« Il n’y a rien de négatif dans le changement, si c’est dans la bonne direction. » – Winston Churchill
Le mois d’octobre a pu donner un sentiment de déjà-vu. Entre une nouvelle menace de droits de douane des États-Unis vers la Chine et une situation politique très compliquée en France — qui, de votes de confiance en démissions, de re-nominations en tentatives de censure, a conduit à annoncer la suspension de la réforme des retraites au moins jusqu’à la prochaine présidentielle. Dans la mythologie grecque, Sisyphe était condamné à pousser à mains nues un rocher en haut d’une montagne. Malheureusement, dès qu’il arrivait près du but, la pierre retombait au pied du versant, l’obligeant à reprendre sa tâche depuis le début. Un sentiment de déjà-vu un peu similaire à celui du mois d’octobre. Albert Camus terminait son essai Le Mythe de Sisyphe par : « Il faut imaginer Sisyphe heureux ». Les marchés, eux, ont en effet semblé heureux notamment par le compromis trouvé entre la Chine et les États-Unis et ont été peu perturbés par le shutdown outre-Atlantique.
Aux États-Unis, la croissance résiste bien, avec un PIB du troisième trimestre estimé à 3,8 %, après une progression au deuxième trimestre qui avait déjà surpris positivement à 3,8 % également. En revanche, la situation du marché de l’emploi continue d’inquiéter. Faute de données officielles en raison du shutdown, les investisseurs se retournent vers les statistiques privées qui montrent un net ralentissement, avec une destruction de 32 000 emplois alors que 52 000 créations étaient attendues. En zone euro, l’inflation a été publiée à 2,1 % contre 2,2 % en septembre, et le PIB prévisionnel du troisième trimestre à 1,3 % contre 1,2 % attendu, après 1,5 % au trimestre précédent.
Du côté des banques centrales, malgré une inflation toujours au-dessus de sa cible et en l’absence de chiffres officiels sur l’emploi, la Fed a décidé d’abaisser ses taux directeurs à 4 %. Néanmoins, Jerome Powell a averti les opérateurs de marché qu’une nouvelle baisse en décembre était « loin d’être acquise ». De son côté, pour la troisième fois consécutive, la Banque centrale européenne a maintenu son taux de dépôt à 2 %. La robustesse du marché du travail et la solidité des bilans du secteur privé en zone euro ont été saluées, et la Banque considère que le niveau actuel des taux est particulièrement adapté pour gérer d’éventuels chocs, y compris au regard de risques d’inflation susceptibles d’évoluer dans les deux sens.
Ainsi, les actions internationales terminent une nouvelle fois en forte hausse, avec une performance de +4,3 % en euros (+2,3 % en devises locales). Les actions émergentes tirent une nouvelle fois leur épingle du jeu, avec une progression de 6,3 % en euros, suivies par les actions japonaises à +5,5 %. Les actions américaines progressent de 4,4 % en euros. Ce sont les actions de la zone euro qui marquent le pas, avec une performance de +2,4 %. Les obligations mondiales gagnent environ +0,6 %, soutenues par une très légère détente des taux, le 10 ans américain passant de 4,15 % à 4,10 %. Enfin, sur les matières premières, l’or progresse d’environ +3,2 %, tandis que le pétrole recule de −2,9 %.
Concernant nos allocations, nous continuons d’augmenter la part de risque. Ainsi, notre profil équilibré (P6) devient légèrement surpondéré en actions, avec une allocation cible de 55 % en actions et 45 % en obligations.
Sur la poche actions, nous restons sous-pondérés sur l’Europe. Les anticipations de baisse des taux de la Fed ont nettement reculé dans les prix de marché. Pourtant, nous continuons de penser que la dégradation du marché de l’emploi contraindra la banque centrale à abaisser de nouveau ses taux directeurs, ce qui devrait soutenir les actions à court terme. Le mois dernier, nous avons clôturé notre positionnement « pondération égale » sur les actions américaines et mis en place un positionnement tactique sur le secteur de la santé, que nous conservons. S’agissant de la couverture de change, nous augmentons de 5 % la couverture sur les actions américaines, estimant que le dollar, après sa légère reprise face à l’euro, pourrait de nouveau s’affaiblir.
