Le commentaire de gestion du mois de juillet 2023
« Rêver magnifiquement n’est pas un don accordé à tous les hommes ».
La période estivale est souvent propice au stress sur les marchés financiers. La solide performance des marchés actions depuis le début de l’année limite leur tolérance aux mauvaises nouvelles. Actuellement, les marchés semblent valoriser un scénario idéal de ralentissement économique qui permettrait de contrôler l’inflation sans conduire à une profonde récession. Le sentiment de marché est donc particulièrement optimiste et, si surprise il y a, elle sera plus probablement mauvaise que bonne.
Pour progresser fortement, les marchés financiers ont souvent besoin d’un catalyseur. Pour la première partie de 2023, pour trouver ce catalyseur, il faut se tourner vers les valeurs technologiques qui ont fortement rebondi après une année extrêmement compliquée en 2022, ces valeurs ayant logiquement souffert de la remontée des taux d’intérêts. ChatGPT a en effet rendu particulièrement concret les avancées de l’intelligence artificielle et a fait naître le rêve d’un retour de cycle de gains de productivité pour les entreprises. Dans les Paradis Artificiels, justement, Charles Baudelaire notait que « Rêver magnifiquement n’est pas un don accordé à tous les hommes ». Il redoutait même que ce don ne soit abîmé par la « turbulence du progrès matériel ». En tant que gérants d’épargne, notre responsabilité est de ne pas nous laisser emporter par ces rêves mais d’analyser rationnellement les risques et les opportunités de marchés, afin de construire des allocations robustes sur du long terme.
Deux éléments étaient particulièrement attendus par les marchés au mois de juillet : la publication des résultats trimestriels des entreprises ainsi que les décisions de politique monétaire des banques centrales américaines et européennes. Ces deux éléments ont continué à maintenir les investisseurs dans leur scénario idéal d’atterrissage en douceur.
En effet, d’une part, les résultats des entreprises ont montré qu’elles parvenaient à maintenir un niveau de chiffre d’affaires satisfaisant en augmentant leurs prix, compensant ainsi pour le moment la baisse des volumes. D’autre part, les banques centrales, tant américaines qu’européennes ont, comme anticipé, augmenté leurs taux directeurs de 25 points de base. Elles ont également réitéré leur intention de suivre attentivement les données avant toute nouvelle décision. Si l’accent est toujours mis sur la nécessité de revenir à une inflation à 2%, la volonté affichée est aussi de mesurer l’impact des hausses de taux sur l’économie avant de prendre toute décision.
Dans ce contexte, les actions mondiales considérées en euros ont progressé de 2,5%. Au niveau géographique, dans les pays développés, les performances sont relativement uniformes. Les actions américaines affichent une performance de 2,6% environ alors que les actions japonaises ont marqué légèrement le pas avec une progression de 2% en euro sur le mois. Les actions de la zone euro, quant à elles, progressent de 1,9%. Du côté des obligations européennes, les obligations d’Etat restent stables avec un très léger gain symbolique de 0,2% alors que les obligations d’entreprises s’adjugent un peu plus de 1%.
Dans les portefeuilles, nous maintenons notre positionnement inchangé. En effet, même si pour l’instant on ne peut que noter la continuité de la bonne tenue des marchés actions, les risques qui nous avaient amené à avoir un positionnement défensif sont toujours présents. Force est de constater que les tensions géopolitiques entre la Chine et les Etats-Unis n’ont pas pénalisé les marchés émergents sur le mois d’août. En revanche l’euphorie sur les valeurs technologiques s’est effectivement calmée au cours du mois et notre pari tactique favorisant les actions américaines a été plutôt bénéfique. Au sein des obligations, nous conservons notre positionnement actuel avec des obligations souveraines européennes et de manière modérée des obligations d’entreprises de bonne qualité, tout en restant à l’écart des obligations à haut rendement pour lesquelles le risque ne nous paraît pas suffisamment rémunéré.