Chaque lundi, notre équipe de Gestion analyse et commente les marchés financiers. Quelle est la situation sur la semaine passée? Quelles actualités faut-il retenir?
Source : @Bloombeg LP
Macroéconomie
- Aux Etats-Unis, l’inflation ralentit plus fortement que prévu : attendue à 2,5 %, elle ressort finalement à 2,4 %, contre 2,8 % en février. Même tendance pour l’inflation sous-jacente (« core », hors alimentation et énergie), qui passe de 3,1 % à 2,8 %, alors que le marché attendait 3 %.
- Les prix à la production baissent également de façon inattendue en mars (-0,4 % contre une hausse anticipée de +0,2 %). En rythme annuel, ils progressent ainsi de 2,7 %, contre 3,2 % le mois précédent.
- L’indice préliminaire du Michigan révèle des éléments intéressants concernant les anticipations d’inflation. À un an, celles-ci augmentent fortement, passant de 5 % à 6,7 % en avril. À cinq ans, elles ressortent à 4,4 %, supérieures aux attentes (4,3 %) et au niveau du mois de mars (4,1 %). Quant à l’indice de confiance des consommateurs, il chute de 57 à 50,8 en avril, son plus bas niveau depuis juillet 2022 (pour rappel, il se situait à 74 en début d’année).
- En zone euro, les ventes au détail du mois de février ressortent en hausse de seulement +0,3 %, légèrement en dessous des attentes à +0,5 %. Toutefois, le chiffre du mois de janvier a été révisé à la hausse (de -0,3 % à 0 %). Ainsi, sur un an, les ventes au détail progressent finalement de 2,3 %, contre une estimation initiale de 1,8 %.
- Les chiffres d’inflation en Allemagne (2,2 %) et en Espagne (2,3 %) ont été publiés conformément aux attentes.
- Par ailleurs, l’agence Moody’s a décidé de ne pas modifier la notation souveraine de la France, qui reste à « Aa3 » (abaissée en décembre dernier avec une perspective stable). L’agence souligne néanmoins que la fragilité politique du gouvernement français pourrait compromettre sa capacité à respecter les objectifs de réduction du déficit budgétaire.
- Au Royaume-Uni, la croissance surprend positivement : le PIB progresse de +0,5 % en février contre seulement +0,1 % attendu. En rythme annuel, la croissance atteint ainsi 1,4 %, contre 0,9 % anticipé. La production industrielle ressort également très supérieure aux attentes, à +1,5 % contre +0,1 % attendu. La production manufacturière affiche une performance encore plus solide, avec une hausse mensuelle de +2,2 %.
- En Chine, l’indice des prix à la consommation (IPC) affiche une baisse inattendue de -0,4 % en mars, contre -0,2 % anticipé. Sur un an, les prix à la consommation reculent ainsi légèrement de -0,1 %, alors qu’ils étaient attendus stables. Les prix à la production (IPP), quant à eux, reculent de -2,5 % sur un an, contre -2,3 % attendu et après -2,2 % en février.
- Sur le front micro-économique et plus précisément des résultats trimestriels des banques américaines, les grandes institutions financières affichent globalement de bons résultats, avec des bénéfices par action supérieurs aux attentes pour les cinq principaux établissements (JP Morgan, Wells Fargo, Morgan Stanley, Bank of New York et BlackRock). Toutefois, Wells Fargo et BlackRock déçoivent sur leur chiffre d’affaires. À noter que les établissements financiers signalent unanimement une augmentation des risques de récession.
Banques centrales
- Les minutes de la Fed, compte rendu de la réunion de politique monétaire des 18 et 19 mars, révèlent une certaine unanimité au sein de l’institution concernant les principaux risques pesant sur l’économie américaine, à savoir une inflation en hausse et un ralentissement de la croissance. Rappelons toutefois que cette réunion s’était tenue après les premières annonces de Donald Trump sur les droits de douane, mais avant le récent « jour de la libération », marqué par l’annonce de tarifs douaniers étendus.
- Vendredi, Susan Collins, présidente de la Réserve fédérale de Boston, a contribué à rassurer les marchés en affirmant que la Fed restait prête à intervenir pour préserver le bon fonctionnement des marchés financiers. Cette déclaration a permis aux actions américaines de clôturer en territoire positif. De son côté, John Williams, président de la Réserve fédérale de New York, a écarté le scénario d’une période prolongée caractérisée par une forte inflation et une croissance faible (« stagflation »).
