Chaque lundi, notre équipe de Gestion analyse et commente les marchés financiers. Quelle est la situation sur la semaine passée ? Quelles actualités faut-il retenir?
Source : @Bloombeg LP
Focus sur le 1er août
Le 1er jour du mois d’août est venu doucher l’enthousiasme des marchés après un mois de juillet pourtant très positif. Faut-il vraiment s’inquiéter ?
Que s’est-il passé ?
Après un mois de juillet marqué par une hausse significative des actions mondiales (+4,4 % en euros, +1,4 % en devises locales), le mois d’août a démarré dans un climat bien différent. Vendredi 1er août, les actions mondiales ont perdu -2,3 % en euros (-1,3 % en devises locales), les marchés américains reculant plus fortement avec -2,6 % en euros (-1,6 % en dollars), suivis des actions de la zone euro (-2,5 %). Au niveau sectoriel, les valeurs liées à la consommation discrétionnaire (-3,6 %) et les valeurs technologiques (-3,1 %) ont été particulièrement affectées.
Dans le même temps, les taux d’intérêt ont baissé : le taux à 10 ans américain reculant de 14 points de base en une seule séance, passant ainsi de 4,36 % à 4,22 %. Le dollar s’est également déprécié face à l’euro, passant de 1,1416 à 1,1586.
Pourquoi cette réaction des marchés ?
Deux éléments expliquent principalement cette baisse :
● Le jeudi 31 juillet au soir, Donald Trump a confirmé par décret la mise en place effective, dès le 7 août, de nouveaux droits de douane sur certains produits, augmentant ainsi les tensions commerciales et les inquiétudes économiques.
● La publication décevante des chiffres de l’emploi américain a renforcé l'inquiétude. En effet, seulement 73 000 emplois ont été créés dans le secteur non agricole contre des attentes à 106 000. De plus, les révisions des chiffres des mois précédents (mai et juin) affichent une baisse cumulée significative de 258 000 emplois par rapport aux estimations initiales. On observe la même fragilité dans l’indice ISM manufacturier publié ce jour-là : il se situe à 48 (vs 49,5 attendu), tandis que la composante emploi plonge à 43,4 (vs 46,8 anticipé), son plus bas niveau depuis juin 2020. Le taux de chômage, à 4,2 %, était toutefois conforme aux anticipations des analystes.
La réaction politique a été immédiate, Donald Trump ayant limogé Erika McEntarfer, la directrice du Bureau des statistiques du travail américain.
Que signifie cette baisse pour les marchés ?
Même si chaque contexte est unique et que les performances passées ne préjugent pas des performances futures, rappelons que nous avions déjà vécu une situation similaire en août dernier. En effet, le 2 août 2024, après une publication décevante des créations d’emplois, les marchés avaient temporairement reculé pendant quatre séances avant de rebondir rapidement. L’année 2024 s’était néanmoins achevée sur une performance annuelle, nette de tous les frais de plus de 19%
Cette fois encore, si des créations d’emplois inférieures aux attentes ne sont jamais une bonne nouvelle en soi, le marché anticipe désormais fortement une réaction accommodante de la Fed dès le mois de septembre, avec une probable baisse des taux pour soutenir l’économie.
Comment sommes-nous positionnés ?
Nous avons anticipé depuis plusieurs mois ce genre de périodes de volatilité accrue en optant pour un positionnement prudent dans nos profils diversifiés. Ainsi, notre profil P6, équilibré, détient 45% d’actions et 55% d’obligations contre une allocation stratégique de long terme de 50% en actions et 50% en obligations. Sur notre poche actions, nous avons notamment choisi une approche tactique en privilégiant les actions européennes, tout en réduisant notre exposition aux valeurs technologiques américaines par l’utilisation d’un indice équipondéré.
Que surveillons-nous ?
Malgré la période estivale, nous restons extrêmement vigilants. Nous allons suivre de très près l’évolution des anticipations concernant un assouplissement de la politique monétaire américaine. À titre de rappel, la Fed avait décidé, en septembre 2024, d'abaisser ses taux directeurs de 50 points de base en une seule fois.
De même, lors de la forte baisse observée en avril dernier, un rebond rapide avait été observé grâce aux achats massifs des investisseurs particuliers. Nous surveillerons donc leur réaction à cette récente baisse pour évaluer s’ils pourraient à nouveau constituer un facteur de soutien au marché.
