Chaque lundi, notre équipe de Gestion analyse et commente les marchés financiers. Quelle est la situation sur la semaine passée ? Quelles actualités faut-il retenir?
Source : @Bloombeg LP
Macroéconomie 🔎
- Aux États-Unis, le chiffre le plus attendu était sans doute l’inflation core PCE de septembre, publiée seulement vendredi après le shutdown record. Bonne nouvelle, elle surprend légèrement à la baisse, à 2,8 % contre 2,9 % attendu.
- Côté emploi, autre pilier pour l’activité et pour la Fed, les créations ADP traduisent un ralentissement plus marqué que prévu, avec une destruction de 32 000 emplois (contre +5 000 attendus). Le chiffre d’octobre a en revanche été légèrement révisé à la hausse, de +42 000 à +47 000.
Le rapport JOLTS a été décalé au mardi 9 décembre : nous devrions disposer des chiffres de septembre et d’octobre. - Les écarts entre les chiffres deS&P Global et l’ISM persistent. Ainsi, si le PMI manufacturier de S&P Global dépasse les attentes avec une publication à 52,2 contre 51,9 attendu et 52,5 en octobre, l’ISM manufacturier ressort quant à lui à 48,2 contre 49,0 anticipé et 48,7 en octobre. À l’inverse, le PMI des services S&P Global déçoit à54,1 contre 55,0 attendu et 54,8 en octobre tandis que l’ISM non-manufacturier surprend à la hausse, à 52,6 contre 52,4 en octobre et 52,0 attendu.
- Dans les données prévisionnelles de l’indice du Michigan, les anticipations d’inflation à 5 ans reculent plus qu’attendu, à 3,2 % contre 3,4 % en novembre. De même, l’indice de confiance des consommateurs remonte de 51,0 à 53,3.
- Le GDPNow de la Fed d’Atlanta pointe vers une croissance au quatrième trimestre un peu plus faible qu’en début de semaine à 3,5 % contre 3,9 % précédemment.
- En zone euro, l’inflation de novembre surprend légèrement à la hausse à 2,2 % sur un an contre des attentes de stabilité à 2,1%. En revanche, l’inflation sous-jacente reste inchangée à 2,4 %, comme prévu. La croissance s’établit comme attendu à 1,4 % en rythme annuel, après 1,5 % au deuxième trimestre. Le taux de chômage monte à 6,4 % en octobre contre 6,3 % attendu, et septembre est révisé à 6,4 %. Les ventes au détail restent stables en octobre, conformément au consensus.
- Le PMI composite de S&P Global de novembre progresse à 52,8 contre 52,4 attendu et 52,5 en octobre, tiré par les services publiés à 53,6 contre 53,1 et 53,0 en octobre. Le manufacturier repasse néanmoins en zone de contraction à 49,6 contre 49,7 et 50,0 en octobre.
En France, le PMI composite et surtout le PMI des services rebondissent au-dessus de 50, à 50,4 et 51,4 respectivement. - En Chine, le PMI manufacturier Caixin de novembre replonge en zone de contraction à 49,9 contre 50,5 estimé et 50,6 en octobre. La crise immobilière perdure : Vanke, grand promoteur soutenu par l’État, a demandé une extension sur un remboursement obligataire onshore, ce qui ravive les inquiétudes sur sa capacité de service de la dette. Certains y voient le prélude à un tri accéléré des acteurs si un défaut survenait.
Banques centrales 💰
- Le marché anticipe désormais une baisse de 25 pb de la Fed, avec une probabilité qui se stabilise autour de 86 %. Si la Fed baisse effectivement ses taux, les investisseurs scruteront les dissensions au sein du FOMC : plusieurs membres pourraient ne pas voter en faveur de la baisse, fait relativement rare, afin d’en déduire la trajectoire 2026. À l’inverse, pas de baisse mercredi créerait vraisemblablement une forte volatilité sur les actions, tant la détente est déjà prise en compte par le marché.
