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Inutile d’espérer une bonne nouvelle au soir du 23 juin, il n’y a pas d’incertitude sur le vote des Britanniques dans quatre semaines : le « Brexit » sera rejeté. Ce qui nous intéresse dans cette remise en cause de l’Union Européenne c’est l’interrogation de fond sur la taille optimale des zones économiques.
Le récent discours du Premier ministre anglais est remarquable. Il se place dans le temps long pour plaider le maintien du Royaume-Uni au sein de l’Union. Il souligne l’action décisive des Anglais à Blenheim, Trafalgar, Waterloo, et durant les deux guerres mondiales pour en conclure sur le destin historique du Royaume à participer à la paix en Europe. Nous en tirons deux autres enseignements :
- En évoquant trois défaites infligées aux Français et deux aux Allemands, il nous rappelle que pour les Anglais, construire l’Europe c’est d’abord faire échec à tout champion continental. Le Général de Gaulle aurait apprécié.
- Ce n’est pas insulter la valeur des soldats britanniques, que de reconnaître que leurs dirigeants savent choisir le camp des futurs vainqueurs. La perspective insulaire donnerait aux anglais cette intuition sur le sens de l’Histoire et des tendances dominantes.
Jusqu’ici le Royaume-Uni a pleinement profité de son adhésion. Entre 1960 et 1973, le PIB français augmentait de 11% par an pour être 45% plus élevé que celui du Royaume-Uni qui avait seulement crû de 7% par an. Depuis l’adhésion en 1973, les anglais ont progressé de 7% par an contre 5% en France et les niveaux de vie se sont désormais inversés avec 10% de plus outre-Manche. Si aujourd’hui les anglais remettent en cause cette intégration, parions que ce soit à leur avantage. Leur géniale intuition serait donc qu’il y ait un avantage moindre à appartenir à une grande zone économique.
Depuis l’adhésion en 1973, le niveau de vie britannique a crû de 7% par an contre 5% en France.
Les faits le confirment. Depuis une décennie, les pays Européens hors de l’Euro, ou hors de l’UE font mieux que le centre. Dans un monde à faible coût d’échanges sur les transports, les transactions, et l’information, les gains liés à l’intégration économique ne compensent plus la perte de flexibilité économique sur la politique commerciale, monétaire et budgétaire.
Par exemple, la politique économique adaptée à la Californie, actuellement en plein boom, n’est pas idéale au Dakota en plein marasme. Idem entre l’Allemagne et la Grèce en Zone Euro.
Les économies d’échelle (« l’effet taille »), ne sont pas une constante universelle et encore moins une constante économique. Les nouvelles technologies ont réduit les tailles critiques pour bénéficier d’économies d’échelle, et celles-ci s’estompent voire s’inversent.
Si la construction Européenne privilégie une intégration plus forte avec davantage de pays dans l’Euro, alors elle suscitera de nouveaux référendums de sortie, et l’un d’eux passera. C’est en privilégiant la flexibilité de régions autonomes que l’Union perdurera.