En début d’année, le moral des investisseurs était au beau fixe, après une année 2017 au cours de laquelle les actifs risqués avaient connu d'excellentes performances, notamment aux Etats-Unis et dans les régions émergentes. Les données macroéconomiques traduisaient alors une activité économique soutenue aux États-Unis où l'état du marché de l'emploi et le niveau d'utilisation des capacités, notamment, montraient que le cycle y était à maturité. L’Europe était dans une dynamique porteuse et la Chine confirmait le dynamisme de son économie.
Mais rapidement, les investisseurs commencent à s’inquiéter d’un contexte inflationniste outre-Atlantique qui risque d’accélérer le cycle de hausse des taux par la Banque Centrale américaine (FED) : fin janvier, le rendement des bons du Trésor américains à 10 ans monte brutalement de 2,4 % à plus de 2,9 % et le S&P 500 baisse de plus de 10 % en seulement deux semaines. La performance de nos portefeuilles diversifiés est significativement impactée par la baisse simultanée des actions et des obligations.
Dans les mois qui suivent, l’inflation américaine ne cesse de s’accroître, confirmant notre conviction que l’économie américaine est proche de son pic d’activité. Nos allocations sont alors exposées à des actifs inflationnistes tels que les actions et le pétrole. Cependant, nous conservons des actifs plus défensifs, tels que l’or et les obligations, en prévision d’un éventuel retournement de cycle qui pourrait être rapide. Les marchés américains remontent à partir de février pour retrouver leurs plus hauts historiques en septembre et le pétrole s’apprécie de plus de 40 % sur la période, profitant à notre allocation équilibrée qui atteint son plus haut historique à la fin du troisième trimestre. Dans le même temps, les taux longs continuent à monter et le rendement des bons du Trésor américains à 10 ans franchit le seuil symbolique des 3 % début octobre.
Au dernier trimestre, nous assistons à un brusque changement de tendances. Les signes de faiblesse de la consommation s’accentuent en Europe sous l’effet de la hausse du prix de l’énergie, le dynamisme de la Chine est en berne et les investisseurs s’inquiètent que la croissance américaine puisse ralentir à son tour, notamment du fait d’une intensification de la guerre commerciale avec la Chine et de la dissipation de l’effet des baisses d’impôts. Pourtant, la Banque Centrale américaine continue à augmenter ses taux, impassible.
La courbe des taux s’inverse, avec des taux courts désormais supérieurs aux taux longs, et les valeurs américaines chutent de près de 20 % en trois mois, prises en ciseau entre une situation économique dégradée et des conditions financières plus restrictives. Dans ce contexte, nous diminuons progressivement nos expositions aux actifs risqués. Dans les profils les plus offensifs, la gestion du risque se fait essentiellement par diversification géographique et l’utilisation de fonds indiciels d’actions à faible risque (minimum variance). Ceci nous permet de contenir une partie de ces mouvements baissiers.
2018 s’achève donc sur des performances boursières bien négatives, de près de -11 % pour l’indice mondial, pour la première fois depuis 2011, alors que les profits des entreprises ont progressé de 15 % sur l’année !
La rapidité de la chute des cours laisse penser à une réaction automatique d’investisseurs institutionnels contraints de réduire leurs expositions au-devant des échéances calendaires. Si les baisses s'intensifient ou se prolongent, cette remise à plat devrait permettre au premier trimestre d'être le point de départ d'un rebond des actions, et nous permettre de relever nos expositions aux actifs risqués. En effet, les grandes tendances haussières de moyen-terme ne nous semblent pas interrompues, malgré la détérioration des conditions financières et l'incertitude économique actuelle. La récession n’est pas notre scénario central, qui reste celui d’un ralentissement vers un sentier de croissance modeste et non pas négatif. Le cycle de profits devrait s’en accommoder et atteindre une croissance de 5 à 10 % en 2019. Pour l'heure, notre position reste prudente, et nous surveillons la réaction de la Banque Centrale américaine pour valider un tel scénario.