Chaque lundi, notre équipe de Gestion analyse et commente les marchés financiers. Quelle est la situation sur la semaine passée ? Quelles actualités faut-il retenir?
Source : @Bloombeg LP
Macroéconomie 🔎
- Aux États-Unis, Donald Trump a annoncé vendredi dernier annuler les droits de douane réciproques pour certains produits agricoles, notamment ceux qui ne sont pas cultivés aux États-Unis ou en quantité suffisante (comme les avocats, tomates, bananes, mangues, café, thé). Il a également présenté un nouvel accord avec la Suisse, dont les exportations ne seraient taxées qu’à 15 % au lieu de 39 %, en échange d’investissements dans l’économie américaine, notamment dans l’industrie pharmaceutique et les équipements ferroviaires. Malgré les doutes exprimés par des magistrats de la Cour suprême à propos des droits de douane, la Suisse a préféré poursuivre la négociation plutôt que le bras de fer.
Afin de soutenir le pouvoir d’achat, thème central de sa campagne, il a proposé d’allonger la maturité des prêts immobiliers à 50 ans, contre 30 ans actuellement, pour réduire les mensualités, ainsi que de verser 2 000 dollars à chaque Américain — une forme de redistribution des droits de douane. - En zone euro, le chiffre prévisionnel de croissance au T3 reste stable à 0,2 % en rythme trimestriel, et ralentit légèrement moins que prévu en rythme annuel, passant de 1,5 % à 1,4 % contre 1,3 % attendu. La production industrielle de septembre, attendue à +0,7 %, ne progresse que de +0,2 %.
En Allemagne, l’inflation ralentit comme attendu à 2,3 % après 2,4 % en septembre. En France, elle recule de 1,2 % à 0,9 % contre 1,0 % attendu. Le taux de chômage français surprend à la hausse, de 7,6 % à 7,7 %.
L’indice ZEW du sentiment économique de novembre rebondit plus qu’attendu en zone euro, de 22,7 à 25,0 contre 23,5 attendu. En revanche, en Allemagne, il déçoit, passant de 39,3 à 38,5 contre 41 attendu. - En Chine, l’inflation surprend légèrement à la hausse, ce qui est une bonne nouvelle, avec un indice des prix à la consommation en hausse de +0,2 % sur un an contre –0,3 % précédemment et 0,0 % attendu. Le taux de chômage recule à 5,1 % contre 5,2 % attendu. En revanche, les nouveaux prêts bancaires d’octobre ont fortement chuté. La production industrielle ralentit plus que prévu en octobre, de +6,5 % sur un an à +4,9 % contre 5,5 % attendu.
Point sur les résultats
- Le groupe japonais SoftBank a annoncé un bénéfice net record au troisième trimestre. Il a aussi déclaré avoir cédé l’intégralité de sa position Nvidia en octobre pour plus de 5,8 Md$ et avoir l’intention d’investir plus de 30 Md$, notamment dans OpenAI. Le titre perd environ 10 % sur la semaine.
- Cisco publie au-dessus des attentes et gagne +9,75 % sur la semaine.
- Tencent bat le consensus mais déçoit légèrement en Bourse (–2 % environ vendredi). Le groupe souligne la pénurie de puces : ses ressources d’IA sont priorisées en interne (jeux vidéo) au détriment d’usages externes via le cloud, ce qui freine l’essor de cette activité.
Banques centrales 💰
- La Fed a multiplié les messages de prudence quant à la probabilité d’une baisse des taux en décembre. Ces discours ont porté leurs fruits : la probabilité implicite d’une baisse est passée d’environ 67 % il y a une semaine à 44 % vendredi. L’option d’un statu quo redevient majoritaire. Par ailleurs, Mme Kugler, ex-gouverneure ayant démissionné en août, a déclaré des transactions boursières réalisées en 2024 pendant des périodes interdites, en violation des règles d’éthique de la banque centrale.
- La BCE a publié son bulletin économique : l’économie européenne progresse mais au ralenti. La croissance n’est que légèrement plus vigoureuse qu’au printemps et les écarts entre pays restent marqués. Avec +0,2 % de croissance, la zone euro demeure loin de son potentiel. Le taux de chômage s’améliore mais sans rupture, et la politique monétaire doit, selon l’institution, rester accommodante, malgré des tensions potentielles sur les prix (inflation 2,1 % en septembre 2025).
La BCE souligne la situation française, qui tire la croissance européenne vers le haut (+0,5 %), portée par une demande intérieure relativement solide (consommation des ménages, certains services) malgré une production industrielle plus faible. Cette avance est toutefois fragile, la croissance française étant fortement dépendante des échanges intra-européens. L’Espagne affiche +0,6 %, quand l’Allemagne et l’Italie stagnent.
Performances 📊
- En euros, les actions internationales terminent la semaine quasi stables, à +0,2 % (+0,5 % en devises locales). Les actions de la zone euro s’adjugent +2,1 %, les actions japonaises progressent de +0,6 % (en euros). Les émergents sont stables, tandis que les actions américaines cèdent –0,3 % (en euros). Au niveau sectoriel, la santé gagne +3,7 %, devant l’énergie (+2,6 %) et les matériaux (+1,9 %). En baisse : consommation discrétionnaire (–1,6 % en euros), télécommunications (–1,2 %) et immobilier (–0,6 %). La technologie est stable sur la semaine (en euros).
- Sur le marché obligataire, les taux remontent légèrement : le 10 ans américain passe de 4,09 % à 4,15 %. En Allemagne, le Bund 10 ans progresse de 5 pb (2,67 % → 2,72 %) et le CMS 10 ans de 8 pb (2,68 % → 2,76 %). Le spread OAT–Bund se réduit de 79 à 74 pb.
- Du côté des matières premières, le pétrole progresse de +1,2 % et l’or de +2,1 %. Sur le marché des changes, le dollar se replie légèrement : l’euro passe de 1,1566 à 1,1621.
À suivre cette semaine 💡
- Aux États-Unis, les regards se tourneront d’abord vers les PMI prévisionnels de novembreDans un contexte de visibilité encore réduite sur la trajectoire monétaire, les minutes de la Fed seront scrutées pour affiner la probabilité d’un statu quo en décembre. Avec la fin du shutdown, le flux de statistiques reprend progressivement. Etaient prévus pour cette semaine : les indices manufacturiers Empire State et Philadelphie, la production industrielle d’octobre, l’actualisation du GDPNow qui est un baromètre de la croissance du T4, ainsi que les données de l’indice du Michigan (anticipations d’inflation à 5 ans attendues à 3,6 %, confiance autour de 50,3) et les ventes de logements existants d’octobre.
- En zone euro, l’inflation pour le mois d’octobre est attendue en légère hausse à 2,2% et l’inflation core est attendue stable à 2,4%. Les PMI de novembre sont attendus mitigés : le manufacturier est prévu en légère hausse à 50,2, tandis que les services reculeraient modérément à 52,8..Ils seront complétés par les ventes au détail et les enquêtes de climat des affaires, utiles pour jauger l’élan de l’activité au T4.
- Côté entreprises, l’attention sera maximale sur la publication de Nvidia mercredi, catalyseur potentiel pour la dynamique du segment IA et, par ricochet, pour la tech mondiale.
