Chaque lundi, notre équipe de Gestion analyse et commente les marchés financiers. Quelle est la situation sur la semaine passée ? Quelles actualités faut-il retenir?
Source : @Bloombeg LP
Des nouvelles du shutdown
Il y a peut-être enfin une porte de sortie au shutdown, qui a battu un nouveau record de durée la semaine dernière. Un accord a été trouvé au Sénat entre démocrates et républicains : il s’agit d’un accord provisoire permettant de financer le gouvernement jusqu’en janvier. Il prévoirait notamment un retour sur les licenciements de fonctionnaires intervenus pendant le shutdown, décidés par Donald Trump, ainsi que l’organisation d’un vote sur les aides pour les soins de santé. Ce texte doit encore être approuvé par la Chambre des représentants puis signé par Donald Trump.
Macroéconomie 🔎
- Aux États-Unis, attendu en légère hausse à 49,4, l’indice PMI manufacturier de l’ISM pour le mois d’octobre se contracte finalement et passe de 49,1 à 48,7. En revanche, le PMI manufacturier de S&P Global surprend positivement en progressant de 52,2 à 52,5. La dynamique est inverse sur les chiffres non manufacturiers : l’indice PMI non manufacturier de l’ISM a été publié nettement au-dessus des attentes, à 52,4 contre 50,7 attendu et 50 en septembre, alors que le PMI des services d’octobre selon S&P Global ressort à 54,8, en hausse par rapport aux 54,2 de septembre mais sous les estimations à 55,2. L’indice PMI composite de S&P Global pour octobre s’établit ainsi en hausse à 54,8 contre 54,2 en septembre, mais en deçà des attentes à 55,2.
- La première estimation du PIB du quatrième trimestre, via le « GDPNow » de la Fed d’Atlanta, pointe vers une croissance prévisionnelle de +4 %.
- Concernant le marché de l’emploi, les créations d’emplois non agricoles de l’ADP pour le mois d’octobre ont été publiées au-dessus des attentes, avec 42 000 créations d’emplois contre 32 000 attendues. Le chiffre du mois de septembre a été révisé en hausse, faisant désormais état de 29 000 destructions d’emplois contre 32 000 précédemment annoncées.
- Le chiffre prévisionnel des anticipations d’inflation à 5 ans de l’indice du Michigan s’établit à 3,6 % après 3,9 % en septembre et des attentes à 3,8 %. En revanche, l’indice de confiance des consommateurs recule plus qu’anticipé, à 50,3 contre 53 attendu et 53,6 en octobre.
- En zone euro, comme prévu, le PMI manufacturier pour le mois d’octobre reste stable à 50. Du côté des bonnes surprises, alors qu’il était attendu en légère baisse, le PMI manufacturier français reste stable à 48,8. Le PMI des services, quant à lui, surprend positivement en étant publié à 53 contre 52,6 attendu et 51,3 en septembre. L’indice PMI composite de S&P Global pour la zone euro ressort ainsi à 52,5 contre 52,2 attendu et 51,2 en septembre. Les ventes au détail de la zone euro, qui étaient attendues en légère hausse de +0,2 %, se contractent finalement de –0,1 % en septembre.
- En Chine, la balance commerciale se dégrade très légèrement alors qu’elle était attendue en expansion. Elle s’établit à 90,07 milliards de dollars en octobre, contre 90,45 milliards en septembre et 96,9 milliards anticipés. Les importations n’augmentent que de 1 % contre 3,2 % attendus et 7,4 % en septembre, tandis que les exportations reculent de 1,1 %, alors qu’elles étaient attendues en hausse de 3 % après une progression de 8,3 % en septembre.
Point sur les résultats
- Concernant les résultats hebdomadaires, six sociétés nous paraissent particulièrement intéressantes à analyser.
- Palantir a battu les prévisions des analystes et publié des résultats très solides, mais a souffert du climat de doute qui a pesé cette semaine sur les valeurs liées à l’IA.
- AMD a également battu les attentes mais a légèrement déçu sur ses projections, ce qui s’est traduit par une baisse de son cours de Bourse.
- Pfizer a annoncé des résultats en baisse au troisième trimestre, en raison de la diminution des traitements anti-Covid, mais cette évolution avait été largement anticipée par les analystes.
- Novo Nordisk a publié des résultats en dessous des attentes et a, pour la quatrième fois cette année, abaissé ses objectifs.
- AstraZeneca a, de son côté, publié des résultats supérieurs aux attentes et confirmé ses prévisions pour l’année 2025.
