Chaque lundi, notre équipe de Gestion analyse et commente les marchés financiers. Quelle est la situation sur la semaine passée ? Quelles actualités faut-il retenir?
Source : @Bloombeg LP
Focus US
- Nous sommes toujours en procédure de shutdown et le record du précédent épisode pourrait être dépassé le mercredi 5 novembre. À ce stade, les sénateurs confirment que les discussions ont progressé, mais les votes ont de nouveau échoué, les priorités liées à la santé défendues par le camp démocrate n’ayant pas été retenues. Nous restons donc dans un statu quo, sans accord réellement en vue. Pour accélérer le vote, Donald Trump a proposé que le Sénat suspende le filibuster, cette règle qui impose en pratique 60 voix — et non 51 — pour faire adopter un texte. Le Sénat peut décider de modifier ses propres règles, mais les Républicains ont, pour l’instant, refusé de le faire.
- Le jeudi 30 octobre, un accord provisoire a été trouvé entre Donald Trump et Xi Jinping. Cet accord fixe un taux moyen de 47 % de droits de douane sur les importations en provenance de Chine. C’est l’un des niveaux les plus élevés au monde, derrière ceux appliqués à l’Inde et au Brésil (50 %). On peut espérer que cet accord marque une trêve durable entre la Chine et les États-Unis, au moins jusqu’à fin décembre 2026, date à laquelle Xi Jinping doit se rendre aux États-Unis pour le sommet du G20.
- Les cinq points principaux de l’accord sont les suivants :
- Abandon de la menace de Donald Trump de traiter les filiales détenues à au moins 50 % par une entreprise sous sanction de la même manière que la société mère.
- Suspension des taxes maritimes.
- Suspension des enquêtes américaines visant les industries maritimes, logistiques et navales chinoises.
- Suspension des contrôles chinois à l’exportation de terres rares.
- Promesse d’achat de 25 millions de tonnes de soja américain par an par la Chine.
Macroéconomie 🔎
- Aux États-Unis, la confiance des consommateurs du Conference Board a été publiée au-dessus des attentes, à 94,6 contre 93,4 attendu et 95,6 en septembre (ce dernier chiffre ayant été révisé en hausse depuis 94,2).
- En zone euro, l’inflation prévisionnelle ressort comme attendu à 2,1 % contre 2,2 % en septembre. En revanche, l’inflation sous-jacente (hors énergie et alimentation) s’établit à 2,4 % en octobre, comme en septembre, alors que le consensus attendait un léger reflux à 2,3 %. Le PIB prévisionnel de la zone euro a été publié à 1,3 % (1,2 % attendu) après 1,5 % au T2.
- En France, la croissance du PIB T3 dépasse les attentes, à +0,5 % contre +0,2 % attendu (après +0,3 % au T2). En Allemagne, la croissance est nulle, comme anticipé. En rythme annuel, les croissances françaises et allemandes s’établissent respectivement à 0,9 % et 0,3 %. Le taux de chômage de la zone reste stable à 6,3 %. L’indice Ifo du climat des affaires en Allemagne est publié en hausse et au-dessus des attentes, à 88,4 contre 87,7 en septembre et 88,1 attendu.
- En Chine, le PMI composite est publié en baisse à 50,0 en octobre (50,6 en septembre). Le PMI manufacturier déçoit en passant de 49,8 à 49,0 alors qu’il était estimé à 49,6. Le PMI non manufacturier ressort, lui, comme attendu, en légère amélioration à 50,1 contre 50,0 en septembre.
Point sur les résultats
- Microsoft, Alphabet, Apple et Amazon ont largement battu les attentes des analystes. Néanmoins, Microsoft a perdu environ 3 % après la publication, en raison d’annonces d’investissements plus élevés qu’anticipé — notamment liés à OpenAI — et de perspectives jugées un peu en deçà de ce qu’espérait le marché sur l’IA.
- À l’inverse, Amazon progresse de 10 % après ses résultats. La très bonne réaction du marché s’explique essentiellement par la forte croissance d’AWS, qui a battu le consensus, portée par les besoins liés à l’IA.
- Meta a déçu sur le bénéfice par action (1,05 contre 6,68 attendu), mais a dépassé les attentes sur le chiffre d’affaires. Le mauvais BPA s’explique par un effet fiscal ponctuel : sans cet impact, le BPA aurait été au-dessus du consensus. Les perspectives restent correctes, mais jugées un peu justes au regard du niveau d’investissement dans l’IA.
- Enfin, Nvidia, qui publiera ses résultats trimestriels mercredi 19 novembre 2025 après la clôture, a franchi la barre des 5 000 milliards de dollars de capitalisation boursière la semaine dernière. C’est la première fois qu’une entreprise atteint ce niveau de valorisation. Pour mémoire, Nvidia avait dépassé les 4 000 milliards cet été. À elle seule, elle pèse aujourd’hui plus que les 50 plus grandes entreprises européennes. Derrière Nvidia, on retrouve Microsoft et Apple, chacune autour de 4 000 milliards de dollars, soit 1 000 milliards de moins.
