Retraite freelance : ce que personne ne vous explique (mais que vous devez savoir)
Vous êtes freelance, concentré sur le présent, et la retraite vous semble floue, lointaine ou non prioritaire ? Mauvais réflexe.
Car si vous ne vous en occupez pas, personne ne le fera à votre place. Et l’addition peut être salée : des pensions sous les 800 €, des trimestres manquants, des erreurs jamais corrigées.
Ce guide vous aide à reprendre le contrôle, à comprendre vos droits, à optimiser votre statut, et à bâtir une retraite à la hauteur de vos efforts.
Clair, dense et actionnable, il vous guidera pas à pas, de la compréhension jusqu'à la planification et l'action.
Suivez le guide !
I. Pourquoi les freelances sont mal armés face à la retraite
Le système des retraites en France a été conçu pour les salariés ou fonctionnaires avec des carrières linéaires, à temps plein, sans discontinuités.
Or le freelance, par nature, cumule les particularités :
- Des revenus irréguliers ou cycliques
- Des statuts changeants au cours d’une vie (salariat, TNS, SASU, portage…)
- Des périodes parfois peu ou pas rémunérées
- Et parfois, un désintérêt complet pour la question retraite
Et ce désintérêt est compréhensible :
- Parce que c’est complexe
- Parce que l’État communique mal
- Parce que votre activité prime sur tout le reste
Mais au fond, ce n’est pas un désintérêt. C’est un angle mort. Et il peut coûter très cher.
Sans service RH, sans fiche de paie, sans interlocuteur qui comprend la totalité de votre situation… la retraite de freelance devient souvent une zone grise. Et c’est justement dans cette zone grise que naissent les mauvaises surprises.
Beaucoup de freelances découvrent tardivement qu’ils n’ont pas assez cotisé, ou qu’ils ne n'ont pas validé tous leurs trimestres.
Ou pire : qu’ils ont versé des cotisations additionnelles… sans comprendre ce qu’elles rapportaient réellement.
Car en l’absence de stratégie, votre retraite dépendra uniquement de ce que vous avez versé (souvent, le minimum légal) et des règles du moment.
Autrement dit : ce sera peu et incertain.
Mais bonne nouvelle : ce défaut de protection peut devenir un espace de liberté. Vous avez plus de leviers qu’un salarié : choix du statut, du revenu, de l’épargne, du moment de liquider vos droits.
Encore faut-il connaître ces leviers ! C’est justement l’objet de ce guide.
Il est assez dense, donc n'hésitez pas à sauvegarder l'adresse de la page et à la partager à des camarades freelances. Ils vous remercieront !
II. Comprendre votre situation : quel statut, quel régime ?
La retraite d’un freelance dépend avant tout de son statut juridique. Or, le monde de l’indépendance est un millefeuille administratif : micro-entreprise, SASU, EURL, portage salarial… Tous ces statuts n’impliquent ni les mêmes cotisations, ni les mêmes caisses de retraite, ni les mêmes droits.
Avant de penser optimisation, commencez par identifier précisément votre régime d’affiliation. C’est la condition sine qua non pour comprendre ce à quoi vous avez droit aujourd’hui… et ce que vous pouvez améliorer demain.
1. TNS ou assimilé salarié ? La première distinction
En freelance, vous êtes affilié à l’un des deux régimes suivants :
💡 Les TNS cotisent moins, mais reçoivent en retour une couverture sociale et une retraite plus faibles. Les assimilés salariés cotisent davantage, mais bénéficient d’une protection plus proche de celle des salariés classiques.
2. Quelle caisse de retraite selon votre activité ?
Une fois votre statut juridique identifié, reste à savoir à quelle caisse vous êtes rattaché. Ou plutôt quelles caisses (au pluriel), car vous allez probablement cumuler une retraite de base et une retraite complémentaire.
Tout dépend de la nature de votre activité :
3. L'exception du portage salarial
Si vous êtes en portage salarial, vous êtes officiellement salarié(e) de l’entreprise de portage. C'est un statut à mi-chemin entre l'indépendance et le salariat, mais sur le plan de la retraite vous cotisez :
- Au régime général (CNAV) pour la retraite de base
- À l’AGIRC-ARRCO pour la retraite complémentaire.
