Nicolas Perot image de profil Nicolas Perot

Peut-on avoir plusieurs assurances-vie ?

Peut-on avoir plusieurs assurances-vie ?
Pressé ? Voici les points clés à retenir
  • Oui, vous pouvez détenir plusieurs contrats. Il n'existe aucune limite au nombre de contrats d’assurance-vie que vous pouvez détenir.
  • Chaque contrat est une enveloppe juridique distincte, avec sa propre fiscalité, sa clause bénéficiaire, son antériorité et ses modalités de gestion.
  • La multi-détention permet d’optimiser :
    - la fiscalité des rachats (via l’usage différencié des abattements post-8 ans),
    - la fiscalité successorale (via la séparation des flux avant/après 70 ans),
    - la stratégie de transmission (par clauses individualisées ou démembrements isolés).
  • Elle permet aussi une gestion du risque par contrat (allocation d’actifs différente, gestion libre ou pilotée…).
  • Diversifier les assureurs réduit le risque de concentration vis-à-vis du FGAP (plafond de 100 000 € par assureur).
  • Certains montages patrimoniaux complexes (transmission hors héritiers, acceptation différée, clauses à options) sont plus sûrs juridiquement avec un contrat dédié.

On entend souvent dire : "J'ai déjà une assurance-vie, cela me suffit." Pourtant, posséder plusieurs contrats peut être très avantageux.

Détenir plusieurs contrats d’assurance-vie n’est ni un luxe, ni une lubie : c’est souvent une excellente décision patrimoniale.

Faisons le point sur le sujet !

I. Peut-on légalement détenir plusieurs assurances-vie ?

Oui. La loi française (Code des Assurances) n’impose aucun plafond au nombre de contrats d’assurance-vie qu’un même souscripteur peut détenir. 

Un épargnant peut ainsi ouvrir deux, trois, cinq, voire dix contrats auprès d’un ou plusieurs assureurs, sans limitation ni justification particulière.

Chaque contrat est juridiquement indépendant. Il dispose de ses propres paramètres :

  • date d’effet (qui sert de référence pour la fiscalité des rachats),
  • mode de gestion (libre, pilotée, sous mandat),
  • supports d’investissement (fonds euros, unités de compte, SCPI…),
  • clause bénéficiaire,
  • historique des versements,
  • conditions générales.

Pas de plafond de versement global

Une autre confusion fréquente concerne le montant investi. Contrairement à d’autres produits d’épargne réglementés (comme le Livret A ou le PEA), l’assurance-vie n’a aucun plafond de versement ou d’encours.

Il est possible de verser 5 000 €, 500 000 € ou 5 millions d’euros sur un ou plusieurs contrats. Seuls les avantages fiscaux à la sortie (en cas de rachat ou de décès) sont plafonnés.

II. Pourquoi détenir plusieurs contrats ? 8 exemples d’usage

Détenir plusieurs contrats d’assurance-vie est souvent une stratégie judicieuse et efficace

Voici les grandes familles d’avantages, avec des exemples concrets.

1. Gérer plusieurs projets sans interférence

Ouvrir un contrat dédié à chaque objectif permet de cloisonner vos projets patrimoniaux. Cela rend votre gestion plus lisible et plus disciplinée.

  • Un contrat pour la retraite, géré à long terme, avec une majorité de supports dynamiques (UC, ETF, immobilier…).
  • Un contrat pour financer les études des enfants dans 10 ans, avec une allocation progressivement sécurisée.
  • Un contrat pour une transmission spécifique à un bénéficiaire particulier (ex : une nièce handicapée).

Chacun peut avoir :

  • sa propre gestion (libre, pilotée, à horizon),
  • son propre risque,
  • sa propre clause bénéficiaire,
  • sa propre stratégie de versements ou de retraits.

👉 Cela évite les conflits d’objectifs dans un contrat unique, et permet de personnaliser votre épargne par projet. 

Exemple : chez Yomoni, vous pouvez ouvrir : 

Différents objectifs, différents usages, différents contrats ! Vous pouvez également ouvrir plusieurs fois le même contrat.

Les supports de placements présentent un risque de perte en capital.

