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Qui veut la peau du fonds en euros ?

Qui veut la peau du fonds en euros ?

Le fonds en euros, un animal hybride

Spécificité du monde des assurances, le fonds en euros est, dans l'univers des placements, un cas à part. Alors que la plupart des produits financiers sont comptabilisés à leur valeur de marché (la valeur que l'on en tirerait si on le revendait immédiatement), le fonds en euros s'affranchit de cette logique pour être comptabilisé à la valeur d'acquisition des titres qui le composent.

En conséquence, le fonds en euros d'une assurance-vie ne peut jamais baisser : même si la compagnie d'assurance investit sur des actifs dont les cours varient quotidiennement (obligations, actions, immobilier...), les plus-values et moins-values sont stockées dans une réserve qui n'affecte pas la valeur du contrat. Le capital est ainsi garanti, tandis que le rendement est piloté par l'assureur qui puise chaque année dans cette réserve. Pour l'investisseur, ce fonctionnement atypique a longtemps permis de profiter d'un rendement très supérieur à celui du livret A.

La cave se partage...

Ce rendement élevé, le fonds en euros le doit à des obligations anciennes, acquises lorsque les taux étaient bien plus élevés qu'aujourd'hui. Investir dans un fonds en euros revient en quelque sorte à acheter une cave remplie de grands crus millésimés en payant les bouteilles à leur prix d'achat historique.

Par le passé, investir dans le fond en euros d'une assurance-vie a donc été systématiquement bénéfique pour les nouveaux investisseurs, ravis de toucher les coupons d'obligations déjà acquises sans devoir payer leur juste prix, tout en étant dilutif pour les investisseurs historiques qui ont dû partager année après année leur réserve avec des nouveaux entrants.

...et la cave se vide

Avec le temps, les réserves se vident, les bouteilles se boivent et les obligations arrivant à échéance sont progressivement remplacées par des nouvelles, aux taux bien moins intéressants. La tendance baissière du taux du fonds en euros est inévitable, et sera d'autant plus forte que la collecte en période de taux bas sera importante.

Ainsi, autrefois bénéfique, l'effet de latence va désormais « coller » les fonds en euros avec des rendements médiocres pour de nombreuses années. D'ici 2020, il est fort probable que l'investisseur doive se contenter d'un rendement inférieur à 1%...

L'Euro-croissance, fossoyeur du fonds en euros ?

Outre la baisse prévisible de son rendement, le fonds en euros a un autre ennemi : le contrat Euro-croissance. Lancé en 2014, ce nouveau type de contrat est destiné à prendre le relais commercial du fonds en euros.

Le principe du contrat Euro-croissance ? En échange d'une garantie du capital non pas quotidienne, mais à une échéance choisie par l'investisseur, l'assureur récupère des marges de manœuvre pour réaliser des placements à plus long terme et au final tenter de délivrer un meilleur rendement.

Complexe et moins intéressant actuellement qu'un fonds en euros, ce produit n'a rencontré aucun succès.

Proposition indécente

Sans se décourager, poussé par les grands acteurs du secteur de l'assurance-vie, le Ministère des Finances a donc proposé à la rentrée 2015 un dispositif qui autoriserait les assureurs à transférer une partie des réserves des fonds en euros vers les fonds Euro-croissance, afin d'améliorer leur rendement et faciliter leur commercialisation. Autrement dit, qui autoriserait l'assureur à déplacer les meilleures bouteilles de la cave « Fonds en euros » à la cave « Fonds Euro-croissance » . On croit rêver !

Rendements en baisse, volonté politique de décourager l'investissement sur ce produit : le fonds en euros est condamné d'ici quelques années. Années que l'investisseur avisé mettra à profit pour se poser les bonnes questions sur son épargne !

A-t-on besoin d'un fonds en euros ?

L'assurance-vie reste incontournable dans un patrimoine, notamment pour ses avantages fiscaux et successoraux.

En revanche, a-t-on réellement besoin d'un fonds qui progresse chaque jour ?  Sur un placement aussi long terme (l'optimum fiscal se situe au-delà de 8 ans), ne peut-on pas accepter une baisse sur quelques jours, quelques mois ou quelques années, si cela permet d'atteindre de meilleurs rendements à terme ?

Le véritable problème de l'Euro-croissance, c'est qu'il apporte surtout des œillères à l'investisseur : en lui cachant la vraie valeur de son contrat pour lui dévoiler le résultat uniquement au terme, il ne lui rend pas réellement service...

La réelle innovation dans l'assurance-vie

Le besoin fondamental de l'investisseur, c'est de pouvoir obtenir une allocation d'actifs optimale, adaptée à son horizon de placement et son aversion au risque. Pour cela, il n'a pas besoin de l'Euro-croissance, ni même forcément besoin d'un fonds en euros.

Une assurance-vie en unités de compte à moindres frais intégrant une large sélection d'ETF (fonds indiciels à bas coût) est l'outil idéal pour composer un portefeuille efficace, diversifié entre actions, obligations et immobilier.

Charge à l'investisseur de se faire conseiller ou de souscrire à une gestion sous mandat s'il souhaite une gestion personnalisée, mais par pitié, que l'innovation financière ne se résume pas à créer des contrats dont le seul atout est de mettre un voile sur les risques !

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CONTRIBUTEUR EXTERNE. Nicolas a passé 15 ans dans la gestion d'actifs et la finance d'entreprise. Il aime partager son expertise de façon pédagogique.

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