L’investissement responsable ne se limite pas à un label.
Yomoni se positionne comme un acteur résolument engagé dans l’investissement responsable, convaincu que la finance peut être un levier essentiel pour une transition vers une économie durable et équitable. Cette ambition s’est traduite par l’obtention du label ISR en 2023 pour 2 de nos fonds. Toutefois, l’introduction du “référentiel V3” du label ISR nous amène à reconsidérer notre rapport aux labels, non pas en abandonnant nos engagements, mais en adaptant notre approche pour rester fidèles à nos convictions.
Les nouvelles normes du label
La nouvelle version du référentiel ISR introduit des critères beaucoup plus stricts, dans le but de rendre l’investissement socialement responsable plus exigeant et impactant. Parmi ces évolutions, nous saluons notamment la prise en compte accrue des enjeux climatiques. Les fonds doivent désormais démontrer leur alignement avec les trajectoires bas carbone définies par les Accords de Paris, contribuant ainsi activement à la lutte contre le changement climatique.
Une autre évolution majeure réside dans la réduction de l’univers d’investissement : Les fonds doivent exclure au moins 30 % des entreprises les moins bien notées sur les critères ESG de leur univers d'investissement initial. Cette mesure vise à garantir que les investissements se concentrent sur les entreprises les plus performantes en matière de durabilité.
De nouvelles exclusions sectorielles spécifiques ont également vu le jour, comme l’interdiction d’investir dans les entreprises impliquées dans l'exploitation du charbon thermique, les entreprises exploitant des hydrocarbures non conventionnels, tels que le gaz de schiste ou les sables bitumineux ainsi que les entreprises lançant de nouveaux projets d'exploration, d'exploitation ou de raffinage d'hydrocarbures (pétrole ou gaz).
Bien que déjà largement pratiquée, l'exclusion des entreprises impliquées dans la production d'armes controversées est désormais explicitement inscrite dans le référentiel. De même, l'exclusion des entreprises du secteur du tabac est formalisée dans cette nouvelle version du label ISR
Le label ISR demande également la prise en compte du principe de la double matérialité, c’est-à-dire l’obligation pour les fonds de considérer les incidences négatives potentielles de leurs investissements sur l'environnement et la société, conformément aux exigences européennes du règlement sur la publication d'informations en matière de durabilité dans le secteur des services financiers (SFDR).
Ces exigences renforcées représentent un véritable progrès pour crédibiliser le label ISR et aligner les investissements sur les enjeux de durabilité. Même si nous pensons qu’il est préférable d’accompagner les valeurs pétrolières qui souhaitent changer leur production d’énergie et développer leurs activités dans les énergies renouvelables, nous adhérons à toutes ces nouvelles exigences. D’ailleurs Yomoni excluait déjà ces secteurs controversés (Excepté les entreprises productrices de pétrole) et réduisait fortement l’empreinte carbone de son portefeuille par rapport à l’indice de référence.
L’impact du nouveau référentiel sur la gestion indicielle
L’une des conséquences les plus significatives de ce nouveau référentiel est l’exclusion de la gestion indicielle à l’éligibilité au label ISR. La gestion indicielle, qui consiste à répliquer la performance d’un indice de marché, ne peut plus répondre aux exigences imposées, notamment en matière d’engagement actionnarial.
En effet, les ETF indiciels actuellement labellisés ISR sont, par essence, très diversifiés et peuvent compter plusieurs centaines de titres en portefeuille. Il est impossible pour les émetteurs d’ETF de dialoguer avec toutes les entreprises incluses dans leurs ETF et d’entamer des actions avec ces entreprises. Cet engagement actionnarial favorise la quantité d’engagement sur la qualité, pour l’ensemble des portefeuilles diversifiés. Mais surtout, les émetteurs d’ETF doivent inscrire un processus d’escalade formalisé, c’est-à-dire expliquer formellement les actions à entreprendre dans le cas où les entreprises ne souhaitent pas discuter avec l’émetteur d’ETF ou ne prendraient pas en compte les recommandations ou les objectifs ESG fixés par ces dernières. Le processus d’escalade prévoit une vente des titres en l’absence d’amélioration au bout d’une période donnée, ce qui impliquerait que l’ETF ne serait plus en mesure de répliquer fidèlement son indice de référence.
Dans les ETF passifs, les critères ESG sont déterminés par les indices eux-mêmes, ce qui limite la capacité du gestionnaire à exclure ou à sélectionner activement des entreprises en fonction de leurs performances ESG spécifiques.
Ces 2 nouvelles mesures font que la gestion indicielle ne peut tout simplement pas répondre aux nouvelles attentes du label ISR, qui demandent une approche personnalisée et proactive.
Notre position
Chez Yomoni, nous avons toujours défendu les avantages de la gestion indicielle: des frais réduits, une large diversification et une approche transparente. Nous regrettons que certains indices passifs, pourtant très avancés dans leur intégration des critères ESG, ne puissent plus être reconnus par le label ISR.
Aujourd’hui, seuls les ETF actifs peuvent obtenir le label ISR et, même si ces ETF possèdent de véritables atouts, nous estimons qu’ils impliquent des biais de gestion de l’entreprise émettrice de l’ETF que nous ne souhaitons pas, à ce jour, introduire dans nos portefeuilles.
De plus, à ce jour, l’univers des ETF actifs ayant obtenu le label ISR est trop restreint et ne permet pas à Yomoni de construire une allocation en ligne avec ses convictions de gestion. Nous saluons l’effort fait par BNP Paribas et Amundi d’avoir lancé, en peu de temps, des ETF avec le label ISR, mais leurs gammes sont malheureusement trop restreintes. Cela implique que Yomoni ne pourra pas modifier régulièrement les portefeuilles de ses clients afin de profiter des opportunités de marché.
Nous avons donc décidé de ne pas conserver ce label pour nos fonds, car nous estimons qu’une plus grande flexibilité dans nos choix d’investissement est essentielle pour continuer à refléter pleinement nos convictions. Cela nous permettra de construire des portefeuilles diversifiés, alignés sur des objectifs ESG ambitieux, tout en maintenant nos engagements en faveur d’une finance responsable.
Le fait de ne plus arborer le label ISR ne marque pas un recul de nos ambitions. Bien au contraire, nous restons profondément engagés dans notre démarche. En tant qu’entreprise certifiée B Corp, nous avons à cœur d’intégrer les critères ESG dans toutes nos décisions. Nous collaborons avec des entreprises également engagées dans la transition bas carbone et appliquons des politiques internes visant à réduire notre propre empreinte carbone, notamment grâce à des pratiques exemplaires en matière de mobilité durable. Nous continuerons à accompagner nos clients en leur offrant des solutions alignées sur leurs valeurs, tout en participant activement à la construction d’un avenir durable.
L’investissement responsable ne se limite pas à un label. Chez Yomoni, nous sommes convaincus que c’est notre vision, notre expertise et nos choix stratégiques qui font la différence.