Ce régime relativement protecteur… mais il implique des cotisations sociales plus élevées et donc une rémunération nette moindre. En contrepartie, vous validez vos trimestres de manière lisible et régulière, comme un salarié.
4. Le cas fréquent des freelances polypensionnés
Nombre de freelances alternent au cours de leur vie entre salariat, micro-entreprise, portage, EURL, ou périodes d’inactivité. Ils deviennent alors polypensionnés, c’est-à-dire qu’ils cotisent à plusieurs caisses au fil des années.
Bonne nouvelle : les pensions se cumulent. Vous toucherez à la retraite autant de pensions que de régimes cotisés. Mais attention : la multiplicité des caisses peut rendre la gestion de vos droits plus complexe, d’où l’intérêt de consulter régulièrement votre relevé sur info-retraite.fr afin de vérifier que tout est bien connu de l'administration.
5. Comment vérifier votre régime d’affiliation ?
Connectez-vous sur www.info-retraite.fr avec FranceConnect pour consulter vos données à jour, simuler votre retraite et vérifier l’exhaustivité de vos périodes d’activité.
Votre relevé de carrière vous indiquera :
- Vos trimestres cotisés par régime
- Vos points de retraite complémentaire
- Vos éventuels “trous” de cotisation.
III. Le fonctionnement des retraites obligatoires : base + complémentaire
Comme on l'a vu plus haut, en tant que freelance, vous cotisez automatiquement à deux volets du système de retraite obligatoire :
- La retraite de base, gérée par la Sécurité sociale (ou une caisse spécifique selon votre activité)
- La retraite complémentaire, gérée par des organismes professionnels via un système de points.
Ces deux régimes coexistent pour constituer votre pension de retraite globale. Mais leur logique de calcul et leur fonctionnement diffèrent sensiblement.
1. La retraite de base : un système par trimestres
La retraite de base fonctionne sur la base de trimestres validés.
Comment valider un trimestre de retraite ?
Un trimestre n'est pas lié à une durée de travail, mais à un niveau de revenu.En 2024, vous validez un trimestre dès que vos revenus soumis à cotisations atteignent 1 690,50 € brut (150 fois le SMIC horaire brut).
💡 Vous pouvez donc valider 4 trimestres en travaillant seulement quelques mois, à condition de dépasser 6 762 € brut sur l’année.
Le cas des micro-entrepreneurs
Pour les auto-entrepreneurs, le calcul ne se fait pas sur le revenu net (puisque les micro-entrepreneurs n'ont pas à calculer leur résultat réel) mais sur le chiffre d'affaires encaissé.
Les seuils de validation varient selon la nature de l’activité (source : URSSAF, 2024) :
💡 Quel que soit votre statut, vous ne pouvez pas valider plus de 4 trimestres par an, même si votre revenu ou votre chiffre d’affaires est élevé.
Le calcul de votre pension de base
Combien allez-vous toucher à la retraite ?
La formule de base est la suivante (source : CNAV) :
- Revenu annuel moyen : moyenne des 25 meilleures années.
- Taux plein : 50 % si vous avez atteint l'âge légal ET le bon nombre de trimestres (172 pour les personnes nées à partir de 1965).
- Si vous partez trop tôt ou avec un nombre de trimestres insuffisant, vous subissez une décote de 1,25 % par trimestre manquant (jusqu’à -25 % max).
- À l’inverse, si vous continuez à cotiser au-delà de l’âge légal avec tous vos trimestres, vous obtenez une surcote de 1,25 % par trimestre supplémentaire.
Autrement dit, par défaut, votre retraite de base sera égale à 50% du revenu moyen de vos 25 meilleures années.
Cela signifie donc que votre retraite de base sera bien inférieure à 50% de votre dernier revenu !
2. La retraite complémentaire : un système à points
La retraite complémentaire est obligatoire, mais son fonctionnement est différent : elle repose sur un système de points.
Comment fonctionnent les points de retraite ?
Chaque année, vous cotisez sur vos revenus. Ces cotisations vous permettent d’acheter des points selon un prix d’achat fixé par votre caisse.