Sur la poche obligataire, que nous allégeons globalement en supprimant notre surpondération sur les obligations d’entreprises mondiales couvertes en risque de change, nous continuons de réduire la duration en privilégiant des obligations d’entreprises de maturité courte en USD, couvertes contre le risque de change. Cela reste cohérent avec notre scénario : l’assouplissement entamé par la Fed devrait se poursuivre ; il nous paraît donc préférable d’être positionnés sur la partie courte de la courbe dans l’intervalle. Par ailleurs, les tensions budgétaires et les pressions potentiellement inflationnistes liées aux droits de douane, ainsi que les réflexions de la Cour suprême sur leur légalité, pourraient maintenir la partie longue de la courbe à des niveaux élevés.Si les performances mensuelles peuvent donner l’impression d’un certain calme, il n’en est rien pour ce mois de novembre qui, à l’image de l’année, aura été marqué par des changements d’analyse et de perception à la fois rapides et parfois brutaux. On pense notamment, en début de mois, aux inquiétudes liées à l’intelligence artificielle, en partie dissipées par les résultats et les perspectives publiés par Nvidia. Plus spectaculaire encore, le va-et-vient des anticipations autour de la réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale, le marché oscillant entre scénario de baisse des taux directeurs et statu quo. Le rebond des marchés en fin de mois est venu compenser un début de période longtemps morose. Une dynamique qui illustre parfaitement la formule de Churchill : “Il n’y a rien de négatif dans le changement, si c’est dans la bonne direction”
Sur le plan macroéconomique, le mois a été relativement pauvre en publications aux États-Unis, en raison du shutdown qui a pris fin en cours de période. Si les chiffres de l’emploi et de la confiance des consommateurs – avec un indice du Conference Board ressorti à 88,7 contre 93,5 attendu – nourrissent quelques interrogations, la croissance demeure robuste, avec une estimation pour le quatrième trimestre autour de 3,9 %.
Du côté des banques centrales, les investisseurs longtemps partagés ont fini par privilégier l’hypothèse d’une baisse des taux directeurs de la Fed. À l’inverse, la Banque centrale européenne continue d’estimer que le niveau actuel de ses taux est approprié, et semble avoir convaincu les marchés : ceux-ci n’anticipent pas de baisse, ni en décembre 2025 ni en 2026. Les effets de base liés aux prix de l’énergie pourraient toutefois ramener l’inflation sous les 2 % et inciter, à terme, la BCE à adopter une posture plus accommodante.
Au final, les marchés actions internationaux terminent le mois globalement stables : −0,7 % en euros (+0,02 % en devises locales). Les actions de la zone euro progressent légèrement (+0,3 %), tandis que les actions américaines reculent de −0,5 % en euros. Les actions japonaises cèdent −1,5 % en euros et les marchés émergents affichent une baisse de −3 % en euros. Les taux d’intérêt demeurent globalement stables. Du côté des matières premières, l’or progresse d’environ +6,5 %, tandis que le pétrole recule de −2,9 %.
Concernant nos allocations, nous restons constructifs pour cette fin d’année et le début de l’année prochaine. Notre profil équilibré (P6) reste ainsi légèrement surpondéré en actions, avec une allocation cible de 55 % en actions et 45 % en obligations.
Sur la poche actions, nous avons décidé de maintenir notre positionnement. Nous conservons une légère sous-pondération des expositions européennes au profit des autres zones, en particulier des actions américaines. La Réserve fédérale a, comme prévu, abaissé ses taux directeurs et maintient une tonalité accommodante, ce qui devrait continuer de soutenir l’activité économique et les marchés actions américains. Nous conservons également notre biais baissier sur le dollar et maintenons une couverture de change portée à 55 %, soit 5 points au-dessus d’une position neutre à 50 %.Nous conservons enfin notre sur-exposition aux valeurs mondiales de la santé, un segment longtemps délaissé, qui bénéficie d’une meilleure visibilité réglementaire sous l’administration Trump et pourrait être parmi les premiers à démontrer des gains tangibles liés à l’intelligence artificielle. Nous gardons également en tête qu’en 2026, année électorale américaine, la politique économique tend historiquement à soutenir la confiance des ménages.
Sur la poche obligataire, nous maintenons notre positionnement : une légère réduction de la duration et une préférence pour les obligations d’entreprises de maturité courte en USD, couvertes contre le risque de change. Ce choix reste cohérent avec notre scénario : l’assouplissement monétaire engagé par la Fed devrait se poursuivre, ce qui plaide pour un positionnement sur la partie courte de la courbe dans l’intervalle. Par ailleurs, les tensions budgétaires, les pressions potentiellement inflationnistes liées aux droits de douane, ainsi que les réflexions de la Cour suprême sur leur légalité, pourraient maintenir la partie longue de la courbe à des niveaux élevés.