Macroéconomie 🔎
- Aux États-Unis, les statistiques économiques ont rythmé la fin de semaine. Les données JOLTs, qui mesurent le nombre d’ouvertures de postes, ont été inférieures aux attentes, avec 7,437 millions de postes ouverts, en baisse par rapport au mois précédent.
- L’indice PCE du mois de juin, très regardé par la Fed pour suivre l’inflation sous-jacente, est ressorti en hausse de 0,3%, en ligne avec les attentes. A noter que cela représente la plus forte hausse mensuelle depuis le mois de février 2025.
- En Chine, le PMI manufacturier est tombé à 49,3, légèrement en dessous des attentes (49,7). C’est le quatrième mois consécutif en territoire de contraction (< 50), signalant un ralentissement de l’activité. Les composantes des nouvelles commandes et des ventes à l’exportation sont également en repli, suggérant que l'effet d’anticipation des hausses de droits de douane américains commence à s’estomper, alors que la demande intérieure reste faible.
- En Europe, les premières estimations du PIB au deuxième trimestre 2025 montrent une contraction de 0,1 % en Allemagne et en Italie. Si ce repli était attendu pour l’économie allemande, les analystes anticipaient en revanche une croissance de 0,1 % en Italie. La France résiste, avec une croissance de 0,3 %, supérieure aux prévisions (0,1 %).
- L’administration Trump a décidé des derniers droits de douane concernant plusieurs pays. On retiendra principalement la majoration à 35% contre le Canada (25% auparavant) et des droits de douanes de 39% contre la Suisse. Les différents accords que les Etats-Unis ont conclu avec les pays concernant les droits de douane devraient s’appliquer à compter du 7 aout 2025.
Banques centrales 💰
- Aux Etats-Unis, lors de la réunion du 30 juillet, la FED a décidé de maintenir ses taux directeurs inchangés malgré les pressions régulières de l’administration Trump, une décision sans surprise pour les investisseurs. À noter que deux gouverneurs se sont prononcés en faveur d'une baisse des taux, en désaccord avec la majorité.
- La Banque du Canada a maintenu son taux d'intérêt de référence à 2,75 % lors de son dernier conseil, comme l'attendaient les marchés, pour marquer le troisième maintien après une série de baisses totalisant 2,25 points de pourcentage. Le conseil des gouverneurs a justifié cette décision par la visibilité réduite liée aux incertitudes concernant les droits de douanes.
- Enfin, le Japon a également décidé de maintenir ses taux directeurs à 0,5%, malgré des dissensions au sein de la banque centrale. Nous pouvons souligner que dans son communiqué, la BoJ a relevé ses anticipations d’inflation sous-jacente pour 2025 à 2,7% contre 2,2% auparavant.
Performances 📊
- Cette semaine, les actions internationales ont reculé de 0,9% en euros sur la semaine. Les actions japonaises surperforment une nouvelle fois avec une progression de 1,1% en euro (-0,5% rapporté en devise locale), portée par la fin des incertitudes vis-à-vis des droits de douanes américains. Les actions américaines sont en recul de 0,7% en euro et de 2,3% en dollar. En effet, sur le marché des changes, le dollar se déprécie de 1,3% face à l’euro.
- Sur le plan sectoriel, les valeurs défensives surperforment la semaine avec notamment les services aux collectivités (+2,2%) et les biens de consommations de base (+0,1%). Le secteur de l'énergie (+0,6%) profite de la remontée du pétrole suite aux tensions géopolitiques en fin de semaine. Enfin le secteur de la consommation discrétionnaire (-2,9%) sous-performe sensiblement la semaine, pénalisé par des perspectives économiques décevantes aux États-Unis.
Sur le marché obligataire, les taux longs ont été fortement impactés en fin de semaine à la suite des données statistiques :
- Aux États-Unis, le rendement du T-Note à 10 ans perd 17 points de base, passant de 4,39% à 4,22%.
- En zone euro, le Bund allemand à 10 ans perd 4 points de base pour atteindre 2,66%.
- Le CMS 10 ans recule très légèrement, passant de 2,67% à 2,66%.
Du côté des matières premières, l’or remonte de +0,75% sur la semaine et le pétrole progresse également de +1,65%.
À suivre cette semaine 💡
- La publication des PMI services dans plusieurs économies européennes ainsi qu’aux Etats-Unis. Nous serons particulièrement attentifs à l’indice de sentiment américain dans les services, en repli depuis plusieurs mois.
- La décision de la banque centrale anglaise concernant les taux directeurs aura lieu jeudi 7 aout. Les analystes prévoient une baisse de taux de 25 points de base pour atteindre 4%.