Exemple :
- Vous cotisez 2 000 € en 2024.
- Si le prix d’achat d’un point est de 20 €, vous obtenez 100 points.
Au moment de la retraite, votre nombre de points est multiplié par la valeur de service du point, pour calculer votre pension complémentaire.
Vous pouvez ainsi accumuler des points auprès de plusieurs caisses, notamment si vous avez une carrière complexe.
⚠️ La valeur du point est réévaluée annuellement, mais n'est pas connue à l'avance. Vous accumulez des points sans connaître leur valeur future.
IV. Ce que vous toucherez vraiment : la retraite du freelance en chiffres
Beaucoup de freelances repoussent le sujet retraite, faute de temps ou d’envie, mais aussi parce qu’ils n’ont aucune idée concrète des montants en jeu.
La vérité, c’est que la retraite d’un indépendant est souvent bien plus faible que celle d’un salarié… mais ce n’est pas une fatalité si vous l’anticipez.
Combien touche un freelance à la retraite ? Les ordres de grandeur
Les montants varient fortement selon le statut, le niveau de revenus, la régularité d’activité… mais voici quelques estimations réalistes à titre indicatif :
Source : simulations basées sur info-retraite.fr et exemples des caisses de retraite. Ces chiffres sont indicatifs, et ne tiennent pas compte des éventuelles majorations, rachats de trimestres, ni de la fiscalité applicable.
Pourquoi ces pensions sont souvent basses
Des cotisations faibles pour certains statuts
Les freelances cotisent moins que les salariés : en tant que TNS, vous ne cotisez ni au chômage, ni à certains régimes de prévoyance, ni à un niveau équivalent pour la retraite complémentaire.
Des revenus moins réguliers que les salariés
Beaucoup de freelances connaissent des années blanches, des transitions, des années à faibles revenus ou sans versement de salaire. Cela augmente la probabilité de réaliser des années sans validation des 4 trimestres.
L'arbitrage salaire / dividendes pénalisant à long terme
Beaucoup d'indépendants optent pour la SASU afin de réaliser l'arbitrage salaire/dividende : se verser un faible salaire et percevoir la majorité du revenu en dividendes afin de profiter de la Flat Tax (30%) plus avantageuse que de soumettre les salaires aux prélèvements sociaux et aux impôts.
Un calcul avantageux à première vue… Mais les dividendes ne comptent pas pour la retraite, alors qu'un salaire permet d'accumuler des trimestres et des points.
Un exemple concret : freelance en SASU vs micro-entrepreneur
Prenons deux freelances, tous deux avec un revenu net équivalent de 2 000 € par mois pendant 30 ans, mais sous des statuts différents.
Sources : estimations sur la base du simulateur info-retraite.
👉 À revenu net équivalent, le statut le plus protecteur (SASU assimilé salarié) génère une retraite bien plus élevée… mais implique aussi un effort de cotisation plus important.
⚠️ Le statut de micro-entrepreneur est encore moins protecteur que le statut de TNS classique (gérant d'EURL par exemple), notamment car les micro-entrepreneurs peuvent avoir des années sans aucun trimestre validé, alors que les gérants d'EURL doivent régler une cotisation minimale qui garantit a minima 3 trimestres par an, même s'ils n'ont pas de revenu.
Où trouver votre estimation personnelle ?
Sur le site www.info-retraite.fr, accessible via France Connect, vous obtiendrez :
- Votre nombre de trimestres validés
- Vos points de retraite complémentaire
- Une estimation de pension selon différents scénarios (âge, revenus, rachat de trimestres…)
Allez dès maintenant consulter ces informations !
Ce que cela signifie pour votre niveau de vie futur
Posez-vous cette question simple :
« Combien me faut-il chaque mois à la retraite pour vivre décemment ? »
Supposons 2 000 € net/mois. Si votre retraite obligatoire ne vous garantit que 1 000 €, il vous manque 1 000 € mensuels.
C’est ce "gap de revenus" qu’il faudra anticiper avec une retraite complémentaire par capitalisation : PER, assurance-vie, immobilier, etc.
En supposant un rendement du capital de 4% net par an, il vous faudra accumuler 300 000 € d'ici votre retraite pour obtenir 1000 € par mois (car 300 000 € x 4% = 12 000 € par an).
