CHRONIQUE. « Il y a des décennies où rien ne se passe ; et il y a des semaines ou des décennies se produisent. » Olivier Malteste n’aurait jamais cru citer Lénine dans Valeurs Actuelles. Et pourtant…
L’Histoire dira si cette première semaine de mars 2025 marquera un tournant, mais elle aura au moins illustré un réveil de l’Europe. On dit souvent que l’Union européenne n’avance que lorsqu’elle est acculée. Le mardi 4 mars en a offert une nouvelle démonstration avec deux annonces majeures. D’un côté, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a dévoilé un plan ambitieux de 800 milliards d’euros pour renforcer la sécurité de l’Union et soutenir l’Ukraine. Rappelant le fameux “Quoi qu’il en coûte” de Mario Draghi qui avait sauvé l’euro, cette fois c’est l’indépendance et la sécurité de l’Europe qu’il s’agit de sauver.
De l’autre, le futur chancelier allemand, Friedrich Merz, a surpris en annonçant une réforme constitutionnelle visant à créer un fonds spécial d’investissement de 500 milliards d’euros sur dix ans dans les infrastructures. De plus, il souhaite réformer la règle du frein à la dette. 800 milliards, 500 milliards, ces chiffres massifs font tourner la tête.
Mais entre annoncer et dépenser, il y a un monde. Injecter des milliards dans l’économie ne se résume pas à une ligne budgétaire : encore faut-il que l’argent se transforme en projets concrets. Si dépenser paraît la partie la plus simple d’un plan de relance, les chiffres montrent que cela prend du temps, et que derrière les effets d’annonce, l’exécution n’est pas si simple.
Le plus important est sûrement le changement de paradigme de l’Allemagne
L’exemple du plan NextGenerationEU, lancé après la crise du Covid-19, est révélateur. Quatre ans après son adoption, à peine la moitié des 750 milliards d’euros a été distribuée et encore moins effectivement dépensée. Les disparités entre États sont flagrantes : la France a perçu un peu plus des trois quarts des montants alloués, contre seulement 65 % pour l’Allemagne.
Ainsi, derrière l’effet massif des montants investis, le plus important est sûrement le changement de paradigme de l’Allemagne qui se mettrait à devenir plus cigale que fourmi ? Le projet de réforme de la règle de frein de la dette a surpris de la part de Friedrich Merz qui n’avait jamais cautionné cette possibilité et qui a toujours été considéré comme atlantiste. Les Verts, pourtant très favorables à augmenter les déficits, lui reproche même d’avoir menti pendant la campagne électorale.