Chaque lundi, notre équipe de Gestion analyse et commente les marchés financiers. Quelle est la situation sur la semaine passée ? Quelles actualités faut-il retenir?
Source : @Bloombeg LP
Macroéconomie 🔎
- Aux États-Unis, le rapport JOLTS a montré pour le mois de septembre davantage d’offres d’emploi qu’attendu, avec 7,658 millions d’offres contre 7,2 millions attendues et 7,227 millions en août.
- En Allemagne, la production industrielle a augmenté de 1,8 % en octobre (contre 0,2 % attendu). Les chiffres de l’indice des prix à la consommation traduisent, comme prévu, une contraction de –0,2 % sur le mois de novembre et une inflation annuelle à 2,3 %. En France, l’inflation annuelle s’établit comme attendu à 0,9 % mais, pour le mois de novembre, les prix reculent de –0,2 % (contre –0,1 % attendu).
- La balance commerciale chinoise en novembre progresse et dépasse les attentes, à près de 112 Md$ contre environ 90 Md$ en octobre et 105 Md$ attendus. Cela s’explique par une hausse des exportations de +5,9 % (contre +3,8 % estimées) et un ralentissement des importations, en hausse de +1,9 % seulement (contre +2,8 % anticipées). L’indice des prix à la consommation chinois recule de –0,1 % sur le mois de novembre (contre +0,2 % attendu), tandis que l’inflation annuelle ressort, comme prévu, à 0,7 %.Banques centrales 💰
- Le marché anticipe désormais une baisse de 25 pb de la Fed, avec une probabilité qui se stabilise autour de 86 %. Si la Fed baisse effectivement ses taux, les investisseurs scruteront les dissensions au sein du FOMC : plusieurs membres pourraient ne pas voter en faveur de la baisse, fait relativement rare, afin d’en déduire la trajectoire 2026. À l’inverse, pas de baisse mercredi créerait vraisemblablement une forte volatilité sur les actions, tant la détente est déjà prise en compte par le marché.
- Pour François Villeroy de Galhau, la BCE doit rester prête à réagir : 2 % n’est ni un plancher, ni nécessairement le taux d’équilibre. Une remontée durable au-dessus de 2 % appellerait un resserrement, mais une inflation durablement sous 2 % ne serait pas davantage souhaitable. Il a rappelé lors d’un symposium que l’incertitude s’est atténuée sans disparaître avec les valorisations IA élevées, les tensions géopolitiques, les revirements commerciaux avec les taxes douanières et la question du dollar.
- Au Japon, on s’attend à ce que la BoJ monte ses taux de 0,50 % à 0,75 % lors de sa réunion des 18-19 décembre. Les taux 10 ans japonais ont touché un plus haut en près de 20 ans et les taux 30 ans dépassent 3,4 %. La dernière adjudication sur les émissions 30 ans a enregistré sa plus forte demande depuis 2019, ce qui a calmé le marché après des ventes massives. Les investisseurs restent vigilants : un retournement des carry trades (emprunt en yen, placement en USD) peut provoquer des secousses sur les actions, comme en août 2024. À plus long terme, des taux domestiques plus élevés pourraient réduire l’appétit des investisseurs japonais pour la dette étrangère dont la dette française.
- Au Royaume-Uni, la BoE met en avant trois risques dans son rapport de stabilité financière à savoir les valorisations élevées des valeurs liées à l’IA, l’ essor rapide du crédit privé, et les leviers importants sur les gilts.
Banques centrales 💰
- Comme attendu, la Fed a baissé ses taux directeurs de 0,25 %, le taux le plus haut passant de 4,0 % à 3,75 %. C’est la troisième baisse consécutive, mais elle n’a pas fait l’unanimité : 3 des 12 votants s’y sont opposés (les présidents de Chicago et Kansas City ne souhaitaient pas de baisse), tandis que Stephen Miran plaidait pour –0,50 %. La réunion de décembre a aussi livré l’actualisation des projections anonymisées des 19 membres (dont 7 non-votants) pour 2026 : 12 anticipent des taux plus bas, 4 un statu quo et 3 une hausse de 0,25 %. Les amplitudes attendues sont dispersées : 4 envisagent –0,25 %, 4 –0,75 %, 2 –1,00 %, 1 –1,25 % et 1 –1,50 %.
Enfin, la Fed prévoit désormais une croissance américaine de 2,3 % en 2026 (contre 1,7 % en septembre). - La BCE se réunit cette semaine, le 17 décembre. Le marché estime que les taux ne devraient pas bouger (probabilité proche de 86 %) et qu’ils pourraient monter de 0,25 % avec une probabilité d’environ 14 %. Inquiète des risques géopolitiques, la banque va demander à 110 grandes banques sous sa supervision d’évaluer l’impact de ces risques sur leur modèle économique et leurs fonds propres.
- La Banque du Japon se réunit les 18 et 19 décembre et devrait porter son taux directeur à 0,75 % (hausse de 25 pb). Cette perspective semble intégrée par les marchés, mais le débat portera sur le niveau du taux neutre compatible avec l’économie et les marchés financiers. À noter que les taux réels demeurent nettement négatifs.
Performances 📊
- En euros, les actions internationales baissent sur la semaine de –1,0 % et –0,2 % en devises locales. En euros, les actions japonaises progressent de +0,6 %, suivies par les actions de la zone euro qui terminent la semaine sur une performance étale. Les actions émergentes reculent de –0,5 % en euros, tandis que les actions américaines perdent –1,5 % en euros. Au niveau sectoriel, les valeurs financières progressent de +1,4 %, suivies par les matériaux (+1,1 %) et l’industrie (+0,5 %) — les trois seuls secteurs en territoire positif. Du côté des baisses, l’énergie recule de –1,9 %, la technologie de –3,0 % et les télécommunications de –3,8 %.
- Du côté des matières premières, le pétrole baisse de –4,1 % et l’or progresse de +2,0 %.
- Sur le marché des changes, le dollar recule de nouveau, l’euro passant de 1,1643 à 1,1740.
- Sur le marché obligataire, les taux continuent de monter : le taux à 10 ans américain progresse de 6 pb, de 4,14 % à 4,20 %. En Allemagne, la hausse du Bund 10 ans est également de 6 pb (2,80 % → 2,86 %), un plus haut depuis mars. Le CMS 10 ans gagne 8 pb (2,84 % → 2,92 %). Le spread OAT–Bund reste stable à 72 pb.
À suivre cette semaine 💡
- Aux États-Unis, nous suivrons de près l’inflation avec l’IPC et le core PCE. Seront aussi publiés les créations d’emplois dans le secteur privé non agricole (novembre) ainsi que le taux de chômage. Nous prendrons connaissance des données prévisionnelles de permis de construire et mises en chantier (septembre), ainsi que de l’évolution des ventes de logements existants. Nous surveillerons également l’indice du Michigan (anticipations d’inflation et confiance) et l’actualisation du GDPNow de la Fed d’Atlanta. Enfin, les PMI prévisionnels seront disponibles.
- En zone euro, outre les PMI, nous regarderons surtout l’inflation (zone euro : 2,2 % attendue en glissement annuel ; 2,4 % pour l’inflation core) et l’indice IFO du climat des affaires en Allemagne.
- Enfin, la semaine sera aussi marquée par les réunions de politique monétaire de la BCE et de la Banque du Japon. Si un statu quo est largement anticipé en zone euro, le Japon devrait relever ses taux directeurs de 25 pb ; les investisseurs seront particulièrement attentifs aux perspectives 2026 communiquées par l’institution.
