"Ce qui fait l’homme, c’est sa grande faculté d’adaptation"
Le climat d’incertitude est resté extrême en mai, entretenu par un président américain qui souffle le chaud et le froid sur les droits de douane, et donc sur l’économie mondiale. Des accords ont été annoncés, des menaces proférées, des recours juridiques ont bloqué les droits de douane, l’administration Trump a fait appel et les a remis... Si, comme le pensait Socrate, « ce qui fait l’homme, c’est sa grande faculté d’adaptation », cette instabilité freine pourtant l’essentiel des investissements des entreprises. Quelle que soit l’issue des négociations et l’ampleur de leur impact économique, les entreprises s’adapteront. Mais tant que l’incertitude règne, la prudence reste de mise avant d’engager des plans d’adaptation qui nécessiteront des investissements importants sur plusieurs mois.
À côté de ces inquiétudes liées aux décisions politiques, l’analyse factuelle de la situation est loin d’être alarmante. Certes, Moody’s a abaissé la note de la dette souveraine américaine de AAA à Aa1 avec une perspective stable, mais cette décision est surtout symbolique : les deux autres grandes agences avaient déjà franchi ce cap depuis longtemps. Du côté des signaux positifs, l’inflation américaine a reculé à 2,3 %, contre des attentes de stabilité à 2,4 %.
Sur le front des banques centrales, la Banque d’Angleterre a baissé ses taux directeurs de 25 points de base pour soutenir l’activité. Jérôme Powell, de son côté, a résisté aux pressions politiques et a maintenu les taux inchangés, allant jusqu’à évoquer la révision de la stratégie monétaire mise en place en 2020 — ce qui pourrait marquer une posture encore plus ferme face à l’inflation.
Dans ce contexte, les actions internationales ont rebondi de 5,9 % en euros. Les actions américaines ont signé la meilleure performance du mois avec +6,5 %, devant les actions de la zone euro (+5,6 %), qui poursuivent leur excellent parcours depuis le début de l’année. Les actions japonaises et émergentes ferment la marche, avec une progression robuste de 4,4 %. Sur le marché obligataire, les obligations mondiales reculent d’environ -0,5 %, pénalisées par la remontée des taux : le 10 ans américain progresse de 0,2 point et termine le mois à 4,4 %.Enfin, du côté des matières premières, le pétrole et l’or cèdent respectivement -0,53 % et -0,1 %. À noter également : le dollar s’est stabilisé sur le mois, mais reste en baisse d’environ 10 % face à l’euro depuis le début de l’année.
Nous avons très peu modifié notre positionnement au cours du mois de mai. L’expérience nous enseigne que, dans ce type de contexte, il est préférable d’éviter les prises de risque inutiles : une déclaration politique inattendue peut aisément rendre caduques des analyses macroéconomiques pourtant bien fondées.
Si nous saluons le rebond observé sur les marchés, nous le jugeons néanmoins excessif. Certes, le climat s’est légèrement apaisé, mais les droits de douane restent à des niveaux bien supérieurs à ceux connus auparavant. Il semble même que le seuil de 10 % sur les importations soit en passe de devenir un plancher non négociable.
Dans ce contexte, nous avons choisi de conserver une posture prudente au sein des profils diversifiés. Ainsi, un profil équilibré P6 — théoriquement exposé à 50 % en actions et 50 % en obligations — demeure positionné de façon légèrement défensive, avec 45 % en actions et 55 % en obligations.
Nous maintenons par ailleurs notre surexposition aux actions européennes, qui bénéficient toujours d’une dynamique porteuse, ainsi que notre position en actions américaines équipondérées, afin de renforcer la diversification géographique de l’exposition aux États-Unis.
La seule évolution notable ce mois-ci concerne la poche obligataire. Nous avons réduit notre exposition aux obligations mondiales au profit d’obligations d’entreprises européennes de bonne qualité. Cette décision vise à atténuer notre sensibilité à la volatilité des taux souverains américains, tout en privilégiant des émetteurs solides dans un environnement économique jugé plus favorable, soutenu par le cycle de baisse des taux amorcé par la Banque centrale européenne.