- En Europe également, la BCE s’efforce de rassurer les marchés. Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, a confirmé que l’institution était prête à utiliser tous les outils à sa disposition pour garantir la stabilité financière. Elle a précisé que les infrastructures de marché, en particulier sur le marché obligataire, fonctionnaient de manière ordonnée.
- Concernant la récente dépréciation du dollar, Christine Lagarde a déclaré que la BCE surveillait attentivement la situation, sans toutefois viser explicitement un niveau particulier du taux de change euro-dollar. Cette prudence est logique, dans la mesure où la désignation explicite d’un niveau de référence pourrait inciter les marchés financiers à tester la détermination de la BCE. Néanmoins, historiquement, un taux de change EUR/USD compris entre 1,20 et 1,25 commence généralement à pénaliser significativement les entreprises exportatrices européennes.
- Enfin, jeudi prochain aura lieu la déclaration de politique monétaire de la BCE, lors de laquelle le taux de facilité de dépôt est attendu en baisse de 25 points de base à 2,25 %.
Performances
- Les actions internationales clôturent la semaine en légère hausse, soutenues principalement par l’annonce d’un sursis de 90 jours concernant l’application des droits de douane américains dits « réciproques », à l’exception de ceux imposés à la Chine. Ainsi, les actions mondiales progressent de +0,4 % en euros (+3,5 % en devises locales).
- Au niveau régional, les marchés américains rebondissent nettement (+2,6 % en euros), tandis que la zone euro (-1,4 %) et le Japon (-2 %) reculent modérément. En revanche, les actions émergentes, jusque-là plutôt résistantes, chutent fortement de -6,7 %.
- Sur le plan sectoriel, les secteurs affichent les meilleures performances cette semaine au niveau mondial sont :
- la technologie (+5,7 %),
- les télécom (+2,7 %),
- l’industrie (+1,5 %).
- À l’inverse, les secteurs les plus en retrait sur la semaine sont :
- la santé (-2,8 %),
- l’immobilier (-3,1 %),
- l’énergie (-4,3 %).
- Du côté obligataire, La forte hausse des taux souverains américains est sans doute l'un des éléments ayant poussé Donald Trump à accorder ce sursis tarifaire. Aux États-Unis, le rendement à 10 ans remonte significativement de 4 % à 4,5 %. En zone euro, la tendance est différente : le taux allemand à 10 ans recule légèrement de 4 points de base, passant de 2,57 % à 2,53 %. Le CMS 10 ans progresse quant à lui légèrement, passant de 2,52 % à 2,56 %.
- Le spread France-Allemagne se tend légèrement, passant de 76 à 81 points de base.
- Du coté des matières premières, l’or profite du contexte incertain et affiche un rebond marqué de +6,9 %, tandis que le pétrole recule à nouveau de -1,25 %, sous la barre des 65 dollars le baril.
- Sur le marché des changes, le dollar continue à s'affaiblir nettement face à l’euro cette semaine. La devise européenne progresse ainsi fortement, passant de 1,0955 à 1,1360 dollar, avec un pic en séance à 1,1475.
A suivre cette semaine
- Les marchés resteront très attentifs aux déclarations de Donald Trump et de son administration concernant les négociations sur les droits de douane, ainsi qu’à l’évolution des taux d’intérêt à long terme et du taux de change. La semaine sera également riche en indicateurs économiques.
Aux États-Unis :
- L’indice manufacturier Empire State de la Fed de New York.
- Les ventes au détail et la production industrielle du mois de mars.
- Dans l’immobilier, les chiffres prévisionnels des permis de construire et des mises en chantier seront également publiés.
- Mercredi, les marchés surveilleront particulièrement l’accueil réservé par les investisseurs à l’émission obligataire du Trésor américain à 20 ans.
En zone euro :
- Le principal indicateur sera le chiffre de l’inflation en mars, attendu à 2,2 % pour l’inflation globale et 2,4 % pour l’inflation sous-jacente (« core », hors alimentation et énergie).
- La production industrielle sera également publiée, ainsi que l’indice ZEW du sentiment économique, attendu en forte baisse à 14,2 après 39,8 en mars.
En Chine :
- La balance commerciale donnera des indications sur l’état des échanges extérieurs.
- Le PIB du premier trimestre sera publié, attendu en légère baisse avec une croissance trimestrielle estimée à +1,4 % (soit +5,2 % en rythme annuel).
- Seront également publiés les chiffres de la production industrielle, ainsi que le taux de chômage de mars, anticipé en légère amélioration à 5,3 % contre 5,4 % en février.
Enfin, vendredi sera un jour férié en raison du Vendredi Saint, entraînant la fermeture de nombreux marchés financiers.