Il faut bien distinguer la faillite de SVB, Signature, Silvergate et les difficultés de Crédit Suisse. Concernant la faillite des 3 banques américaines, cela a mis en lumière le fait que les banques américaines de taille moyenne n’avaient pas provisionné les pertes de leurs portefeuilles obligataires suite à la remontée des taux. Elles ne l’avaient pas fait, car, contrairement aux grosses banques américaines, elles n’étaient pas tenues de le faire. En effet, en 2017, sous l’impulsion de Donald Trump, la FED avait allégé la réglementation bancaire pour les petites et moyennes banques concernant les fonds propres du fait que les faillites de ces dernières ne présentaient pas de risques systémiques. Ce changement de réglementation avait pour but de stimuler la croissance.
L’intervention très rapide des autorités américaines a permis de limiter le risque de contagion aux autres banques américaines et d’éviter un bank run, c’est-à-dire un retrait massif des dépôts des clients qui conduit à de nouvelles faillites. Cependant, ces faillites devraient pousser la FED à limiter la hausse de ses taux directeurs des prochains mois.
En Europe, les craintes se concentrent sur Crédit Suisse. En effet, la banque a elle-même évoqué, via son rapport annuel, des défaillances dans la mise en place d’un processus d’évaluation des risques concernant les comptes pour les exercices 2021 et 2022. Ses faiblesses substantielles avaient forcé la banque à décaler la publication de son rapport annuel. Les craintes des investisseurs ont été accentuées par le fait que le principal actionnaire de la banque, la Saudi National Bank, a exclu d’apporter son aide.
Hier, 16 mars, les marchés financiers n’écartaient pas une potentielle faillite de la banque Suisse et une contagion de grande ampleur au système bancaire mondial.
Dans la soirée, les autorités suisses ont été contraintes d’afficher leur soutien à Crédit Suisse. La Finma (le superviseur suisse) ainsi que la banque centrale suisse ont annoncé qu’en cas de besoin de liquidités, la banque nationale suisse pourrait en mettre à disposition. Crédit Suisse a immédiatement accepté ce soutien et a indiqué souhaiter emprunter 50 milliards de francs suisses, soit 51 milliards d'euros.
Ces 2 évènements bien distincts ont cependant 2 points communs : la confiance envers le secteur financier est fortement dégradée et il est possible que les bilans des banques ne soient peut-être pas aussi sains que ce que les investisseurs pensaient.
Contrairement à la crise des subprimes, les autorités financières ont réagi très rapidement afin d’éviter toute contagion même s’il est encore trop tôt pour évaluer l’impact de ces réactions.
Quel impact pour les portefeuilles Yomoni ?
La poche actions de nos portefeuilles, même avec une surexposition aux actions américaines, est impactée par les craintes sur le secteur bancaire européen et une méfiance accrue envers l’économie.
En revanche, les obligations remplissent parfaitement leur rôle de valeurs refuges. Nos portefeuilles diversifiés profitent de la hausse du marché obligataire, car les investisseurs pensent que les banques centrales pourraient ne pas remonter les taux directeurs aussi vite que prévu.
L’équipe de gestion a décidé de ne pas réagir à chaud aux évènements récents et de ne pas prendre de décision de gestion dans des marchés aussi volatils. Cependant, un comité de gestion aura lieu très rapidement pour évaluer la situation et prendre les meilleures décisions afin de protéger au mieux votre épargne.
Mise à jour du lundi 20 mars 2023
Le verdict pour Crédit Suisse est tombé. Cinq jours après avoir communiqué sur des défaillances de contrôle interne, Crédit se voit proposer par sa grande rivale UBS une offre de rachat de 3 milliards de francs suisses, soit la moitié de sa valeur boursière de vendredi.
Cette offre d’achat, orchestrée par les autorités suisses et sous la pression de ses homologues étrangers, permet le sauvetage de la faillite d’une banque systémique, c’est-à-dire une banque dont la faillite aurait ébranlé la stabilité financière de l’économie mondiale.
UBS devrait racheter Crédit Suisse à des conditions très favorables en obtenant notamment une garantie de 9 milliards de francs de l’Etat suisse pour couvrir les risques de l’opération. Après avoir été sauvée par l’Etat lors de la crise financière de 2008, c’est au tour d’UBS de venir en aide au système financier.