2. Diversifier les assureurs pour limiter les risques

Le Fonds de Garantie des Assurances de Personnes (FGAP) couvre les contrats jusqu’à 100 000 € par déposant et par assureur en cas de défaillance.

Si vous avez un contrat à 300 000 € chez un seul assureur, 200 000 € sont théoriquement non garantis.

Avoir plusieurs contrats chez des assureurs distincts permet de :

  • fragmenter le risque (juridique, opérationnel, financier),
  • bénéficier de conditions spécifiques à chaque acteur (supports, fonds euros, unités de compte innovantes),
  • garder une agilité en cas de gel d’un contrat.

Certains contrats d’assurance-vie, dits "collectifs," sont distribués par des courtiers ou plateformes mais adossés à un contrat de groupe auprès d'un assureur. Il est important de noter que la garantie du FGAP s'applique par assureur, et non par distributeur.

D’où l’intérêt, parfois, de choisir des contrats gérés par des assureurs différents.

3. Profiter de conditions plus avantageuses et modernes

Un contrat ancien, ouvert il y a 15 ans, est fiscalement intéressant. Cependant, il est souvent dépassé technologiquement : son interface client peut être obsolète, les frais de gestion et d’arbitrage élevés, et la gamme de supports limitée.

Ouvrir un nouveau contrat moderne, chez un acteur digital, vous permet de :

  • profiter de frais réduits (souvent 0 % d’entrée et < 1 % de frais de gestion),
  • accéder à des ETF indiciels, absents des anciens contrats,
  • déléguer la gestion via une gestion pilotée profilée.

Faut-il pour autant fermer votre ancien contrat ? À vous de voir. Il peut être conservé pour son antériorité fiscale, tant que le nouveau n’a pas atteint les 8 ans. Si les unités de compte référencées sont coûteuses et peu efficaces, vous pouvez dédier ce contrat à l’épargne sans risque (fonds en euros).

Mais si vous estimez qu’il est irrécupérable, n’hésitez pas à le fermer tout simplement. Veillez toujours à optimiser les abattements annuels afin de ne pas être pénalisé fiscalement sur vos retraits.

4. Adapter les clauses bénéficiaires précisément

Chaque contrat permet une clause bénéficiaire indépendante, rédigée, modifiée ou acceptée sans notaire. C’est un levier souvent sous-estimé pour personnaliser la transmission, y compris en dehors du cercle familial classique.

Plutôt que de tout centraliser dans une clause générique, la multi-détention vous permet de segmenter :

  • Contrat 1 : clause standard « mon conjoint, à défaut mes enfants vivants ou représentés, par parts égales »
  • Contrat 2 : clause spécifique « ma fille Camille à 100 % »
  • Contrat 3 : clause démembrée « mon conjoint usufruitier, mes enfants nus-propriétaires »

Cette segmentation vous permet de :

  • adapter les montants transmis selon les besoins ou les situations,
  • éviter les tensions successorales, en dissociant les logiques patrimoniales,
  • changer les bénéficiaires d’un contrat sans toucher aux autres, ce qui renforce votre liberté.
💡
Une transmission confidentielle et rapide

Puisque les versements aux bénéficiaires se déroulent hors succession, la transmission se fait de façon discrète, ce qui peut être un avantage si tel est le souhait du souscripteur. En outre, cette transmission est souvent plus rapide que via l'héritage classique chez le notaire.

5. Clarifier les régimes fiscaux applicables

En matière de transmission, l’âge auquel vous effectuez les versements est aussi important que le montant transmis. Deux régimes coexistent :

  • Versements avant 70 ans : abattement de 152 500 € par bénéficiaire (article 990 I du CGI), puis taxation à 20 % (puis 31,25 %).
  • Versements après 70 ans : abattement global de 30 500 € tous bénéficiaires confondus, puis taxation selon les droits de succession sur les primes, mais pas sur les plus-values.

Pourquoi c’est clé en multi-détention

Imaginez un contrat unique, ouvert à 65 ans et alimenté en continu jusqu'à 75 ans. En cas de décès, il faudra déterminer la part de chaque versement selon l’âge auquel il a été effectué. Cette démarche peut s'avérer complexe et sujette à contestation, notamment s’il y a eu des arbitrages.

