Chaque lundi, notre équipe de Gestion analyse et commente les marchés financiers. Quelle est la situation sur la semaine passée? Quelles actualités faut-il retenir?
Source : @Bloombeg LP
Macroéconomie 🔎
- Aux Etats-Unis, la semaine dernière a été marquée par une série de publications liées à l’emploi. Le rapport JOLTS pour le mois d’avril a montré une hausse inattendue des nouvelles offres d’emploi, alors qu’un léger repli était anticipé. À l’inverse, les chiffres de l’ADP ont déçu : les créations d’emplois dans le secteur privé non agricole se sont limitées à 37 000, contre 111 000 attendus. Il s'agit du chiffre le plus bas depuis janvier 2022, mois au cours duquel 301 000 emplois avaient été détruits.
- En revanche, les chiffres officiels du Département du Travail ont surpris positivement, avec 140 000 créations de postes non agricoles au mois de mai, contre 110 000 attendues. Le taux de chômage reste quant à lui stable à 4,2 %, conformément aux prévisions.
- Grâce à un net repli des importations, le déficit commercial américain s’est réduit de manière significative en avril. Attendu à -67,6 milliards de dollars, il ressort finalement à -61,6 milliards.
- Du côté des indicateurs avancés, les nouvelles sont moins bonnes. L’indice PMI manufacturier de l’ISM a été publié à 48,5, en baisse par rapport aux attentes (49,3) et au chiffre du mois d’avril (48,7). L’ISM non manufacturier suit la même tendance, reculant à 49,9 (contre 51,6 en avril et 52 attendus), signalant un ralentissement plus marqué dans le secteur des services.
- Les données publiées en zone euro sont globalement meilleures que prévu. L’inflation prévisionnelle pour le mois de mai recule sous la barre des 2 %, à 1,9 % (contre 2,2 % en avril). L’inflation sous-jacente, hors alimentation et énergie, s’établit à 2,3 %, là encore en dessous des attentes (2,4 %) et en net repli par rapport au mois précédent (2,7 %).
- La croissance du PIB au premier trimestre a surpris positivement : elle atteint +0,6 % contre +0,3 % attendu. En rythme annuel, cela représente une progression de 1,5 %, supérieure aux 1,2 % anticipés.
- Le marché du travail reste dynamique, avec un taux de chômage en baisse à 6,2 % (contre 6,3 % précédemment), en ligne avec les prévisions.
- Côté enquêtes d’activité, le PMI manufacturier progresse à 49,4 (contre 49 en avril et 48,4 attendu), tandis que le PMI des services ressort à 49,7, supérieur aux prévisions (48,9) mais en léger repli par rapport à avril (50,1). L’indice PMI composite S&P Global ressort finalement à 50,2, traduisant une activité quasi stable, mais en ralentissement modéré par rapport à avril (50,4) et mieux que les attentes (49,5).
Banques centrales 💰
- Comme prévu, la Banque centrale européenne a abaissé ses taux directeurs de 0,25 %, ramenant ainsi le taux de dépôt à 2 %. Il s'agit de la huitième baisse consécutive, marquant possiblement la fin d’un cycle de détente monétaire. Christine Lagarde a d’ailleurs tenté de faire passer le message que les taux étaient désormais proches de leur point bas. En toile de fond, les chiffres préliminaires d’inflation, plus faibles qu’attendu, commencent à susciter des craintes – encore marginales – d’un risque de déflation.
- La BCE a par ailleurs révisé à la baisse ses prévisions économiques. Elle table désormais sur une inflation globale de 2 % en 2025 (contre 2,3 % précédemment) et de 1,6 % en 2026 (contre 1,9 % auparavant). Ce réajustement s’explique notamment par la baisse des prix de l’énergie et par la vigueur de l’euro, qui pèse à la baisse sur les prix à l’importation.
- Côté croissance, la BCE maintient sa prévision de 0,9 % pour 2025, mais revoit légèrement à la baisse la croissance attendue en 2026 (1,1 % contre 1,2 %) et prévoit 1,3 % en 2027.
Deux scénarios alternatifs sont présentés :
- Le premier, plus favorable, repose sur un apaisement des tensions commerciales, ce qui renforcerait la croissance.
