La SEC (Securities and Exchange Commission), soit l’organisme fédéral américain de réglementation et de contrôle des marchés financiers, vient d’approuver le lancement de l’ETF Salt Low truBeta US Market Fund. Sous ce nom complexe, se cache un concept très novateur, voire révolutionnaire !
Afin de capter un maximum d’actifs sous gestion, les géants américains du monde de la gestion passive se livrent depuis plusieurs années une bataille effrénée dans la baisse de leurs frais de gestion. Les trois leaders, Blackrock, Vanguard et State Street gèrent à eux trois près de 15 000 milliards de dollars, soit l’équivalent du Produit Intérieur Brut de la Chine !
Dans ce milieu ultra-compétitif, les petits acteurs ou les nouveaux entrants n’ont donc pas d’autre choix que de frapper très fort… Fidelity, par exemple, acteur reconnu de la gestion active, avait beaucoup fait parler de lui l’année dernière en lançant aux États-Unis une gamme de fonds indiciels à 0% de frais de gestion ! Le but étant pour eux de vendre ces fonds en “têtes de gondole” et inciter leurs clients à investir dans d’autres fonds de leur gamme, plus traditionnels, et naturellement beaucoup plus chargés en frais de gestion… Ce mode de distribution est rendu possible par la spécificité du marché américain où Fidelity est à la fois gérant d’actifs et distributeur direct. C’est-à-dire que la société de gestion dispose d’agences qui ont pignon sur rue pour vendre ses fonds. Ce modèle n’existe pas (encore) en France. Pour vendre leurs produits, les sociétés de gestion doivent s’appuyer sur des réseaux ou rémunérer des intermédiaires financiers tels que les Conseillers en Gestion de Patrimoine ou les plateformes de distribution. Amundi par exemple, ne serait sans doute pas devenue la première société de gestion en Europe sans l’appui du réseau de distribution de son principal actionnaire, le Crédit Agricole, pour la vente de ses produits.
Mais un petit acteur récent, Salt Financials, jusqu’alors très peu connu du grand public, va encore plus loin : il lance le premier ETF à frais négatifs ! Le concept est simple, mais extrêmement novateur : le fonds a des frais de gestion de -0,05 %, c’est-à-dire que l’investisseur reçoit 50 cents pour chaque tranche de mille dollars investis. Dès que le fonds atteint 100 millions de dollars d’actifs sous gestion, il revient à des frais de gestion traditionnels de 0,29 % par an prélevés à l’investisseur. Le coût de l’opération pour la société de gestion est donc de 50 000 dollars, ce qui n’est pas si élevé pour une campagne de publicité, au regard des fortes retombées médiatiques qu’a engendré ce nouveau concept !
En France, il semble un peu trop tôt pour que l’AMF (l’Autorité des Marchés Financiers) approuve le lancement d’un tel produit… Mais si on part du principe que les Européens finissent toujours, avec quelques années de retard, par s’aligner au marché américain, rien n’est perdu ! Les particuliers européens s’intéressent tout juste à la gestion indicielle par exemple, alors qu’aux Etats-Unis 50 % du marché total des ETF est déjà détenu par des clients particuliers.