V. Optimiser sa retraite obligatoire : les leviers à activer
Même si le système est contraint, vous n’êtes pas entièrement passif. En tant que freelance, vous disposez de plusieurs leviers pour améliorer votre retraite obligatoire. Certains sont accessibles dès maintenant, d’autres nécessitent un peu de stratégie ou de trésorerie.
Valider ses trimestres en priorité
C’est le socle minimal : valider chaque année 4 trimestres, sans interruption si possible.
Pour cela, surveillez vos revenus (ou votre chiffre d'affaires si vous êtes micro-entrepreneur) et assurez-vous qu’ils dépassent les seuils nécessaires :
- 1 690,50 € brut de salaire par trimestre (2024)
- CA de 8 892 € à 20 740 € selon activité en micro-entreprise.
Ainsi, si vous êtes en SASU ou assimilé salarié, pensez à vous verser un salaire suffisant pour assurer vos 4 trimestres par an.
Mieux arbitrer sa rémunération (salaire ou dividendes)
Dans les sociétés comme les SASU ou SARL à l’IS, vous pouvez choisir de vous rémunérer :
- Soit en salaire (cotisations retraite incluses)
- Soit en dividendes (moins de cotisations, mais aucun droit à la retraite)
💡 Lorsque vous optimisez salaire et dividende, ne fixez pas votre salaire pile au seuil des 4 trimestres par an. Cotiser davantage vous permettra d'augmenter la valeur de votre retraite. Cherchez le bon équilibre !
Prolonger son activité pour éviter la décote
L'âge de départ à la retraite est celui à partir duquel vous avez le droit de demander à percevoir votre pension.
Partir à la retraite à 62 ans est possible mais souvent désavantageux, surtout si vous avez eu un parcours haché. En effet, si vous n’avez pas le nombre de trimestres requis (jusqu’à 172, soit 43 ans de cotisations, selon votre année de naissance), vous subissez une décote égale à :
En prolongeant votre activité jusqu’à avoir les 172 trimestres, vous annulez la minoration. Et en prolongeant au-delà, vous pouvez obtenir une surcote égale à :
NB : ce calcul ne concerne que le régime général. Les régimes complémentaires suivent leurs propres règles et peuvent calculer la décote/surcote différemment.
💡 Pour un freelance en bonne santé, ces quelques années en plus peuvent représenter une majoration de plusieurs centaines d’euros mensuels supplémentaires, à vie.
Racheter des trimestres : possible, mais pas toujours rentable
Si vous avez des trous de carrière (études longues, période d’inactivité, CDD courts…), vous pouvez envisager un rachat de trimestres.
- Jusqu’à 12 trimestres peuvent être rachetés (études supérieures ou années incomplètes).
- Le coût dépend de votre âge, de votre revenu et du type de rachat choisi : taux seul (uniquement pour bonifier le montant de la retraite) ou taux + durée (pour profiter de trimestres supplémentaires).
⚠️ Le coût d’un rachat de trimestre est souvent élevé (en moyenne entre 3 000 et 6 000 € par trimestre racheté). Il n’est pas toujours intéressant financièrement. Il faut le comparer avec un placement à long terme équivalent. L'effet sur la retraite est souvent inférieur à celui d'une bonne stratégie de placement.
Surcotiser via sa caisse complémentaire
Certaines caisses (notamment les professions libérales) permettent aux freelances de surcotiser volontairement, c’est-à-dire de verser plus que le minimum pour acquérir davantage de points retraite.
- Ce levier est souvent peu connu, mais peut s’avérer utile si vous dégagez une bonne trésorerie.
- Il est surtout pertinent pour ceux qui n’envisagent pas ou peu de capitalisation personnelle, et se sentent sécurisés par les versements d'une caisse de retraite.
- Les cotisations sont déductibles des revenus, sous conditions.
💡 Tout comme le rachat de trimestres, surcotiser est une stratégie à comparer à une stratégie de placement sur le PER. Placer sur le PER laisse davantage de liberté sur la gestion et dispose de portes de sortie anticipée.
