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Comprendre les engagements climatiques de l’Europe.

Comprendre les engagements climatiques de l’Europe.

Le 28 mai 2025, la Commission européenne a publié une évaluation intermédiaire soulignant que l’Union européenne est « sur la bonne voie » pour atteindre une grande partie de ses objectifs climatiques à l’horizon 2030. Une annonce encourageante, mais qu’il convient de nuancer.

Un rapport publié quelques jours plus tard par l’Institut de l’Économie pour le Climat (I4CE) dresse un constat plus contrasté. Selon cette étude, l’Europe a investi 498 milliards d’euros dans la transition climatique en 2023 alors qu’il en faudrait en moyenne 842 milliards par an jusqu’en 2030 pour tenir la trajectoire fixée. Le déficit d’investissement climatique atteint donc 344 milliards d’euros, soit 40 % de moins que nécessaire.

Pire encore : les premières estimations pour 2024 montrent des signes de ralentissement dans des secteurs essentiels comme le renouvelable, la rénovation énergétique ou les véhicules électriques. Le rapport alerte : sans un sursaut massif et coordonné, l’UE pourrait ne pas atteindre ses objectifs climatiques et industriels de 2030.

Dans ce contexte, il reste essentiel de comprendre les mécanismes et politiques mis en place dans le cadre du Pacte vert européen. Car si les ambitions sont élevées, c’est la capacité à mobiliser les investissements publics et privés qui conditionnera le succès de la transition. Décryptage d’un cadre climatique ambitieux, de son fonctionnement et de ses implications pour la finance durable.

Le Pacte vert pour l’Europe : une transformation structurelle

Lancé en 2019, le Pacte vert pour l’Europe (European Green Deal) est la feuille de route stratégique de l’Union européenne pour atteindre la neutralité climatique d’ici 2050. Il vise à transformer l’économie européenne en une économie moderne, efficace dans l’utilisation des ressources, compétitive et inclusive. Il s’agit à la fois de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), de préserver la biodiversité, de réduire la pollution, et de favoriser une transition juste pour tous les citoyens européens.

La neutralité climatique signifie que les émissions de gaz à effet de serre produites par l’homme doivent être compensées intégralement par des absorptions, via les puits de carbone naturels (forêts, sols) ou des technologies de captation du carbone. Cela ne suppose pas zéro émission, mais un équilibre net entre les émissions et les absorptions, atteignable uniquement si toutes les filières économiques (industrie, transport, bâtiment, agriculture) évoluent en profondeur.

Ce pacte repose sur plusieurs piliers réglementaires et politiques : la loi européenne sur le climat, les plans nationaux énergie-climat (PNEC), les mécanismes de tarification du carbone, le soutien à la recherche et à l’innovation bas carbone, et un volet social pour accompagner les ménages et régions vulnérables. Les objectifs intermédiaires sont ambitieux : une réduction des émissions nettes d’au moins 55 % d’ici 2030 par rapport à 1990, une part d’énergies renouvelables d’au moins 42,5 %, et une réduction de 11,7 % de la consommation d’énergie par rapport au scénario de référence. 

Les Accords de Paris : un socle international

Adopté en 2015 lors de la COP21, l’Accord de Paris est un traité international juridiquement contraignant qui engage ses signataires à limiter le réchauffement climatique bien en dessous de 2°C, idéalement à 1,5°C, par rapport aux niveaux préindustriels. Il repose sur trois piliers : la réduction des émissions de gaz à effet de serre, l’adaptation aux impacts du changement climatique, et la réorientation des flux financiers vers une économie bas carbone.

L’UE a inscrit ces objectifs dans son droit avec la loi européenne sur le climat, fixant une neutralité climatique d’ici 2050 et renforçant l’obligation pour les États membres d’élaborer des plans cohérents et compatibles avec cette trajectoire. Cela signifie que chaque État doit construire un plan où les émissions projetées sont compatibles avec une courbe de réduction menant vers le zéro net en 2050, en cohérence avec les recommandations scientifiques du GIEC.

Des trajectoires nationales coordonnées et un rôle central des entreprises

Chaque Etat membre doit élaborer un plan national énergie-climat (PNEC) sur dix ans, définissant sa trajectoire nationale de réduction des émissions, ses mesures de soutien aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique, et son plan d’investissement. Ces plans sont évalués par la Commission pour en garantir la cohérence collective, la crédibilité des engagements et la contribution à l’objectif global.

