La Bourse a-t-elle perdu la tête ?
Alors que les conséquences du Covid-19 sont dans tous les esprits, la Bourse connaît depuis quelques mois une vigueur intrigante. Les marchés sont ils-totalement déconnectés de l'économie comme certains le jugent? La réalité est plus simple : les données économiques sont plutôt encourageantes. Explications :
Le krach historique enregistré sur les marchés d’actions au début du mois de mars semble bien loin désormais. Un mouvement de reprise des actifs risqués s’est amorcé à la fin du mois de mars, permettant un rebond significatif depuis lors. Ce mouvement haussier a soulevé interrogations et inquiétudes chez les investisseurs, alors que l’environnement économique actuel semble bien morose et qu’une majorité d’épargnants est davantage tentée par une approche précautionneuse, privilégiant les liquidités et les placements garantis aux actifs risqués.
L’activité mondiale repart
Et pourtant, d’un point de vue macroéconomique, la situation n’est pas si mauvaise. Au contraire, depuis la levée progressive des mesures de restrictions sanitaires, les signaux de reprise de l’activité économique mondiale se sont multipliés. Du côté de l’offre en particulier, les enquêtes de confiance auprès des chefs d’entreprises du moins de juin ont poursuivi le rebond entamé en mai, sur un rythme même supérieur aux attentes du consensus.
Dans le cas de la France par exemple, l’enquête Markit du climat des affaires, sondage reflétant le sentiment de confiance des directeurs d'achat des entreprises, est repassé au-dessus du seuil des 50 au mois de juin, signe d’une activité en expansion dans le secteur privé. L’Insee a également noté un redémarrage significatif de l’activité française dès le mois de mai, ce qui l’a conduit à revoir à la hausse ses prévisions de croissance (certes négative) du deuxième trimestre.
Du côté de la demande aussi, les premiers chiffres post-confinement sont de bon augure. Les ménages ont en effet sensiblement augmenté leurs dépenses de consommation à partir du mois de mai dans la plupart des grandes zones économiques.
Les Etats et les banques centrales en soutien
Ces signes de redémarrage de l’activité nous semblent très encourageants à court terme, tandis que le soutien massif des politiques budgétaires et monétaires demeure intact. En Europe en particulier, la perspective d’un plan de soutien budgétaire financé par de l’endettement mutualisé, même s’il reste encore à finaliser de façon concrète, constitue une excellente nouvelle et une étape très importante du processus d’intégration de la zone Euro. Le risque d’une résurgence de l’épidémie demeure, mais la probabilité d’une nouvelle phase de confinement généralisé, très néfaste pour l’activité économique, semble faible.
Dans ce contexte, chez Yomoni, nous avons poursuivi fin juin le mouvement progressif de re-sensibilisation des portefeuilles aux actifs risqués amorcé en mars dernier. Dans les portefeuilles diversifiés, nous avons ainsi augmenté l’exposition aux actions pour revenir à une sur-exposition sur cette classe d’actifs par rapport à notre allocation stratégique. Dans un portefeuille de risque moyen (du type P6), l’exposition aux actions est ainsi passée de 50% fin mai à 55% fin juin, soit 5% de plus que l’allocation stratégique.
Au sein de la poche actions des portefeuilles, nous avons procédé à un mouvement similaire en réduisant notre exposition au secteur de la santé, très défensif. Les télécoms et la technologie (5% chacun dans un portefeuille pur actions du type P10) demeurent nos principales positions tactiques. Les poches obligataires des portefeuilles demeurent quant à elles en ligne avec leurs allocations stratégiques.
Des risques restent à surveiller
Quelques éléments négatifs demeurent toutefois et doivent être surveillés. L’ajustement du marché du travail constitue ainsi une incertitude importante à l’horizon des prochains mois et déterminera en grande partie la poursuite, ou non, des évolutions favorables notées ces deux derniers mois.
On note aussi le développement toujours très rapide de l’épidémie de Covid-19 dans certaines zones géographiques importantes (Amérique latine, Etats-Unis, certains pays d’Asie…), ainsi que la persistance de tensions internationales, dont l’origine se trouve souvent dans l’attitude assez agressive du Président américain.
D’ailleurs, il est à signaler qu’après un excellent début de mois porté par des indicateurs économiques encourageants, les marchés d’actions ont sensiblement reculé fin juin tandis que leur volatilité affichait dans le même temps un net rebond, sous l’effet de la montée des tensions internationales et de craintes sur l’épidémie. Nous suivons ces éléments avec une grande attention.