À présent que la poussière (ou les confettis) retombe(nt)….
En 2016, l’élection de Donald Trump avait été une réelle surprise pour les marchés.
Son élection était vue par les investisseurs comme possiblement négative par les marchés du fait de l’incertitude qu’elle provoquait. Toujours à l’époque, les places asiatiques, à mesure que l’improbable devenait réalité, s’enfonçaient en territoire négatif. En revanche, dès l’ouverture des marchés américains, les actions progressaient, le positionnement “pro-business” de Trump ayant au final rassuré les investisseurs.
En 2024, l'histoire est autre.
L'incertitude sur le résultat de l’élection était, il est vrai, très importante avant les résultats. En revanche, le vainqueur rapidement connu, le comportement des marchés financiers est resté relativement attendu jusqu’à présent. Si vous aviez connu les résultats à l’avance, vous auriez, pour une fois, probablement pu gagner de l’argent.
Le résumé de la journée du 6 novembre en 4 points:
- Hausse des crypto-actifs. Le Bitcoin a progressé de près de 9%, aidé par les discours, durant sa campagne, en faveur des actifs “définanciarisés” de Donald Trump.
- Hausse du dollar: L’Euro-Dollar est passé de 1,0930 à 1,0728 soit une hausse de 1,85% pour la monnaie de l’oncle Sam. Trump s’est prononcé à de nombreuses reprises contre un dollar fort mais son programme a logiquement un impact haussier sur sa monnaie
- Hausse des actions. En ayant annoncé vouloir baisser les taxes sur les entreprises et ayant une tendance plutôt favorable à la dérégulation, l’élection de Donald Trump a eu un effet positif sur les actions mondiales de 3,5% en euros (1,6% en devises locales). De plus, les résultats rapides, et le fait d’avoir également remporté la majorité au congrès, ont écarté le risque d’une période d’incertitude qui pouvait être redoutée.
- Hausse des taux longs. Le taux à 10 ans américain a continué sa progression entamée mi-septembre et est passé de 4,28% à 4,43% et à même flirté avec la barre symbolique des 4,5%. Le programme de Donald Trump, que ce soit la hausse des taxes douanières ou la lutte contre l’immigration, est perçu comme très inflationniste.
Si on zoom sur les actions:
- Une particularité européenne. Les actions mondiales ont donc été en hausse et tirées par les valeurs américaines qui progressent de 4,5% en Euro et de 2,6% en USD alors que les actions de la zone euro, malgré une hausse matinale) perdent finalement -1,2%.
- “Small is beautiful”. Les actions des petites entreprises, toujours sous évaluées par rapport aux grosses capitalisations, surperforment au niveau mondial et même en zone euro. Les actions de petites capitalisations mondiales progressent de 4,7% en euros (et 2,7% en devises locales).
- Au niveau mondial, seul le secteur de l’immobilier a été légèrement en baisse en raison notamment de la hausse des taux observée. Tous les autres secteurs ont réagi positivement et en premier lieu le secteur financier (+5,7% en eur), le secteur technologique (4,2% en eur) ainsi que celui de la consommation discrétionnaire (4,2% en eur).
- Il n’était pas bon d’être défensif. Les secteurs de la santé, des biens de consommations durables ou des utilities rejoignent le secteur immobilier dans la liste des secteurs ayant connus les moins bonnes performances.
Et maintenant, que surveillons-nous?
- Dès ce soir, nous surveillerons évidemment la décision de la FED concernant la baisse des taux. Si le marché continue d’anticiper une baisse des taux de 0,25% ce soir, le discours et les perspectives que décidera de donner son président Jérôme Powell, par ailleurs dans le viseur de Donald Trump sera particulièrement intéressant.
- L’événement à surveiller également est la réaction des taux longs européens. Le CMS 10 ans (taux moyen des prêts interbancaires des banques européennes de maturité 10 ans) par exemple, alors que les taux 10 ans américains ont bondi, a très légèrement baisse. Nous dirigeons-nous vers une déconnexion totale des marchés de taux américains et européens? Les premiers s'inquiètant d’un retour de l’inflation alors que les seconds redouteraient une récession? Cela pourrait-ils conduire à un grand écart entre la FED et la BCE?