Le plus d’actions possible (mais pas trop non plus)
J’ai tendance à répéter que, sur le long terme, il faut essayer de gagner de l’argent, pas d’éviter d’en perdre. Et comme la bourse rapporte plus que les obligations (c’est-à-dire plus que les assurances-vie en euros entre autres), la règle de base est de choisir l’allocation en actions la plus élevée que vous pourrez maintenir sur la durée du placement.
Or l’investissement en actions n’est pas un long fleuve tranquille. Un placement boursier ne rapporte jamais simplement 1 000 € : il rapporte 1 500 € pour ensuite en reperdre 500. C’est à cause de cette volatilité que peu de gens investissent purement en actions.
Il faut donc avoir le plus d’actions possible, mais pas trop. Si vous n’en avez pas assez, vos perspectives de gains sur la durée du placement seront sérieusement amputées. Si vous en avez trop, vous risquez de paniquer à la première grosse chute de cours.
Mise en situation : le choc pétrolier
Et c’est justement ce dernier critère qui pose le plus de problèmes, notamment parce que ça varie d’une personne à l’autre. Pour estimer votre réaction face aux chutes de cours je propose une mise en situation. En 1973–1974, les bourses mondiales ont chuté lourdement — c’était le premier choc pétrolier. Comment auriez-vous réagi face à ces turbulences ? Vous pouvez utiliser une échelle allant de « Ah bon, il s’est passé quelque chose ? » à « Maman, au secours ! ».
Un placement « dynamique » (trois quarts actions et un quart obligations) de 10 000 € début 1971 (courbe rouge de la figure ci-dessous) aurait grimpé à 12 000 € en deux ans, pour ensuite chuter à 7 000 € fin 1974. Ça fait une perte de 30 % de pouvoir d’achat sur le capital de départ, et même d’un peu plus de 40 % par rapport au plus haut de janvier 1973.
Comment réagiriez-vous si votre placement de 10 000 € ne valait plus que 7 000 € quatre ans plus tard ? Comment réagiriez-vous si votre capital n’était plus que de 7 000 € deux ans après avoir atteint 12 000 € ? Bien sûr, la figure montre aussi que le cours a ensuite rebondi, pour presque revenir au capital initial en décembre 1976 ; mais quand la bourse est en train de chuter, on ne voit que cette chute, et il est difficile de penser à la remontée qui va suivre.
Un placement « défensif » (25 % actions et 75 % obligations, ligne bleu foncé) n’aurait en revanche perdu qu’un quart de sa valeur entre le plus haut et le plus bas. La perte était d’un tiers pour un investissement « équilibré » (mi-actions mi-obligations, violet). Sur le long terme ces deux placements rapportent moins en moyenne que les placements dits dynamiques (ligne rouge), mais les chutes sont aussi moins vertigineuses. Si la ligne rouge vous terrifie, vous avez intérêt à avoir plus d’obligations, pour dormir tranquille, même si ça veut dire gagner moins au final.
Qu’y a-t-il de pire que de laisser 10 000 € sommeiller pendant trente ans sur un livret A ou une assurance-vie en euros ? Investir 10 000 € sur un placement trop volatil, paniquer, tout revendre pour 7 000 € et laisser 7 000 € sommeiller pendant trente ans sur un livret A ou une assurance-vie en euros.
Note : La figure, basée sur le S&P 500 et les obligations américaines, a seulement pour but d’indiquer le comportement typique de portefeuilles actions–obligations.
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