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Pourquoi nous avons cessé d'investir sur les matières premières

Pourquoi nous avons cessé d'investir sur les matières premières

Jusqu'à la fin de l'année 2019, nous investissions une partie de votre argent sur des ETF qui suivent le prix des matières premières. L'allocation dans les matières premières est désormais nulle et nous n'envisageons plus, à l'avenir, de détenir cette classe d'actifs.

Voici les raisons de cette décision.

Un risque mal rémunéré

Pour étudier l’intérêt d’intégrer (ou non) des matières premières dans les allocations stratégiques de nos portefeuilles, nous avons analysé le couple rendement/risque d'un panier de matières premières et de l’or sur longue période (depuis 2009), et nous les avons comparés à ceux d’un fonds en euros, d’un portefeuille équilibré (composé de 50% d’actions internationales et de 50% d’obligations européennes), et d’un portefeuille investi en actions internationales.

Nous pouvons observer sur ce graphique que les couples rendement/risque de ces deux classes d’actifs ont été inférieurs sur le long terme à ceux des classes d’actifs qui composent nos portefeuilles (fonds en euros, obligations européennes et actions internationales).

  • Le panier de matières premières a été quasiment aussi volatil (risqué) que les actions internationales, pour un rendement annualisé proche de celui du fonds en euros
  • L’or a eu un rendement inférieur à celui d’une allocation en actions internationales, et même à celui d’un portefeuille équilibré, alors que sa volatilité (risque) a été beaucoup plus élevée que les deux portefeuilles.

Des difficultés réglementaires

La réglementation nous impose que tous les instruments que nous sélectionnons soient conformes à la norme UCITS IV (Undertakings for Collective Investments in Transferable Securities), directive européenne visant à harmoniser les marchés européens et dont l’objectif est d’obtenir clarté, transparence et unicité des règles comptables, financières et commerciales pour tous les produits et services relatifs aux placements et à l’épargne.

Un des critères d’éligibilité à cette norme est la diversification : un ETF répliquant la performance d’une unique matière première ne peut donc pas être conforme aux normes UCITS IV.

Il existe bien sûr des instruments qui répliquent la performance d’un panier de matières premières, et donc qui offrent une diversification conforme aux normes UCITS IV. Cependant, leur comportement est très difficile à anticiper puisque le panier sous-jacent est composé de matières premières variées, avec chacune ses propres spécificités. Leurs comportements dans le temps sont donc très différents et dépendent de facteurs exogènes propres à chacune.

Par le passé, nous avons bénéficié d'une certaine tolérance de la part des instances réglementaires pour détenir une faible part des portefeuilles en instruments non conformes aux normes UCITS IV (“ratio poubelle”). Cette pratique est de moins en moins tolérée et nous avons ainsi décidé de la bannir et de détenir exclusivement des instruments conformes à ces normes.

Une réplication indicielle complexe, source de risques additionnels

Les méthodes de réplication du cours des matières premières sont complexes et la qualité de réplication des instruments répliquant le cours des matières premières est médiocre. Contrairement à un ETF classique, les écarts de performances entre de tels instruments et leur sous-jacent peuvent être très élevés.

Ces instruments ont été particulièrement mis en difficulté en avril 2020, lorsque le contrat à terme sur le WTI (une des principales références mondiales de pétrole brut) a basculé pour la première fois de l'histoire en territoire négatif - autrement dit, les acheteurs étaient rémunérés pour débarrasser les vendeurs des barils que l'industrie à bout de capacités ne savait plus où stocker.

Les ETF répliquant le cours du pétrole utilisent ces contrats à terme et certains ont été liquidés durant cette période exceptionnelle (c’est à dire que les investisseurs qui détenaient des positions dans ces fonds ont perdu l’intégralité des sommes investies).

A noter que l’ETF Xtrackers Brent Crude Oil, que nous avons détenu par le passé dans les portefeuilles (dans le cadre de la tolérance décrite ci-dessus) a “survécu” à cette période mais a connu ensuite une très forte décollecte qui a poussé la société de gestion émettrice (DWS) à fermer définitivement le fonds en septembre 2021.

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Des ETF aux coûts plus élevés

Les ETF et produits qui répliquent le cours des matières premières sont coûteux pour l’investisseur. Les frais prélevés par ce type d’instruments dépassent en effet largement la limite des 0,30% que nous nous sommes fixée dans notre processus de sélection.

À ces coûts directs s’ajoutent des frais indirects d’exécution qui, là aussi, sont bien supérieurs pour ce type de produits que pour un ETF classique. L’exécution des ordres sur ce type de produits nécessite en effet des techniques sophistiquées qui engendrent des décalages de cours significatifs au moment du passage des ordres.

En ce sens, ils ne sont pas conformes à notre philosophie de simplicité et de réduction des coûts.

Des considérations éthiques

Enfin, l’utilisation de ces produits va à l’encontre de nos valeurs ESG (environnementales, sociales et de gouvernance) et de celles de nos partenaires.

Quel lien entre les matières premières et les considérations éthiques ?

  • La flambée des prix du pétrole que nous connaissons actuellement, par exemple, repose sur un conflit armé et un drame humanitaire.
  • La forte hausse du prix des céréales, qui découle également de la guerre en Ukraine, risque, si elle perdure, de faire flamber le prix des denrées alimentaires et d’aggraver encore la situation de famine dans laquelle se trouvent les populations les plus pauvres.
  • L’exploitation des mines d’or entraîne une pollution des sols et des cours d’eau par l’emploi de produits chimiques, la disparition des arbres géants et des forêts vierges. L’exploitation aurifère a de terribles répercussions pour l’homme et pour la nature. Les sociétés d’exploitation des mines d’or sont également souvent associées à des scandales de corruption et sont dans le viseur des instances internationales concernant la sécurité et les conditions de travail de leurs ouvriers.

Même si nous souhaitions toujours utiliser des ETF indexés sur matières premières, notre assureur, notamment, refuserait aujourd’hui d’intégrer dans l’univers d’investissement de tels instruments, puisque ces considérations sont désormais au cœur de leurs priorités et qu’ils ont intégré des critères extra financiers ESG dans leur processus d’intégration d’un nouveau fonds dans l’univers d’investissement.

Quelles conséquences pour les portefeuilles ?

Fin 2019, les trackers matières premières ont été progressivement réduits dans l'allocation stratégique de chaque portefeuille. Ils ont été remplacés par les ETF actions ou obligations déjà présents en portefeuille ou par le fonds en euros, qui ont donc vu leur poids augmenter en proportion.

Historiquement, les matières premières n'ont pas contribué à la performance des portefeuilles. Bien sûr, l'histoire ne se répétera pas forcément, les performances passées ne préjugeant pas des performances futures. Mais pour les investisseurs sensibles aux performances passées : n'ayez pas de regret.

Vous pouvez consulter la composition de chacun des portefeuilles dans les rapports de gestion Yomoni, sur la page Profils d'Investissement.

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