Anticiper les effets de carrière fractionnée (freelance "patchwork")
Si vous avez alterné salariat, chômage, freelance, portage, congés sabbatiques, votre carrière est dite "polypensionnée".
👉 Résultat : vos trimestres sont répartis sur plusieurs régimes… parfois mal enregistrés, ou partiellement validés.
- Pensez à vérifier votre relevé de carrière sur info-retraite.fr.
- Faites corriger les anomalies le plus tôt possible, car les délais de rectification sont longs.
- Conservez vos bulletins de salaire, attestations URSSAF, déclarations de revenus, etc.
En résumé : les 6 réflexes à adopter
- Valider chaque année 4 trimestres
- Maintenir un salaire suffisant si vous êtes en société
- Éviter une décote en prolongeant votre activité si besoin
- Évaluer le rachat de trimestres avec discernement
- Se renseigner sur les surcotisations possibles
- Vérifier et mettre à jour son relevé de carrière régulièrement
VI. Cumul emploi-retraite : continuer à travailler après la retraite
Beaucoup de freelances choisissent de ne pas cesser totalement leur activité à l'âge légal de départ à la retraite. Que ce soit par goût, par besoin financier, ou pour lisser la transition, le cumul emploi-retraite est une option à connaître.
Les conditions du cumul
Vous pouvez cumuler vos revenus freelance avec votre pension si vous avez rempli ces deux conditions :
- Vous avez liquidé (= demandé à percevoir) toutes vos retraites (de base et complémentaire) dans tous les régimes où vous avez cotisé.
- Vous êtes parti à taux plein (âge légal + nombre de trimestres requis).
Si ces critères ne sont pas remplis, le cumul reste possible, mais sera plafonné à :
- 1,6 SMIC par mois (~2 800 € brut en 2025)
- ou la moyenne des 3 derniers salaires de la période d'activité, si elle est inférieure.
⚠️ Les revenus perçus lors du cumul sont soumis à cotisations sociales, mais ils n'ouvrent pas de droits supplémentaires pour autant...
VII. Les minima retraite : minimum contributif et ASPA
Si votre carrière a été incomplète, hachée ou à faibles revenus, il est possible que votre pension soit inférieure à un seuil considéré comme décent. Deux mécanismes jouent le rôle de filet de sécurité de dernier recours : le Minimum Contributif et l'ASPA.
Le Minimum Contributif (MiCo)
Ce mécanisme rehausse la pension de base des retraités ayant eu de faibles revenus, afin de leur garantir un niveau minimal de retraite. Il est réservé aux personnes ayant obtenu une retraite à taux plein dans un régime de base français (salariés, artisans, commerçants, libéraux…).
Son montant dépend du nombre de trimestres cotisés au régime général : en 2025, il s’élève à 747,69 € brut/mois (moins de 120 trimestres cotisés) ou 893,66 € (au moins 120 trimestres cotisés).
Ce montant peut être ajusté à la baisse si le total des pensions (base + complémentaire) dépasse 1 394,86 € net/mois. Le versement du MiCo est automatique lors de la liquidation des droits.
L’ASPA (Allocation de Solidarité aux Personnes Âgées)
Cette aide sociale est destinée aux personnes de 65 ans et plus (ou dès 62 ans en cas d'inaptitude), dont les ressources sont inférieures à un certain plafond. En 2025, l’ASPA garantit un revenu minimum de 1 034,28 € brut/mois pour une personne seule et 1 605,73 € brut/mois pour un couple.
Elle est récupérable sur la succession si l’actif net dépasse 107 616,60 € en métropole et 150 000 € hors métropole : les héritiers devront rembourser les sommes perçues.
⚠️ Ces filets de sécurité sont bienvenus, mais ne suffiront probablement pas assurer votre train de vie à la retraite. C'est une solution de touto dernier recours.
Il est temps de passer aux solutions concrètes !
VIII. Construire un vrai complément : la retraite par capitalisation
Nous allons maintenant évoquer les solutions personnelles pour préparer sa retraite en dehors du système par répartition, via l'épargne personnelle.
En effet, le système de retraite obligatoire, même optimisé, ne suffira pas à garantir un niveau de vie confortable à la retraite pour la majorité des freelances.