💡
Avant/après 70 ans : simplifiez-vous la vie

En ouvrant un contrat dédié après 70 ans, vous isolez clairement les versements concernés. Cela facilitera le travail du notaire ou de l'assureur et évitera toute erreur de taxation.

6. Ouvrir un contrat au nom de vos enfants

Un enfant mineur peut être titulaire d’un contrat d’assurance-vie, à condition que l’un de ses représentants légaux (parent ou tuteur) agisse en son nom. 

Le contrat est alors juridiquement distinct de celui des parents.

Pourquoi ouvrir un contrat dédié à un enfant : 

  • Anticiper un projet futur (études, achat immobilier).
  • Figer une antériorité fiscale dès l’enfance.
  • Transmettre sans donation directe (via le rôle du bénéficiaire, ou la donation de contrat ultérieurement).

Astuce fiscale : Dans une logique de donation partielle, vous pouvez alimenter un contrat ouvert au nom de l’enfant, en appliquant aux versements les abattements pour don manuel (31 865 € tous les 15 ans par parent et par enfant).

Notre assurance-vie pour enfant | Yomoni Kids

Découvez Yomoni Kids, noter assurance-vie dédiée aux mineurs

7. Démembrer certains contrats

Le principe

La clause bénéficiaire peut aussi se démembrer.
Dans ce montage, vous désignez un usufruitier (ex : votre conjoint) et des nus-propriétaires (vos enfants). L’usufruitier percevra les revenus du contrat (par arbitrage ou rachat), tandis que les nus-propriétaires ne recevront le capital qu’au décès de l’usufruitier.

Pourquoi démembrer un contrat spécifique

Ce type de clause est complexe à gérer. 

Pour éviter toute confusion, il est recommandé de :

  • la limiter à un seul contrat dédié à cette stratégie,
  • rédiger une clause très claire (avec l’aide d’un notaire),
  • veiller à une bonne répartition des capitaux (car le démembrement limite les rachats futurs).

8. Disposer de plusieurs poches dans lesquelles effectuer ses rachats partiels

Détenir plusieurs contrats d’assurance-vie, chacun disposant de leur histoire et de leur plus-value latente, c’est disposer de plusieurs sources de liquidité permettant, dans certains cas, d’optimiser la fiscalité sur les retraits.

Voici un exemple :

  • Mme Durand, 63 ans, retraitée, possède une épargne de 500 000 € en assurance-vie.
  • Objectif : retirer 24 000 € par an (2 000 €/mois), tout en minimisant l’impôt.

Scénario A - Un seul contrat

  • Contrat ouvert il y a 9 ans.
  • Plus-values latentes : 200 000 € (le contrat comporte donc 200 000 € de gains et 300 000 € de capital, soit 40% de gains et 60% de capital).
  • Aucun retrait n’a déjà eu lieu. Un nouveau retrait sera donc ventilé dans la même proportion.

À l’échelle du contrat

Pour un retrait de 24 000 €

Capital

300 000 €

14 400 €

Gains

200 000 €

9 600 €

Valeur totale

500 000 €

24 000 €

Conséquences : 

  • Sur un retrait de 24 000 €, 9 600 € sont considérés comme des gains. 
  • L’abattement étant de 4 600 € par an (personne seule), 5 000 € seront imposés (à 7,5% + 17,2 % ou 30% selon les cas).
  • Fiscalité : environ 1 500 €

Scénario B - Deux contrats ouverts à des dates différentes

  • Contrat A : 200 000 € ouvert depuis 12 ans
  • Contrat C : 300 000 € ouvert il y a 2 ans, mais sans gains significatifs

Nous supposerons que le Contrat A comporte la même ventilation du capital et des gains que dans le premier scénario, et que le Contrat B n’a progressé que de 5% environ (répartition 95% de capital, 5% de gains).


Répartition du contrat A

Répartition du contrat B

Capital

120 000 €

285 000 €

Gains

80 000 €

15 000 €

Valeur totale

200 000 €

300 000 €

Grâce à cette répartition, Mme Durand peut :

  • Privilégier le contrat A pour atteindre le plafond d’abattement annuel (4 600 € de gains exonérés),
  • Ne retirer sur le contrats B que si nécessaire, et dans une proportion calibrée,
  • Ainsi maîtriser la fiscalité, contrat par contrat, selon les performances et les besoins.

