Impossible de ne pas évoquer les tragiques événements parisiens lors de cette lettre mensuelle. Nous sommes tristes et choqués. Nous ne pouvons qu'exprimer notre émotion et notre solidarité́ aux blessés et aux familles des victimes.
Nous n’avons pas vocation à commenter l’actualité, mais plutôt à nous projeter dans de « temps long ». Dans cette perspective, nous avons cherché à déterminer quelle était la tendance de fond d’une année visiblement si violente et meurtrière en France. Le résultat nous donne une raison d'espérer. « Non, ce n'était pas mieux par le passé et le monde devrait être de moins en moins violent à l’avenir ». En effet sur le long terme, la violence tend à baisser dans nos sociétés et les guerres font en réalité́ de moins en moins de victimes.
Depuis le haut moyen-âge, tous les cent ans le taux d'homicides a été divisé par deux en Europe pour atteindre 10 victimes par an par million d’habitants aujourd’hui, soit environ 50 fois moins qu’en 1400. Le monde dans son ensemble est encore turbulent avec 60 victimes par million, mais suit désormais la même trajectoire et avec une baisse de 10% encore constatée sur les dix dernières années.
La guerre est elle-même progressivement en retrait, même si cela est plus surprenant par rapport au contexte actuel. Le nombre de victimes de conflits armés dans le monde a été́ divisé par 50 au cours du siècle. Il est passé de 170 morts pour un million de personnes par an dans les années 1940, à 60 en 1970, à 50 en 1980, 30 en 1990 et à 3 en 2010.
Si notre perception d’un monde de plus en plus dangereux ne colle pas avec ces statistiques, c’est que notre tolérance à la violence a baissé́. De tels événements ne font plus partie de notre normalité́. Tant mieux, car cela nous pousse à ne pas accepter l’inacceptable et à poursuivre la tendance à la pacification de nos sociétés. Il ne faut pas oublier qu’en les additionnant, crimes et guerres causent encore près de 500,000 décès par an sur la planète.
Le monde que nous laisserons à nos enfants sera sans doute moins violent que celui de nos parents, mais les aléas climatiques pourraient hélas prendre une funeste relève. Ainsi, un autre combat décisif sur le long terme se joue en ce moment à... Paris ! La Conférence sur le climat, la COP21 rassemblant les principaux pays de l’ONU n’est pas un effet de mode ni un enjeu dérisoire. En effet, l’autre tendance séculaire de notre monde est celui de l’accroissement du CO2 et de l’augmentation des températures moyennes au-delà des cycles précédemment expliqués par les éruptions solaires. Là aussi, les données sont assez significatives pour démentir les sceptiques. Seul un vrai plan d'action financé et contraignant contre le réchauffement climatique évitera de finir en vœu pieu comme à Kyoto il y a près de vingt ans.
Le hasard veut donc que Paris soit à quelques jours d’intervalle le centre d’attention du monde, le lieu de convergence de ces deux phénomènes structurants de nos sociétés que sont la violence et le climat. Dans les deux cas, Paris fera parler sa devise insubmersible: Fluctuat Nec Mergitur. Voir l'intégralité de La longue vue