Il faut le voir comme un socle et non la garantie d'un train de vie suffisant.
Pour combler l’écart entre la pension que vous toucherez et le niveau de vie que vous visez, vous devrez construire une retraite par capitalisation.
1. Pourquoi la capitalisation est indispensable pour un freelance
- Vos cotisations obligatoires sont plus faibles que celles d’un salarié, donc votre retraite sera mathématiquement plus basse.
- Vous êtes souvent seul à piloter votre protection sociale : pas de DRH, pas de plan d’entreprise, pas d’épargne retraite collective.
- Votre carrière est souvent irrégulière, avec des hauts revenus… et des années blanches.
La capitalisation, c’est ce que vous mettez de côté, pour vous-même, de manière volontaire. En euros, en actifs financiers, en immobilier. C’est vous qui décidez du montant, du support, du rythme, du moment où vous débloquez.
Voici comment placer votre argent efficacement pour la retraite.
2. Le PER : le produit dédié à la retraite (et fiscalement incitatif)
Le Plan d’Épargne Retraite (PER) est un dispositif créé pour encourager l’épargne longue, avec un avantage fiscal à l’entrée.
Comment fonctionne le PER ?
- Vous alimentez un PER avec des versements volontaires.
- Ces versements sont déductibles de votre revenu imposable (dans la limite d’un plafond annuel).
- À la retraite, vous récupérez le capital en rente, en capital, ou en mix des deux.
💡 En tant que freelance, vous avez un plafond de déduction plus élevé qu’un salarié classique, car il est calculé sur votre bénéfice (10 % du BIC ou BNC dans la limite de 8 PASS, soit 35 194 € en 2024).
Les avantages du PER pour un freelance
- Optimisation fiscale immédiate, avec un effet majeur si vous êtes imposé à plus de 30 %.
- Capital bloqué jusqu’à la retraite : c'est une sécurisation psychologique.
- Sortie en capital possible une fois à la retraite (contrairement à l’ancien PERP).
Les limites du PER
- Les fonds investis sont soumis à des risques de marché, notamment si vous optez pour des supports en unités de compte.
- Le capital est bloqué jusqu’à la retraite, sauf cas exceptionnels (décès, invalidité, achat de résidence principale).
- À la sortie, la rente est imposable, et le capital partiellement taxé (les sommes qui ont permis défiscalisation sont réintégrées dans les revenus taxables)
3. L'assurance-vie : un outil souple pour la retraite (et pas seulement)
L’assurance-vie est souvent utilisée comme outil de capitalisation retraite, car elle combine souplesse, fiscalité avantageuse et transmission facilitée.
- Vous pouvez l’alimenter librement, sans plafond.
- Vous pouvez sortir votre capital à tout moment, partiellement ou en totalité.
- La fiscalité devient plus douce après 8 ans de détention (abattement annuel sur les gains).
💡 L'assurance-vie est un bon complément au PER, surtout pour diversifier vos supports (fonds en euros, unités de compte, ETF, SCPI…). Mais ne la confondez pas avec l'assurance-décès : ces deux produits n'ont pas grand-chose en commun !
4. Le PEA et l’immobilier : des briques patrimoniales complémentaires
Le PEA (Plan d'Épargne en Actions)
- Idéal si vous souhaitez investir en actions (y compris en ETF).
- Exonération d’impôt sur les plus-values après 5 ans.
- Pas de déduction à l’entrée, mais fiscalité très allégée à la sortie.
Pour en savoir plus : notre Guide de l'Epargne - PEA.
👉 Les actions étant la classe d'actifs la plus rémunératrice à long terme, c'est un excellent moyen de vous constituer un capital pour la retraite.
L'immobilier locatif
- Peut générer des revenus complémentaires sous forme de loyers.
- Requiert un effort de gestion, une fiscalité spécifique, et un capital de départ plus élevé.
- Moins liquide, mais valorisant sur le long terme.
