CHRONIQUE. Revenons sur la perception actuelle des marchés financiers concernant la dette française et sur deux événements qui pourraient changer la donne en 2025.
Par Olivier Malteste, Directeur des Investissements chez Yomoni
Michel Barnier avait promis une tempête financière aux députés qui voteraient la censure. La censure a été votée. Mais la tempête n’a pas eu lieu !
Pour mesurer l’évolution du risque d’un actif, les financiers observent l’écart de rendement demandé par les investisseurs par rapport à un actif sans risque. C’est ce que l’on appelle la prime de risque. Dans la zone euro, ce sont les emprunts de l’État allemand qui jouent le rôle d’actif sans risque. Lorsque l’on compare les taux à 10 ans entre la France et l’Allemagne, l'écart est passé de 45 points environ avant la dissolution à environ 80. Depuis, cet écart est resté relativement stable, alors même que la visibilité politique ne s’est pas réellement améliorée. Pourquoi ?
On a tendance à penser que tout dysfonctionne en France ! Pourtant, la France a au moins deux talents. Le premier est la capacité de l’État à lever l’impôt, souvent mise en avant par les agences de notation comme un atout face à notre déficit public. Le second est l’Agence France Trésor, qui, depuis 2001, gère habilement les émissions d’emprunt de l’État français, en jonglant avec les maturités et en entretenant d’excellentes relations avec les investisseurs institutionnels.
Deux nouveautés pourraient cependant modifier cet équilibre.
La France bénéficie d’un effet de rareté qui pourrait s’atténuer. Si de nombreux investisseurs en dette souveraine souhaitent acheter de la dette allemande pour limiter les risques, le faible volume d’obligations disponibles, dû à la politique allemande de maîtrise de l’endettement, les en empêche...