Alors que le résultat du second tour des élections présidentielles françaises s’annonce très serré, beaucoup d'épargnants s’interrogent sur l’impact qu’aurait sur les marchés financiers une victoire de Marine Le Pen. Il est très compliqué d’anticiper la réaction des investisseurs à un événement politique, comme nous avons notamment pu le constater lors des annonces de la victoire de Donald Trump ou du résultat du vote pour le Brexit qui n’ont eu, contre toute attente, qu’un impact mineur sur les marchés financiers.
Par ailleurs, l’impact d’un événement politique sur les marchés financiers est provisoire et en général bref. Il est donc inutile d’essayer d’anticiper ces mouvements de marché à court terme, cela pourrait inciter à prendre de mauvaises décisions. Certaines mesures politiques pourraient en revanche avoir des impacts sur l’économie, et donc sur les marchés financiers à plus long terme.
Une politique plus isolationniste
Une présidence de Marine Le Pen rendrait sans aucun doute la France plus isolationniste, avec un retrait potentiel du pays de l’OTAN, voire de l’Union européenne, bien que ce dernier point ne soit plus explicitement mentionné par la candidate du Rassemblement National. Même si nous pensons que le risque systémique d’un éclatement de la zone euro a fortement baissé depuis les dernières élections en cas de victoire du Rassemblement National, cette politique pourrait être un frein à la cohésion européenne, et la défiance des créanciers internationaux envers cette politique isolationniste pourrait avoir un impact non négligeable sur le coût du financement de l’Etat et alourdir les intérêts de la dette qui approche désormais les 120% du PIB. Cette même défiance des investisseurs internationaux aurait certainement un impact négatif sur la valeur de l’euro face aux autres devises internationales, ce qui pourrait être une source supplémentaire d’inflation, alors qu’elle est déjà un sujet d’inquiétude majeur. La tâche du gouvernement de redonner du pouvoir d’achat aux ménages serait complexe.
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Vers (encore) plus de dépenses publiques
La dette du pays devrait encore s’alourdir au regard du coût des réformes annoncées par Marine Le Pen durant sa campagne présidentielle : hausse des dépenses de sécurité, de défense et de santé, baisse de la TVA sur l’énergie, baisse de l'âge des départs en retraite, exonération de l’impôt sur le revenu des jeunes actifs de moins de trente ans, indexation des retraites à l’inflation, etc… Le financement de ce programme reste assez flou mais reposerait essentiellement sur deux postes d'économies controversés : l’immigration et la fraude sociale. Pour réaliser ces économies, Marine Le Pen devrait déroger au droit de l’Union Européenne puisqu’elles visent les citoyens européens au même titre que les autres étrangers, ce qui l’obligerait à renégocier les traités européens ou à s’acquitter de fortes sanctions. Elle devrait donc sans doute être contrainte d’avoir recours à l’endettement, creusant le déficit public du pays, ce qui devrait également peser sur le sur le taux auquel la France se finance sur les marchés, ainsi que sur la valeur de l’euro.
La fiscalité des entreprises peu impactée
Le programme du Rassemblement National contient peu de réformes touchant à la fiscalité des entreprises, et celles qui sont prévues vont plutôt dans le sens d’une baisse des charges pour les entreprises, telle que la baisse de l’impôt sur les sociétés pour les PME. Toutes choses égales par ailleurs, le programme de Marine Le Pen aurait donc peu (ou pas) d’impact sur les bénéfices des entreprises cotées, et donc sur les marchés actions.
Rappelons que même si Marine Le Pen était élue présidente, il faudrait qu’elle réussisse à obtenir une majorité à l’Assemblée Nationale lors des prochaines élections législatives pour pouvoir dérouler les principales réformes prévues dans son programme. Elle n’aurait d’autre choix que de lancer des appels au rassemblement, nécessaire pour élargir sa base initiale et obtenir des ralliements, l'existence d'un mode de scrutin majoritaire à deux tours étant peu favorable à une formation sans alliés solides. C’est pourquoi elle milite pour intégrer une dose de proportionnelle dans les élections législatives, sans quoi elle aurait peu de chances de faire passer ses réformes.
Impact sur les portefeuilles Yomoni
Si Marine Le Pen remportait les élections françaises, le principal risque que nous avons identifié pour nos allocations serait celui d’une hausse durable des taux réels (comme expliqué précédemment) qui pénaliserait la poche obligataire de nos portefeuilles diversifiés, exposée à hauteur de 20% environ à la France. Nous avons déjà réduit la sensibilité de cette poche aux mouvements de taux (réduction de la duration) mais nous pourrions aller plus loin dans ce sens. Le deuxième risque identifié est celui d’une dépréciation de l’euro face aux autres devises internationales, qui pourrait nous amener à renforcer encore l’exposition de nos portefeuilles au dollar. Rappelons que l’exposition actuelle d’un portefeuille diversifié équilibré (profil 6) est déjà de l’ordre de 30% du fait de la forte diversification internationale de nos portefeuilles.
Cet article a été préparé par Yomoni dans un but purement informatif. Les opinions émises dans ce document correspondent aux anticipations de marché de Yomoni au moment de la publication de ce document. Elles sont susceptibles d’évoluer en fonction des conditions de marché et ne sauraient en aucun cas engager la responsabilité contractuelle de Yomoni. Avant d'investir dans une quelconque classe d'actifs, il est fortement recommandé à l'investisseur potentiel de s'enquérir de manière détaillée des risques auxquels ces classes d'actifs sont exposées, notamment le risque de perte en capital.
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