Concrètement, un pays réduit ses émissions via un ensemble de mesures : électrification des transports, rénovation thermique des logements, soutien aux énergies renouvelables, fiscalité verte, standards industriels plus contraignants, décarbonation de l’agriculture, etc… Le cas de la France, par exemple, inclut l’interdiction progressive des chaudières fossiles, l’extension du parc éolien en mer, et un fonds de 2 milliards d’euros pour rénover les logements sociaux.

Mais les Etats ne peuvent agir seuls. Ils transposent leurs objectifs climatiques vers les entreprises en mobilisant un éventail d’instruments réglementaires et économiques : normes d’émissions, éco-contributions, obligations de reporting et conditionnalité de financement. Une entreprise de l’automobile, par exemple, verra ses émissions encadrées par des standards européens de plus en plus contraignants (ex. : interdiction des moteurs thermiques en 2035). Une entreprise du bâtiment devra respecter des seuils de performance énergétique pour commercialiser ses logements.

Les marchés « carbone », comme le système d’échange de quotas d’émission (ETS), sont également un levier majeur. L’ETS fixe un plafond d’émissions pour les secteurs couverts et permet aux entreprises d’acheter ou vendre des quotas. Il crée un signal-prix incitatif à la décarbonation. En 2027, son extension sous le nom d’ETS2 intégrera le bâtiment et le transport routier, via une tarification du carbone sur les carburants. Par ailleurs, le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) appliquera une taxe carbone aux importations de produits à forte intensité carbone, garantissant que les entreprises européennes ne soient pas désavantagées face à des concurrents soumis à des normes moins strictes.

La directive CSRD impose à plus de 50 000 entreprises de publier des données détaillées sur leurs émissions et leurs plans de décarbonation. L’accès aux financements publics et privés devient également conditionné à des engagements environnementaux crédibles. L’ensemble du tissu économique est donc engagé dans une transformation imposée à la fois par la contrainte, l’incitation et la transparence.

La dernière évaluation de mai 2025 montre que l’UE, avec la pleine mise en œuvre des plans actuels, pourrait atteindre une réduction de 54 % des émissions nettes d’ici 2030, une part d’énergies renouvelables de 42,6 %, et se rapprocher significativement de ses objectifs d’efficacité énergétique.

Comment évaluer l’alignement d’un portefeuille avec l’Accord de Paris ?

A mesure que les entreprises sont appelées à s’aligner sur les objectifs climatiques fixés par les Etats et par l’Accord de Paris, une question se pose logiquement aux investisseurs : les portefeuilles que nous construisons financent-ils cette transition ou y font-ils obstacle ?

L’Accord de Paris ne s’adresse pas directement aux acteurs financiers, mais il leur donne un cadre clair : orienter les capitaux vers une économie compatible avec une limitation du réchauffement à +1,5 °C. Pour cela, il ne suffit plus d’exclure quelques secteurs controversés ou de cocher des cases ESG: il faut être capable de démontrer, chiffres à l’appui, que les entreprises détenues sont engagées dans une décarbonation crédible, et que l’ensemble du portefeuille suit une trajectoire cohérente.

C’est dans cet objectif qu’ont été développés des indicateurs d’alignement climatique. Le plus parlant d’entre eux est la trajectoire de température implicite. Elle consiste à agréger les émissions futures projetées des entreprises en portefeuille et à les comparer aux budgets « carbone » mondiaux compatibles avec différents niveaux de réchauffement. Le résultat est exprimé en degrés. Par exemple, un portefeuille qui repose fortement sur des entreprises des secteurs pétrolier ou aérien, sans exposition à des acteurs en transition, peut afficher une trajectoire implicite de +2,8 °C ou plus.

Un autre indicateur central est l’intensité carbone, qui mesure les émissions (en tonnes de CO₂) rapportées au chiffre d’affaires ou à la capitalisation boursière. Cette intensité est calculée à partir des émissions directes (scope 1), indirectes liées à l’énergie utilisée (scope 2) et de plus en plus souvent des émissions induites (scope 3), c’est-à-dire celles générées en amont ou en aval de la chaîne de valeur.