- Pour François Villeroy de Galhau, la BCE doit rester prête à réagir : 2 % n’est ni un plancher, ni nécessairement le taux d’équilibre. Une remontée durable au-dessus de 2 % appellerait un resserrement, mais une inflation durablement sous 2 % ne serait pas davantage souhaitable. Il a rappelé lors d’un symposium que l’incertitude s’est atténuée sans disparaître avec les valorisations IA élevées, les tensions géopolitiques, les revirements commerciaux avec les taxes douanières et la question du dollar.
- Au Japon, on s’attend à ce que la BoJ monte ses taux de 0,50 % à 0,75 % lors de sa réunion des 18-19 décembre. Les taux 10 ans japonais ont touché un plus haut en près de 20 ans et les taux 30 ans dépassent 3,4 %. La dernière adjudication sur les émissions 30 ans a enregistré sa plus forte demande depuis 2019, ce qui a calmé le marché après des ventes massives. Les investisseurs restent vigilants : un retournement des carry trades (emprunt en yen, placement en USD) peut provoquer des secousses sur les actions, comme en août 2024. À plus long terme, des taux domestiques plus élevés pourraient réduire l’appétit des investisseurs japonais pour la dette étrangère dont la dette française.
- Au Royaume-Uni, la BoE met en avant trois risques dans son rapport de stabilité financière à savoir les valorisations élevées des valeurs liées à l’IA, l’ essor rapide du crédit privé, et les leviers importants sur les gilts.
Performances 📊
- En euros, les actions internationales finissent la première semaine du mois de décembre sur une très légère hausse de +0,2 % (+0,6 % en devises locales). En euros, les actions émergentes ont été les plus performantes et progressent de +1,2 % (en euros), suivies par les actions de la zone euro qui s’adjugent +0,8 %. Les actions japonaises et les actions américaines, quant à elles, sont stables avec des performances respectives de +0,06 % et +0,05 % en euros. Au niveau sectoriel, les valeurs technologiques s’adjugent +1,2 %, suivies par les actions industrielles et financières qui progressent de +0,6 %. En revanche, le secteur immobilier recule de 1,7 %, suivi par le secteur de la santé qui perd 2,3 %. Le secteur des services aux collectivités, quant à lui, affiche sur la semaine une performance nettement négative de –3,5 %.
- Sur le marché obligataire, les taux montent sur la semaine : le taux à 10 ans américain progresse de 12 pb et passe de 4,02 % à 4,14 %. En Allemagne, la hausse du taux à 10 ans est de 11 pb, le taux du Bund passant de 2,69 % à 2,80 %, marquant un plus haut depuis le mois de mars. Le taux du CMS 10 ans, quant à lui, progresse de 9 pb en passant de 2,75 % à 2,84 % et marque un plus haut depuis juin 2024. Le spread OAT–Bund reste stable à 73 pb.
- On observe une relative stabilité du côté des matières premières avec un pétrole qui progresse de 0,87 % et l’or qui baisse légèrement de 0,28 %.
- Sur le marché des changes, le dollar recule de nouveau avec un euro qui passe de 1,1596 à 1,1643 (et un plus haut depuis octobre à 1,1683 jeudi).
À suivre cette semaine 💡
- L’événement de la semaine sera sans aucun doute la réunion de politique monétaire de la Fed mercredi. Le marché anticipe désormais avec une quasi-certitude une baisse de taux de 0,25 % avec des taux directeurs qui passeront de 4 % à 3,75 %.
- Aux États-Unis, nous suivrons également l’évolution des commandes à l’industrie de septembre, ainsi que les chiffres prévisionnels de l’évolution de la productivité du secteur non agricole au troisième trimestre.
- Concernant le marché de l’emploi, nous prendrons connaissance mardi du rapport JOLTS sur les offres d’emploi et les embauches pour le mois de septembre (chiffre en retard en raison du shutdown) et pour octobre. Les chiffres de créations d’emplois du département du Travail américain seront disponibles pour octobre et novembre le mardi 16 décembre, et le taux de chômage sera quant à lui disponible également pour novembre.
- En zone euro, nous prendrons connaissance en fin de semaine des chiffres d’inflation allemande et française, attendus stables respectivement à 2,3 % et 0,9 %.
- En Chine, nous serons également attentifs à l’évolution de la balance commerciale et plus précisément des exportations et des importations.