- Le second évoque une escalade vers une guerre commerciale généralisée, qui pourrait faire perdre jusqu’à un point de croissance cumulée entre 2025 et 2027.
- Du côté de la Réserve fédérale américaine, la publication du "Beige Book" (livre beige) reflète une économie sous tension. Rédigé à partir de témoignages d’acteurs économiques à travers le pays, ce rapport souligne un niveau élevé d’incertitude économique et politique, poussant à la prudence tant chez les ménages que chez les entreprises. La consommation reste modérée, sauf pour certains biens dont les prix pourraient être affectés par de futures hausses de droits de douane.
- Sur son réseau social Truth Social, Donald Trump a réitéré ses critiques envers la Fed, appelant à une baisse d’un point des taux directeurs lors de la prochaine réunion du 18 juin. Il a également annoncé qu’il dévoilerait prochainement le nom de son candidat pour diriger la Fed.
Performances 📊
- Les marchés actions internationaux ont terminé la semaine sur une note positive, avec une progression de +1,1 % en euros. Dans le détail, ce sont les marchés émergents qui signent la meilleure performance avec une hausse de +2 %. Les actions américaines progressent également de +1,3 %, tandis que les actions de la zone euro affichent un gain plus modeste de +1 %. À l’inverse, les actions japonaises reculent nettement, avec une baisse de -2,4 % en euros. Sur le plan sectoriel, les valeurs technologiques tirent les indices vers le haut avec une hausse de +2,6 %, suivies de près par les télécommunications (+2,5 %) et le secteur de l’énergie, qui rebondit de +1,9 %. À l’opposé, les services aux collectivités reculent de -1 %, la consommation discrétionnaire de -1,1 %, et la consommation courante enregistre la plus forte baisse de la semaine à -1,3 %.
- Sur le marché obligataire, les taux d’intérêt repartent à la hausse.
Aux États-Unis, le rendement du Treasury à 10 ans progresse de 10 points de base, passant de 4,40 % à 4,51 %.En zone euro, le Bund allemand à 10 ans gagne 5 points de base (de 2,51 % à 2,56 %), tandis que le CMS 10 ans augmente de 9 points de base, à 2,58 %.
Le spread France-Allemagne s’écarte légèrement, passant de 65 à 68 points de base. - Côté matières premières, l’or s’apprécie de +0,94 % sur la semaine, tandis que le pétrole rebondit de +4 %, dans un contexte de stabilisation des perspectives de croissance mondiale.
- Enfin, sur le marché des changes, le dollar reprend une tendance baissière face à l’euro. La devise européenne termine la semaine à 1,1395 dollar, contre 1,1348 en fin de semaine précédente.
À suivre cette semaine 💡
- La publication la plus attendue de la semaine sera celle de l’inflation américaine, mercredi.
L’indice global est attendu en hausse, passant de 2,3 % à 2,5 %, tout comme l’inflation sous-jacente (hors alimentation et énergie), qui devrait progresser de 2,8 % à 2,9 %.
Toujours aux États-Unis, les prix à la production pour le mois de mai seront surveillés de près. Ils sont attendus en légère hausse de +0,2 %, ce qui pourrait renforcer les anticipations inflationnistes.
Enfin, vendredi, les chiffres prévisionnels de l’indice du Michigan viendront clore la semaine. Les marchés resteront attentifs à l’évolution des anticipations d’inflation à un an et à l’indice de confiance des consommateurs, attendu en légère hausse à 52,5. - En zone euro, les regards se tourneront vers les chiffres de la production industrielle, attendus en repli pour le mois d’avril, et les chiffres de l’inflation en Allemagne et en France, publiés vendredi.
- Au Royaume-Uni, le taux de chômage est attendu en légère hausse à 4,6 %, tandis que le PIB du mois d’avril pourrait montrer une contraction modérée de l’activité.
- Enfin, en Asie, le PIB du Japon pour le premier trimestre devrait confirmer un repli, et en Chine, on surveillera l’évolution de la balance commerciale ainsi que la publication de l’indice des prix à la consommation, qui devrait confirmer la poursuite d’une dynamique déflationniste.