Les rebondissements politiques en Italie de ces derniers jours ont fortement impacté les marchés financiers internationaux, en particulier les bourses européennes et les marchés des changes. Pourtant, le cycle économique et financier ne devrait pas subir de conséquences. Les indicateurs récents confirment le scénario économique en place depuis six mois, à savoir une croissance légèrement inflationniste qui laisse le champ libre à une normalisation monétaire aux États-Unis et en zone Euro.
Selon nos estimations, la croissance américaine frôle à nouveau les 3%. L'activité industrielle reste soutenue avec des carnets de commandes encore remplis. Après les aléas climatiques des premiers trimestres, la construction se reprend avec une hausse annuelle de 10% de nouvelles constructions résidentielles. Le marché de l'emploi est désormais très tendu, conformément à une position de haut de cycle où les capacités sont limitées. En conséquence les pressions sur les prix sont visibles avec 80% des industriels déclarant des hausses de prix constatés. L'inflation dépasse les objectifs de la Réserve Fédérale, même sans tenir compte des effets de la hausse du pétrole. La hausse des taux devrait donc se poursuivre.
En zone Euro, le trou d'air est désormais derrière nous. Après une croissance de 0,8% en France au premier trimestre, les données conjoncturelles font entrevoir un rythme d'activité proche des 1,8%. Avec un décrochage puis un rebond similaire en Allemagne, c'est toute la zone Euro qui se retrouve dans une phase à nouveau ascendante, aidée en cela par la faiblesse récente de l'euro. L'inflation n'est toujours pas vivace dans l'Union, mais localement elle pointe son nez, comme en Allemagne où elle dépasse les 2%. L'incertitude politique reste un sujet important, en particulier au sein de la troisième économie de la zone Euro, dans un contexte de défiance vis à vis des institutions européennes. Néanmoins, l'Italie est coutumière du fait avec plus de 65 remaniements ministériels en 70 ans. La défiance généralisée sur l’Italie est excessive, la probabilité implicite de défaut des obligations italiennes est comparable à celle de la Turquie ou de l'Egypte ! Au final, nous n'attendons pas de bouleversements économiques majeurs en Europe, et il est donc probable que la BCE ne change pas de cap sur la normalisation de sa politique monétaire annoncée depuis des mois.
Notre scénario central reste celui d'une croissance inflationniste -avec durcissement monétaire-. Nous gardons néanmoins 25% de probabilité d'un scénario alternatif de ralentissement à six mois, si la hausse des taux américains décourage la demande de crédit, en particulier si la persistance des taux longs autour des 3% pèse sur les achats immobiliers.
Les tendances constatées sur les marchés financiers valident notre scénario central et présagent d'une stabilisation des risques. Les actions sont revenues en territoire positif et les matières premières cycliques (énergie et métaux industriels) restent sur une appréciation de plus de 10%. Le retrait des Etats-Unis de l'accord iranien a été un des facteurs de la hausse du baril, mais celle-ci reste avant tout liée à la vigueur de la croissance mondiale.
En conclusion, nos allocations changent à la marge, avec une exposition en actions toujours proche de la neutralité. Les actions émergentes sont ré-ajustées à la hausse au détriment de l'or, qui fait du surplace mais qui reste sur-pondéré dans notre portefeuille à l’instar du pétrole. La baisse de l'euro nous semble exagérée, ce qui nous amène à réduire quelques expositions en devises, notamment en Europe hors de la zone Euro.