- Enfin, Airbnb a publié des résultats faisant apparaître un bénéfice par action inférieur aux attentes, mais un chiffre d’affaires supérieur aux prévisions. La société a en outre communiqué des perspectives très solides pour le quatrième trimestre, ce qui a été salué par le marché.Banques centrales 💰
- Malgré une inflation toujours au-dessus de sa cible et en l’absence de chiffres sur l’emploi, la Fed a décidé de baisser ses taux directeurs à 4 %. Néanmoins, Jerome Powell a averti les opérateurs de marché qu’une nouvelle baisse en décembre était « loin d’être acquise », ce qui a logiquement été plutôt mal accueilli par la Bourse. La banque centrale a rappelé qu’elle faisait face à un double risque : un risque haussier sur l’inflation et un risque baissier sur l’emploi. La décision de réduire les taux de 0,25 % n’a d’ailleurs pas fait consensus : Stephen Miran a de nouveau plaidé pour une baisse de 0,50 %, tandis que le président de la Fed de Kansas City, par exemple, aurait préféré un statu quo compte tenu du niveau de l’inflation. Le marché est ainsi passé d’une probabilité de baisse de taux de près de 90 % pour la réunion du 10 décembre à un peu moins de 70 % en l’espace d’environ une semaine. Par ailleurs, la Fed a annoncé qu’elle allait mettre fin à la réduction de son bilan. Celui-ci est passé d’environ 9 000 Md$ en 2022 à 6 600 Md$ ce mois-ci, soit encore quelque 2 000 Md$ de plus qu’avant la pandémie.
- Pour la troisième fois consécutive, la Banque centrale européenne a maintenu son taux de dépôt à 2 %. Cette décision était largement anticipée par les marchés et n’a donc pas eu d’impact significatif. Le Conseil des gouverneurs a de nouveau salué la robustesse du marché du travail et la solidité des bilans du secteur privé, deux éléments qui soutiennent la résilience de l’économie malgré un environnement mondial difficile. La BCE souligne toutefois une incertitude importante sur les perspectives, liée notamment aux différends commerciaux mondiaux et aux tensions géopolitiques. Le marché anticipe un statu quo pour la réunion du 17 décembre avec une probabilité d’environ 97 % ; les 3 % restants vont plutôt dans le sens d’une hausse que d’une baisse.
Performances 📊
- Avec le shutdown — dont le précédent record, déjà détenu par une administration Trump, a été battu — la Fed ne dispose plus de données officielles récentes sur l’emploi ni sur l’inflation. Même certaines données privées se retrouvent impactées, le rapport JOLTS n’ayant, par exemple, pas été publié la semaine dernière. Dans ce contexte, même si Stephen Miran continue de plaider pour des baisses de taux, notamment parce que, selon lui, l’importance croissante des stablecoins et de la demande en obligations américaines associées ferait diminuer le taux neutre d’environ 0,4 %, l’incertitude plane pour la réunion de décembre. D’après l’outil CME FedWatch, le marché anticipe une baisse des taux pour la réunion du 10 décembre avec une probabilité de 66,5 %, soit 3,5 points de plus que la semaine précédente.
- La BCE, de son côté, se dit satisfaite du niveau actuel des taux d’intérêt et considère que si l’inflation — qui est restée légèrement au-dessus de l’objectif pendant une grande partie de l’année — devait passer sous les 2 % en 2026, ce mouvement ne serait que temporaire. La probabilité d’une baisse des taux en décembre est jugée quasi nulle par les marchés, et reste très faible (autour de 10 % pour le moment) pour la mi-2026. Enfin, Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE, a indiqué que la banque centrale n’était pas prête de reprendre ses achats de dettes pour injecter de la liquidité dans le système bancaire. Selon elle, il faut continuer de réduire le stock d’obligations accumulé avant d’envisager de nouveaux achats, et ces derniers devraient se concentrer sur des maturités courtes afin de limiter les pertes potentielles en cas de remontée des taux d’intérêt.
À suivre cette semaine 💡
- Peu de chiffres macroéconomiques sont attendus cette semaine aux États-Unis. Nous aurions dû prendre connaissance des chiffres d’inflation mais, en raison du shutdown, il est vraisemblable qu’ils ne seront pas publiés. Nous nous contenterons donc du GDPNow de la Fed d’Atlanta, qui devrait continuer à indiquer une croissance d’environ 4 % au quatrième trimestre.
- En zone euro, nous prendrons connaissance des indices ZEW du sentiment économique en Allemagne et en zone euro, tous deux attendus en légère hausse par rapport au mois d’octobre. Nous disposerons également des chiffres prévisionnels de PIB pour le troisième trimestre, avec une croissance attendue de 0,2 % sur le trimestre, soit une croissance annuelle stable à +1,3 % en rythme annuel. En France, nous prendrons connaissance des chiffres d’inflation pour le mois d’octobre, avec une inflation attendue en baisse à 1 % en glissement annuel.
- Enfin, concernant les résultats d’entreprises, nous suivrons particulièrement cette semaine les publications de SoftBank, Cisco, Tencent et Alibaba.
