P Global, qui devrait reculer de 54,4 à 51,4,
- Le PMI composite S&P, qui passerait de 53,5 à 51,2, signalant un ralentissement généralisé de l’activité.
- Le chiffre prévisionnel du GDPNow de la Fed d’Atlanta pour le deuxième trimestre sera également suivi de près : il est actuellement estimé à +1,1 %, ce qui confirmerait un net ralentissement par rapport au début d’année.
- Autre statistique importante : le coût unitaire de la main-d'œuvre pour le premier trimestre, attendu en forte hausse à +5,3 %, contre +2,2 % au trimestre précédent. Ce chiffre pourrait raviver les débats sur les pressions salariales et leur impact sur l’inflation.
- Sur le front obligataire, une semaine particulièrement chargée s’annonce avec une série d’adjudications :
- Lundi : T-Bills à 3 et 6 mois, ainsi que des T-Notes à 3 ans,
- Mardi : T-Notes à 10 ans,
- Jeudi : T-Bills à 4 et 8 semaines, et T-Bonds à 30 ans.
- En zone euro, les indicateurs avancés sont également attendus en repli. Le PMI composite S&P Global pour avril devrait reculer à 50,1 (contre 50,9), tandis que le PMI des services passerait sous le seuil de contraction à 49,7 (contre 51 le mois précédent). Ces chiffres viendraient appuyer l’hypothèse d’une dynamique économique encore fragile en Europe.