5. Quelle stratégie adopter selon votre profil ?
6. Ce que Yomoni peut (ou ne peut pas) faire pour vous
Chez Yomoni, nous proposons des PER et assurances-vie pilotés en gestion déléguée, avec des portefeuilles composés en majorité d’ETF diversifiés. Cela peut convenir à un freelance qui souhaite :
- Déléguer la gestion (et se concentrer sur son activité pro)
- Épargner à son rythme (davantage les bonnes années)
- Profiter d’un cadre fiscal avantageux
- Accéder à une diversification à l'international avec des frais réduits
⚠️ Investir sur les marchés financiers comporte un risque de perte en capital. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. Vous devez vous assurer que ces produits sont adaptés à votre situation personnelle.
IX. Cas pratiques : quelle stratégie retraite selon votre profil ?
Chaque freelance a un parcours unique. Statut juridique, niveau de revenus, âge de démarrage, appétence au risque… Tous ces paramètres influencent vos droits à la retraite et les stratégies possibles.
Voici quelques cas pratiques pour vous aider à mieux vous situer et à agir de manière concrète.
1. Marie, 32 ans, micro-entrepreneuse dans le graphisme
- Statut : TNS (micro-entreprise)
- Revenus nets : 25 000 € / an
- Durée d’activité projetée : encore 30 à 35 ans
- Fiscalité : peu imposée (sous le barème à 11 %)
Ses problèmes :
- Cotisations faibles = droits à la retraite limités
- Peu de capacité d’épargne immédiate
La recommandation :
- Priorité : valider 4 trimestres par an (objectif de CA : ~10 000 € minimum)
- Prendre date sur une assurance-vie et programmer des versements réguliers, même modestes (ex. 100 €/mois)
- Monter progressivement en puissance (et changer de statut ?) à mesure que le CA augmente
💡 Marie a le temps pour profiter de l'effet boule de neige sur ses efforts. Ce qu’elle démarre aujourd’hui lui offrira de la souplesse plus tard.
2. Thomas, 45 ans, freelance en SASU avec revenus variables
- Statut : assimilé salarié
- Rémunération : 2 500 € brut mensuel (incluant dividendes)
- Imposition : tranche marginale à 30 %
Ses problèmes :
- Arbitrage salaire/dividende déséquilibré en faveur des dividendes
- Retard de capitalisation
La recommandation :
- Rehausser son salaire annuel à au moins 20 000 - 25 000 € pour continuer à valider ses trimestres + points
- Ouvrir un PER et y verser chaque année 5 à 10 % de ses dividendes (et profiter de la réduction d'IR possible)
- Compléter avec une assurance-vie multi-supports, investie en ETF
💡 À cet âge, chaque année compte. L’optimisation fiscale du PER peut fournir un levier efficace. L'économie d'impôts compensera le surcroît de charges lié à l'augmentation de salaire.
3. Samira, 54 ans, ex-salariée devenue coach indépendante
- Statut actuel : EI au régime réel
- Revenus : 40 000 € / an
- Parcours : 25 années de salariat, puis 5 ans de freelance
Ses problèmes :
- Carrière polypensionnée, avec risques de trous de cotisation
- Retraite dans moins de 10 ans : horizon d’investissement limité
La recommandation :
- Faire un bilan retraite complet sur info-retraite.fr pour repérer les anomalies, trimestres manquants, etc.
- Étudier un rachat de trimestres ciblé (ex. années incomplètes ou d’études)
- Sécuriser son capital via une assurance-vie prudente (fonds euros + unités de compte à risque modéré)
- Envisager une surcote en continuant 2 ou 3 ans au-delà de l’âge légal
💡 Samira n’a pas le temps d’espérer une forte valorisation financière. Elle joue sur les leviers sûrs : corrections, trimestres, éventuellement prolongation.
4. Loïs, 39 ans, développeur en portage salarial
- Statut : salarié porté
- Salaire brut : 55 000 € / an
- Appétence au risque : forte
- Objectif : liberté financière avant 60 ans
Ses forces :
- Il cotise au régime général (CNAV + AGIRC-ARRCO)
- Il a déjà de l’épargne disponible
La recommandation :
- Continuer à valider tous ses trimestres via le portage
- Ouvrir un PER pour défiscaliser une partie du salaire
- Compléter avec un PEA ou une assurance-vie investie en ETF
- Objectif : se constituer un capital de 300-400 k€ d’ici 55 à 60 ans
💡 Le statut salarié assure à Loïs un bon montant de pensions. Il peut se permettre une stratégie agressive à long terme car son socle de pension classique sera relativement généreux.
