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La politique ne se lit plus de gauche à droite

La politique ne se lit plus de gauche à droite


Chez Yomoni, nous ne faisons pas de politique, mais en ces temps d’élections présidentielles, nous y pensons le matin… L’incertitude qui caractérise ces dernières semaines de campagne, nous fournit une occasion de présenter une perspective originale sur les enjeux nouveaux de cette élection. Pour y parvenir, il nous faut évidemment sortir des sentiers battus et des analyses convenues. Au total, vous y trouverez peut-être une ultime aide pour choisir votre président idéal.

Depuis un an, les démocraties occidentales connaissent l’émergence d’un soi-disant « vote populiste », vote inédit censé bouleverser l’équilibre électoral traditionnel. Cette catégorisation simpliste nous agace : en disqualifiant un vote qui remet en cause l'ordre établi — depuis longtemps structuré autour d’une confrontation gauche-droite — on se coupe d'une clé de compréhension des récentes élections dans les pays industrialisés (Royaume-Uni, Etats-Unis, Italie, Pays-Bas).

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Depuis le Siècle des lumières, les choix politiques se font sur deux grands axes, deux grandes questions qui positionnent les citoyens, les élus, les partis et les idéologies.

Nous devons choisir :

  1. le degré de liberté individuelle ;
  2. le degré de liberté économique.

Ces choix se font au détriment respectivement du degré de cohésion et d’assimilation collective, d’une part ; de sécurité et d’égalité financière, d’autre part. Bien qu’il existe tout un plan de choix possibles, le débat politique depuis l’après-guerre, se résumait à un seul axe, car les positions sur les deux libertés (individuelle et économique) étaient inversement corrélées.

À gauche

À gauche où, pour aboutir à plus de progrès social, on cherche l’émancipation de l’individu, on a donc milité pour davantage de libertés personnelles avec moins de contraintes de mœurs et cherché à assurer les conditions matérielles de tous les citoyens, quitte à encadrer la sphère économique, en maintenant également un cadre égalitaire parce que les inégalités de niveau de vie déséquilibrent les relations sociales au détriment des plus modestes.

À droite

À droite, le progrès venant de l’initiative économique privée, il fallait donc faciliter la libre entreprise et le commerce en libéralisant les marchés ; mais dans une telle économie libre, il est nécessaire de maintenir les traditions nationales et les structures sociales, en particulier les structures familiales ou religieuses par crainte de voir la société se désagréger dans un monde sans repères.

Ainsi depuis l’après-guerre, les grands partis dans le monde occidental se répartissent linéairement du coin supérieur gauche au coin inférieur droit de l’échiquier politique. Les cases perpendiculaires étaient en général plus éparses. Certes, les « libertaires absolus » (favorables à plus de liberté individuelle et plus de liberté économique) ont gagné peu à peu du terrain, mais ils n’ont jamais vraiment suscité une adhésion de masse, car ils ouvrent des perspectives trop déstabilisatrices qui font peur à tout le monde. Les « sécuritaires » restent également minoritaires, car ils sont quant à eux associés à des régimes totalitaires qui ont déjà fait peur à tout le monde !

Une nouvelle grille de lecture à deux axes


Nous rétablissons ici un cadre d'analyse politique daté de 1969, le graphique de Nolan, qui fut initialement utilisé par les libertariens américains, pour expliquer leur positionnement orthogonal au clivage traditionnel droite-gauche. Aujourd’hui, il sert enfin à un cadre plus général, pour saisir l’opposition qui se joue depuis un an dans les élections des grandes démocraties occidentales. En effet, selon nous la nouveauté des élections récentes est l’éclatement de cet axe traditionnel, et le retour, à gauche comme à droite, d’une tendance « sécuritaire » qui fait recette dans des sociétés où la liberté dans un contexte de mondialisation, ne serait plus simplement synonyme de progrès, mais aussi d’inquiétude économique et culturelle.

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Le nouveau paysage politique français

Nous nous sommes risqués à positionner presque tous les candidats sur cet échiquier, qui ne s’égrènent plus linéairement de gauche à droite. Initialement seuls Benoît Hamon et François Fillon, les candidats des deux grands partis historiques, restaient positionnés sur la ligne d’opposition traditionnelle, évidemment chacun de leur côté. Mais l'analyse statistique des votes de dimanche révèle que c'est Jean-Luc Mélenchon qui est le candidat central de la gauche traditionnelle alors que Benoit Hamon se positionne en périphérie nord-est. Pour tous les autres à l’exception d’Emmanuel Macron, on se décale vers le bas, avec en particulier Marine Le Pen qui à la fois la promotion d’une plus grande sécurité, culturelle et économique.

Sans surprise, tous les candidats « sécuritaires » — marxistes inclus — se retrouvent ensemble à rejeter le projet européen, également critiqué par les néo-gaullistes, Nicolas Dupont-Aignan et François Asselineau. Emmanuel Macron fait le pari inverse avec une plateforme sociétale de gauche et une gouvernance économique de droite et il se retrouve moins encombré. L’outsider imite donc le pari du jeune Valéry Giscard d’Estaing en 1974, de gagner seul au centre dans une société pourtant plus inquiète et plus polarisée.

Correction : 28 avril 2017

L’article publié le 21 avril disait que Jean-Luc Mélenchon était favorable à une sortie de l’Euro, or il semblerait qu'il ne le soit qu'en dernier recours, en cas d’échec de la refondation des traités européens. Nous avons corrigé le graphique erroné.

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Mourtaza est l'un des co-fondateurs de Yomoni. Il a endossé le rôle de responsable des investissements jusqu'en 2019.

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