Ces outils permettent de comparer les fonds, d’identifier les leviers de décarbonation, et de vérifier si une stratégie d’investissement contribue à l’objectif collectif de neutralité carbone.

Comment une entreprise est jugée être alignée avec les objectifs climatiques ?

La SBTi (Science-Based Targets initiative) est un organisme indépendant qui valide la compatibilité des objectifs climatiques d’une entreprise avec les scénarios de l’Accord de Paris. Une entreprise est jugée alignée 1,5°C si elle s’engage à réduire ses émissions dans une proportion et un objectif de temps compatibles avec les seuils définis par le GIEC. Par exemple, un groupe comme Schneider Electric s’est engagé à réduire de 90 % ses émissions absolues d’ici 2040, ce qui lui vaut une validation SBTi « Net Zero aligned ».

Mais pour qu’un engagement climatique soit crédible, encore faut-il que l’entreprise soit jugée capable de tenir ses promesses. La SBTi, comme d’autres analystes spécialisés, évalue cette fiabilité selon plusieurs critères :

  • Des objectifs clairs, publics et complets, couvrant les scopes 1, 2 et 3, avec des jalons intermédiaires cohérents jusqu’en 2050.
  • Un plan de transition détaillé, exposant les leviers concrets de décarbonation : investissements bas carbone, innovations technologiques, fermetures d’actifs carbonés, etc.
  • Des ressources mobilisées, avec des budgets alignés sur les ambitions (CAPEX verts, réallocations industrielles).
  • Une gouvernance adaptée, avec un conseil d’administration impliqué, et une rémunération des dirigeants partiellement indexée sur les objectifs climatiques.
  • Un reporting fiable et transparent, publié selon les normes reconnues (TCFD, CDP), permettant un suivi public de la performance et des écarts éventuels.

La validation SBTi n’est donc pas simplement déclarative : elle repose sur des engagements crédibles, soutenus par des preuves d’action. Et elle peut être suspendue si l’entreprise ne respecte pas ses engagements.

Chez Yomoni : une gestion responsable alignée sur ces cadres

Chez Yomoni, nous intégrons ces principes dans notre gestion sous mandat ESG ainsi que les fonds Yomoni Monde ESG et Yomoni Allocation ESG qui composent nos PER et comptes-titres. Tous les ETF sélectionnés sont classés Article 8 ou 9 selon le règlement SFDR. Nous privilégions les ETF répliquant les indices Paris-Aligned Benchmarks (PAB) ou Climate Transition Benchmarks (CTB), qui respectent une réduction annuelle d’au moins 7 % de l’intensité carbone et excluent les secteurs les plus carbonés.

Les indices PAB sont construits selon un cahier des charges défini par la Commission européenne : réduction de 50 % des émissions par rapport à l’indice parent au départ, exclusion des entreprises fortement émettrices (charbon, pétrole, gaz, aviation), et réduction annuelle automatique des émissions de 7 %. Par exemple, un ETF répliquant l’indice MSCI World PAB exclut ExxonMobil, Lufthansa ou Gazprom, et surpondère des acteurs comme Orsted, Iberdrola ou Vestas.

Les indices CTB sont également des indices de référence climatiques conçus pour aider les investisseurs à aligner leurs portefeuilles sur une trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre compatible avec l’Accord de Paris. Les différences avec les indices PAB sont que les indices CTB imposent une réduction initiale de 30% et non 50% de l’empreinte carbone et n’exclut pas systématiquement les entreprises tirant des profits des énergies fossiles.

Notre objectif est de proposer des portefeuilles adaptés aux niveaux de risque de nos clients mais également diversifiés et alignés avec des objectifs climatiques, sans compromis sur la performance et avec un maximum de transparence. A fin mai, les profils ESG chez Yomoni présentent une trajectoire de température implicite équivalente à une augmentation de 2,2°C contre 2,6°C pour son indice de référence et des notes ESG selon MSCI bien supérieures à l’indice de référence. Le risque carbone (tonnes de CO2 émis par millions de chiffres d’affaires) est réduit de 66% pour notre profil 100% actions et de 56% pour notre profil diversifié (50% actions et 50% obligations).

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