5. Claire, 50 ans, avocate en libéral (régime CNBF)
- Statut : TNS libérale
- Revenus : stables autour de 70 000 € / an
- Préparation de la retraite : inexistante à ce jour
Sa particularité :
- Régime spécifique (CNBF) à points
- Peu d’options en matière de surcotisation
La recommandation :
- Prioriser un PER et profiter des versements déductibles fiscalement avec les plafonds renforcés en tant que profession libérale
- Objectif : verser 20 000 € / an pendant 10 ans, ce qui constituera 200 000 € de capital retraite (hors progression du capital)
- A terme, sécuriser partiellement les supports (50 % ETF / 50 % fonds euro ou obligataire)
- Simuler l’évolution de sa pension en fonction de la surcote potentielle
💡 À 50 ans, le PER devient un outil central. L’enjeu est de densifier l’effort d’épargne sans prendre de risque excessif.
X. Check-list retraite freelance : ce que vous devez faire dès aujourd’hui
Il est temps de récapituler !
Si vous avez lu jusqu’ici, vous savez une chose essentielle :
Ni l’URSSAF, ni votre comptable, ni le hasard.
Mais la bonne nouvelle, c’est que vous pouvez reprendre la main pas à pas, avec méthode.
Récapitulons. Voici une check-list concrète pour poser les fondations d’une retraite freelance sereine.
✅ 1. Vérifiez à quel régime vous appartenez
- Vous êtes TNS ? Assimilé salarié ? En portage ?
- Connaissez-vous votre caisse de retraite de base et complémentaire ?
Utilisez info-retraite.fr pour voir où vous en êtes réellement.
✅ 2. Contrôlez vos trimestres et vos points
- Combien de trimestres validés à ce jour ?
- Combien de points retraite complémentaire ?
- Y a-t-il des périodes manquantes ou incomplètes ?
💡 Astuce : vérifiez notamment les périodes de freelance peu actives, de formation, ou d’expatriation.
✅ 3. Calculez l’écart entre vos droits estimés et votre besoin futur
- Estimez votre pension brute mensuelle
- Comparez avec votre niveau de vie visé à la retraite
- Identifiez le gap à combler (ex. : il me manquera 800 € / mois à 65 ans)
✅ 4. Désormais, validez systématiquement 4 trimestres par an
- Ajustez votre salaire brut (en société) ou votre CA (en micro) pour atteindre les seuils
- Évitez à tout prix les années "blanches" ou "trois quarts", même en cas de baisse d’activité
✅ 5. Choisissez un produit de capitalisation adapté
- PER individuel : si vous êtes imposé, et prêt à bloquer les fonds jusqu’à la retraite
- Assurance-vie : pour plus de souplesse, et une fiscalité optimisée après 8 ans
- PEA / Immobilier locatif en direct ou en SCI/SCPI : pour diversifier ou viser un revenu complémentaire
✅ 6. Démarrez, même petit
- Un versement mensuel de 100 € sur un PER ou une assurance-vie vaut mieux qu’un projet parfait remis à plus tard.
- Automatisez autant que possible.
✅ 7. Réévaluez tous les 2 ans
- Avez-vous changé de statut ? De revenus ? De pays ?
- Vos objectifs retraite sont-ils toujours les mêmes ?
- Vos produits d’épargne sont-ils bien alloués ?
Freelance et retraite : passez à l’action !
Votre retraite freelance ne se prépare ni dans l’angoisse, ni dans le flou.
Elle se construit progressivement, intelligemment, à votre rythme.
Vous n'avez pas besoin d’être expert en droit social ou en fiscalité : vous avez besoin d’un plan adapté à votre situation.
Pour poser la première pierre de votre épargne retraite dès maintenant, le PER Yomoni Retraite+ peut être un excellent point de départ.
Vous épargnez à votre rythme, optimisez votre fiscalité tout en vous appuyant sur une gestion pilotée adaptée à votre profil de risque.

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Investir présente des risques de perte en capital. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.