On déplore souvent la faible culture financière des Français. Mais il faut aussi reconnaître que les acteurs de la finance ne leur facilitent pas toujours la tâche, bien au contraire !
Chaque printemps, les clients s’épuisent ainsi à interpréter les tarifs bancaires traditionnellement mis à jour au 1er avril : ils ne peuvent que constater que la sincérité de l’information commerciale est inégale d’un établissement à l’autre.
Et ce n’est pas mieux dans le domaine de l’assurance-vie, support favori des Français pour leur épargne de long terme. Au moment où la faiblesse des taux vient fragiliser la performance du classique fonds en euros et où l’émergence d’acteurs innovants permet une expérience client personnalisée et une meilleure qualité de service à moindres frais, les Français attendent légitimement une transparence accrue sur les performances de leur épargne, la structure de coût des acteurs auxquels ils la confient, et la valeur ajoutée dont ils bénéficient. L’industrie financière se transforme en profondeur : pour figurer dans les gagnants de demain, banques et sociétés de gestion doivent plus que jamais être au service de leurs clients plutôt que l’inverse.
Mandats de gestion : une communication trop « créative »
C’est notamment le cas dans l’univers encore jeune de la banque en ligne. La numérisation de la relation client a un impact tout particulier sur le segment de la gestion dite « sous mandat » ou « pilotée » : jadis réservée aux ménages les plus fortunés, elle devient accessible à tous et ses encours ont d’ailleurs doublé en 4 ans au sein de l’assurance-vie. Tant mieux : elle répond à une véritable aspiration des Français, de plus en plus préoccupés par l’épargne-retraite et de plus en plus disposés à déléguer la gestion de leur patrimoine à un spécialiste alors qu’une performance décente suppose désormais un peu de risque.
Attentifs aux pratiques de notre secteur, il n’est pas rare malheureusement que nous constations des pratiques quelque peu « créatives » dans la communication relative aux mandats de gestion proposés en ligne : par exemple, des dates de début et de fin de période de calcul de la performance d’un contrat ne correspondant pas à l’année civile ou la déduction d’une partie seulement des frais pour le calcul de la performance nette.
Tôt ou tard, les épargnants matérialiseront certes les performances de leur épargne et constateront la différence, mais de telles pratiques sont de nature à fausser les classements régulièrement publiés dans la presse. C’est à se demander si ce n’est pas exactement leur objectif.
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L’épargne en ligne : une formidable opportunité à ne pas gâcher
Au fond, les épargnants peuvent être les premiers bénéficiaires des progrès technologiques dans le secteur de la banque et de l’assurance. Les solutions numériques, en permettant le profiling des clients ou la simulation des performances d’un placement à partir d’informations sur la mise de départ, l’appétence au risque et l’horizon d’investissement sont un moyen exceptionnel pour réconcilier les Français et l’épargne.
Toutefois, faute de certaines règles déontologiques partagées, le surplus de transparence et de pédagogie risque de n’être qu’apparent. Il semble donc crucial que l’industrie des mandats pilotés, à l’heure où elle s’ouvre au mass market, harmonise ses pratiques — en particulier dans le calcul et la communication de la performance réellement obtenue pour le client.
C’est le sens de l’élan amorcé au niveau européen par les directives MIFID II et DDA ou le règlement PRIIP qui mettent l’épargnant au coeur des priorités du secteur : transparence plus élevée, meilleure pédagogie des outils de communication, proximité renforcée entre établissements et clients, contrôle de la qualité du conseil ou des services financiers.
En France, les autorités de tutelle vont évidemment dans ce sens et ont compris les enjeux du virage numérique de l’épargne : par la voix du pôle commun ABE (assurance, banque, épargne) de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) et de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), elles ont récemment rappelé que la vigilance numérique, c’est-à-dire la surveillance des pratiques commerciales sur les supports comme les applications mobiles ou les réseaux sociaux, faisait partie des chantiers importants.
Un exemple à suivre : l’industrie des fonds
Bien sûr, il faudra se garder de l’excès inverse qui pousserait les contraintes trop loin et favoriserait un jargon financier incompréhensible pour l’épargnant. Si nous souhaitons avoir une autorité de contrôle ouverte à la discussion, il est aussi nécessaire, pour éviter aux Français les désillusions suivant les fausses promesses, que la profession de la gestion sous mandat démontre qu’elle recherche l’intérêt des épargnants et qu’elle n’a pas peur de la transparence. Elle doit s’engager rapidement et collectivement sur un certain nombre de règles simples, mais claires pour permettre aux épargnants de comparer sereinement des services qui leur paraissent parfois complexes.
Plutôt que nous lamenter sur la désaffection ou la frilosité des Français au risque et à l’investissement dans les entreprises, donnons-leur en somme les bons outils. L’industrie des fonds a beaucoup progressé dans ce domaine et fixé des standards de qualité, laissant moins de place à une trompeuse créativité. Les clients des mandats de gestion méritent au moins autant.
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