Retrait sur le contrat A

Retrait sur le contrat B

Capital

11 400

7 600 €

Gains

4 600

400 €

Total retiré

16 000 €

8000 €

Conséquence :

  • Les retraits sur le contrat A entrent arrivent juste au plafond de l’abattement annuel.
  • Le contrat B n’ayant que peu de performances, la fiscalité sera très faible (même si le contrat n’est pas encore mature fiscalement).
  • Fiscalité : Flat Tax sur 400 €, soit 120 €.

IV. Les erreurs fréquentes à éviter

Multiplier les assurances-vie est une stratégie puissante… à condition de bien la maîtriser. Mal utilisée, elle peut rapidement devenir source de complexité inutile, de surcoûts cachés, voire de blocages juridiques ou fiscaux.

Voici les erreurs les plus courantes.

1. Multiplier les contrats sans stratégie claire

Beaucoup d’épargnants ouvrent plusieurs contrats au fil du temps, sans réel plan : un contrat en agence pour faire plaisir au banquier et faciliter un emprunt immobilier, un autre sur une plateforme en ligne pour profiter d’une prime de bienvenue, un petit contrat pour « tester »… 

Résultat : un empilement peu lisible, mal suivi, sans cohérence d’ensemble.

  • Les profils d’investissement se contredisent,
  • Les contrats récents sont sous-alimentés,
  • Les anciens contrats, coûteux, ne sont jamais remis en question.

Ce qu’il faut faire : 

Structurer son portefeuille d’assurances-vie de façon dynamique et cohérente.

2. Répliquer les mêmes supports dans tous les contrats

Une erreur fréquente est de choisir les mêmes placements (fonds actions, SCPI, ETF) pour tous vos contrats. Cela peut donner une illusion de diversification et augmenter vos risques au lieu de les réduire.

Exemple : 

  • Trois contrats contenant le même fonds en euros.
  • Trois contrats exposés au même ETF Monde (MSCI World).
  • Trois SCPI différentes, mais sur le même secteur (bureaux parisiens).

Ce qu’il faut faire : penser complémentarité, pas duplication. Un contrat peut porter votre poche obligataire sécurisée, un autre votre exposition actions monde, un troisième votre stratégie immobilière.

Assurance-vie Immobilier | Yomoni
Nous vous préparons le meilleur de l’immobilier, sans les contraintes. Dès 1000€, sans frais d’entrée et sans papier, préparez-vous à investir dans la ville de demain en quelques clics.

Les investissements immobiliers présentent un risque de perte en capital.

3. Oublier ses clauses bénéficiaires

La clause bénéficiaire est le cœur successoral de l’assurance-vie. Et pourtant, elle est souvent laissée dans l’état d’origine, parfois pendant des décennies.

  • Ancien conjoint non modifié.
  • Formulation floue : « mes héritiers » (pas toujours optimal).
  • Pas d’actualisation en cas de naissance, de divorce, de remariage.

Pire : certains bénéficiaires acceptent formellement leur désignation, rendant le contrat irrévocable, sans que le souscripteur s’en rende compte.

Ce qu’il faut faire :

  • Réviser vos clauses bénéficiaires au moins tous les 3 à 5 ans, ou après tout événement familial majeur.
  • Prévoir une formulation précise, souple, évolutive (ex : "mon conjoint, à défaut mes enfants vivants ou représentés, par parts égales").
  • Isoler les clauses sensibles (démembrement, acceptation) sur un contrat dédié.

4. Conserver un contrat obsolète ou trop coûteux

Les contrats anciens ne sont pas toujours des « trésors fiscaux ». Certains cumulent :

  • frais d’entrée élevés (1 à 5 % prélevés à chaque versement),
  • frais de gestion élevés (1 % ou plus),
  • arbitrages payants (parfois jusqu’à 50 € par opération),
  • interface pénible à utiliser, recours au papier pour certaines opération,
  • absence d’unités de compte à faibles frais.

Même avec une bonne antériorité fiscale, ces frais pénalisent les performances sur le long terme.