Banques centrales 💰
- Malgré une inflation toujours au-dessus de sa cible et en l’absence de chiffres sur l’emploi, la Fed a décidé de baisser ses taux directeurs à 4 %. Néanmoins, Jerome Powell a averti les opérateurs de marché qu’une nouvelle baisse en décembre était « loin d’être acquise », ce qui a logiquement été plutôt mal accueilli par la Bourse. La banque centrale a rappelé qu’elle faisait face à un double risque : un risque haussier sur l’inflation et un risque baissier sur l’emploi. La décision de réduire les taux de 0,25 % n’a d’ailleurs pas fait consensus : Stephen Miran a de nouveau plaidé pour une baisse de 0,50 %, tandis que le président de la Fed de Kansas City, par exemple, aurait préféré un statu quo compte tenu du niveau de l’inflation. Le marché est ainsi passé d’une probabilité de baisse de taux de près de 90 % pour la réunion du 10 décembre à un peu moins de 70 % en l’espace d’environ une semaine. Par ailleurs, la Fed a annoncé qu’elle allait mettre fin à la réduction de son bilan. Celui-ci est passé d’environ 9 000 Md$ en 2022 à 6 600 Md$ ce mois-ci, soit encore quelque 2 000 Md$ de plus qu’avant la pandémie.
- Pour la troisième fois consécutive, la Banque centrale européenne a maintenu son taux de dépôt à 2 %. Cette décision était largement anticipée par les marchés et n’a donc pas eu d’impact significatif. Le Conseil des gouverneurs a de nouveau salué la robustesse du marché du travail et la solidité des bilans du secteur privé, deux éléments qui soutiennent la résilience de l’économie malgré un environnement mondial difficile. La BCE souligne toutefois une incertitude importante sur les perspectives, liée notamment aux différends commerciaux mondiaux et aux tensions géopolitiques. Le marché anticipe un statu quo pour la réunion du 17 décembre avec une probabilité d’environ 97 % ; les 3 % restants vont plutôt dans le sens d’une hausse que d’une baisse.
Performances 📊
- En euros, les actions internationales progressent de +1,4 % (+0,5 % en devises locales) sur la semaine. Les actions japonaises signent la meilleure performance et gagnent +2,8 % (en euros), suivies par les actions émergentes qui s’adjugent +1,8 %. Les actions américaines font également mieux que l’indice mondial avec une performance de +1,6 % en euros. En revanche, les actions de la zone euro reculent légèrement de –0,2 %.
Au niveau des secteurs mondiaux, la technologie progresse de +3,9 %, devant les biens de consommation discrétionnaire à +2,4 %, tandis que les télécommunications gagnent +1,4 %. À l’inverse, les matériaux reculent de –1,2 %, et les biens de consommation courante ainsi que l’immobilier perdent respectivement –2,4 % et –2,7 %. - Sur le marché obligataire, les taux remontent sur la semaine : le 10 ans américain progresse de 10 pb, de 4,00 % à 4,10 %. En Allemagne, le Bund 10 ans n’avance que de 2 pb, de 2,62 % à 2,64 %, et le CMS 10 ans de 1 pb, de 2,63 % à 2,64 %. Le spread OAT–Bund se réduit légèrement, passant de 81 pb à 78 pb.
- Du côté des matières premières, le pétrole cède environ –0,66 %, tandis que l’or perd –3 %. Enfin, sur le marché des changes, le dollar progresse face à l’euro, qui recule de 1,1626 à 1,1536.
À suivre cette semaine 💡
- C’est la première semaine du mois : nous aurons donc quelques chiffres de l’emploi aux États-Unis. Mais, shutdown oblige, nous n’aurons toujours pas les chiffres de l’emploi de l’administration américaine, pourtant les plus suivis. Nous devrons nous contenter du rapport JOLTS sur les nouvelles offres d’emploi de septembre et du rapport ADP sur les créations d’emplois privés d’octobre.
- Nous connaîtrons également les indicateurs avancés de type PMI ainsi que les chiffres de l’ISM. Seront publiés aussi l’évolution des commandes à l’industrie, les chiffres prévisionnels de la productivité du secteur non agricole au T3, ainsi que l’évolution du coût unitaire de la main-d’œuvre. Nous aurons en outre une première indication sur la croissance américaine au quatrième trimestre avec le GDPNow de la Fed d’Atlanta. Enfin, nous terminerons la semaine avec les chiffres prévisionnels de l’indice du Michigan, notamment les anticipations d’inflation à 5 ans et l’indice de confiance des consommateurs.
- En zone euro, nous suivrons également les PMI et l’évolution des ventes au détail pour le mois de septembre.
- Enfin, vendredi, nous prendrons connaissance de l’évolution de la balance commerciale chinoise en octobre.
- Les publications de résultats se poursuivent cette semaine, avec notamment Palantir lundi, AMD et Pfizer mardi, Novo Nordisk mercredi, puis AstraZeneca et Airbnb jeudi.