Ce qu’il faut faire :

  • Faire un audit : quels sont les frais réels de votre contrat ? Quelle est sa performance nette ? Quels supports propose-t-il ?
  • Si le contrat est performant, le conserver. Sinon, geler les versements, retirer progressivement et ouvrir un nouveau contrat plus moderne et compétitif.

5. Oublier de transmettre les informations aux bénéficiaires

L’assurance-vie n’est pas automatiquement intégrée au circuit notarial. En cas de décès, si l'existence d'un contrat n'est pas connue, son traitement peut être retardé. 

Certes, le fichier Ficovie regroupe les informations sur tous les contrats, mais son utilisation peut être lente et complexe. Et, les assureurs ne font pas de miracle : ils doivent être tenus informés du décès pour verser les fonds.

Ce qu’il faut faire :

  • Informer une personne de confiance de l’existence de vos contrats.
  • Noter les références dans un document patrimonial ou une lettre au notaire.
  • Dans les cas sensibles : rédiger un testament ou un pacte adjoint pour encadrer les intentions.

V. Jurisprudences autour de la multi-détention de contrats d’assurance-vie

L’assurance-vie jouit d’un régime fiscal et civil très favorable, mais cette singularité attire aussi l’attention du fisc… et des héritiers. Une gestion mal préparée peut donner lieu à des contentieux coûteux, longs et pénibles, y compris au sein des familles.

1. Requalification en donation indirecte

Le principe

L’administration fiscale peut requalifier un contrat d’assurance-vie en donation indirecte dans certaines circonstances, notamment lorsque :

  • les primes sont manifestement exagérées par rapport au patrimoine ou aux revenus du souscripteur,
  • l’âge du souscripteur et son état de santé rendent la souscription suspecte,
  • la gestion du contrat démontre une intention de transmettre immédiatement (ex : acceptation rapide par le bénéficiaire + rachat anticipé par ce dernier).

Exemple

Peu de temps avant sa mort, un homme gravement malade a souscrit trois contrats d’assurance-vie en désignant son héritière comme bénéficiaire.

Cette dernière n’a pas déclaré les sommes perçues dans la déclaration de succession, s’agissant d’une assurance-vie. Cependant, l’administration fiscale a requalifié les versements en donation indirecte, l’exposant au paiement de droits de succession (Cour de cassation, chambre commerciale, 26 octobre 2010, pourvoi n° 09-70927).

👉
Une ouverture tardive de contrats d'assurance-vie peut être perçue comme suspecte. Prenez date tôt !

2. Primes manifestement exagérées : une clause floue mais sanctionnée

Le principe

L’exagération des primes ne repose sur aucun seuil précis, mais s’apprécie au cas par cas selon trois critères :

  1. Les revenus et le patrimoine du souscripteur,
  2. Son âge et son espérance de vie,
  3. L’utilité du contrat (épargne ou pur outil de transmission ?)

Exemple

  • Un retraité percevant 2 000 € de pension verse 250 000 € sur un contrat à 88 ans, sans autre but apparent que de transmettre à un neveu : le fisc conteste.
  • À l’inverse, un entrepreneur de 70 ans qui verse 500 000 € issus d’une cession d’entreprise sur un contrat orienté ETF, dans une optique de gestion à long terme, n’est pas inquiété.

Plus que les montants, le critère principal retenu par la jurisprudence est de plus en plus fréquemment celui de l’utilité pour le souscripteur (Cour de cassation 1ère chambre civile, 19 mars 2014 n°13-12076).

3. Acceptation du bénéficiaire : un caractère irréversible

Lorsqu’un bénéficiaire accepte formellement sa désignation, le contrat devient irrévocable.

  • Le souscripteur ne peut plus modifier la clause bénéficiaire,
  • Il ne peut plus racheter le contrat sans l’accord du bénéficiaire,
  • Il perd le contrôle du capital investi.
👉
D’où l’intérêt, encore une fois, de réserver les clauses sensibles à des contrats distincts, afin de préserver la souplesse des autres contrats.

4. Conflits familiaux entre héritiers et bénéficiaires

L’assurance-vie est hors succession… mais cela ne veut pas dire qu’elle est hors conflit.

Les enfants « déshérités » par un contrat d’assurance-vie (ou simplement mal informés) peuvent :

  • contester la clause bénéficiaire sur la base de l’article L132-13 du Code des assurances,
  • engager une procédure pour atteinte à la réserve héréditaire,
  • demander l’annulation d’un contrat qu’ils estiment abusif ou irrégulier.

Même si le bénéficiaire est dans son droit, ces procédures gèlent les capitaux pendant plusieurs mois, voire plusieurs années.

👉
Une gestion bien segmentée, avec des contrats d'assurance-vie dédiés, peut limiter ce risque car le litige ne portera que sur un seul contrat.

Et maintenant ?

Si vous détenez déjà une assurance-vie, il peut être utile de :

  • faire un bilan complet de vos contrats existants,
  • identifier ce qui est encore pertinent… et ce qui l’est moins,
  • envisager l’ouverture d’un contrat complémentaire, mieux adapté à vos nouveaux objectifs,
  • ou tout simplement de documenter et sécuriser votre stratégie existante.

La détention de plusieurs contrats d’assurance-vie est un outil de structuration patrimoniale à part entière, à condition de veiller à la cohérence de l’ensemble.


FAQ et idées reçues sur la multi-détention d’assurance-vie

Peut-on avoir plusieurs assurances-vie chez le même assureur ?

Oui.

Vous pouvez ouvrir plusieurs contrats auprès du même assureur, avec des objectifs différents (retraite, transmission, projet immobilier…). Cela peut être utile pour séparer les clauses bénéficiaires ou distinguer des profils de gestion. Mais attention : la garantie du FGAP (Fonds de Garantie des Assurances de Personnes) reste limitée à 100 000 € par assureur.

Ouvrir un contrat avec une petite somme, est-ce utile ?

Oui.

Dans une logique d’anticipation fiscale. Même avec un faible montant, ouvrir un contrat dès maintenant permet de faire courir le délai de 8 ans. Ce contrat pourra ainsi offrir un abattement sur les gains futurs à partir de sa date anniversaire.

Est-ce que ça complique la succession ?

Non.

Si tout est bien documenté, un contrat = une clause bénéficiaire = une stratégie claire. Mieux vaut plusieurs contrats bien organisés qu’un contrat unique mal suivi. L’existence du fichier Ficovie permet d’identifier tous les contrats en cas de décès, mais un suivi écrit et une information des proches restent essentiels.

Peut-on transférer une assurance-vie vers un autre assureur ?

Non.

Contrairement au PER (Plan d’Épargne Retraite), il n’existe pas de portabilité entre contrats d’assurance-vie. Pour changer d’assureur, il faut ouvrir un nouveau contrat, et éventuellement effectuer un rachat partiel ou total de l’ancien. Attention, cela peut remettre à zéro l’antériorité fiscale.

Faut-il fermer un ancien contrat pour en ouvrir un nouveau ?

Pas forcément.

Un contrat ancien a souvent une meilleure antériorité fiscale (plus de 8 ans), ce qui lui donne accès aux abattements annuels sur les gains. Même si ses supports sont moins modernes, il peut continuer à jouer un rôle utile. Il est souvent préférable de le conserver, tout en ouvrant un nouveau contrat complémentaire.

Peut-on cumuler plusieurs fonds en euros ?

Oui.

Chaque contrat propose généralement son propre fonds en euros, avec ses règles de rendement et de sécurisation. Avoir plusieurs contrats vous permet de diversifier vos fonds en euros, ou d’en profiter à différents moments (certains sont fermés aux nouveaux versements).

Est-ce plus coûteux ?

Non.

En assurance-vie, les frais sont généralement variables. Il n’est donc pas pénalisant de détenir plusieurs contrats, même si leur encours est faible.

Nicolas Perot image de profil Nicolas Perot
CONTRIBUTEUR EXTERNE. Nicolas a passé 15 ans dans la gestion d'actifs et la finance d'entreprise. Il aime partager son expertise de façon pédagogique.

Obtenez votre recommandation personnalisée en moins de 2 minutes

Recevez jusqu'à 2000€ directement sur votre compte courant avec le code YOMOVIE pour toute première souscription à une assurance-vie Yomoni.
Offre valable du 02/04/2025 au 30/06/2025. Voir conditions

Les supports d'investissement présentent un risque de perte en capital.

Mockup Yomoni App