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Les biais comportementaux : quand notre cerveau nous joue des tours…

Les biais comportementaux : quand notre cerveau nous joue des tours…

Nous ne sommes pas 100% rationnels. Nous avons tous nos petites habitudes, nos manies, nos préférences, nos émotions et nous ne prenons pas toujours des décisions cartésiennes.

Ce n’est pas très grave dans la vie de tous les jours, mais cela se complique pour l’épargne, car la somme de ces petits biais comportementaux peut nous coûter cher… Il existe même une branche de la finance dédiée au sujet : la finance comportementale.

Voici comment les reconnaître et passer outre afin d’éviter de perdre des milliers d’euros chaque année !

Le biais de confirmation

Il consiste à rechercher ou à ne mémoriser que les informations qui valident une idée préconçue et à ignorer ce qui risque de la contredire. En matière d’investissement, c’est pénalisant puisque cela peut créer une illusion de sécurité et faire oublier les risques. Par exemple, un investisseur persuadé que telle action est une bonne affaire cherchera uniquement des informations de nature à le rassurer dans son choix.

À l’opposé, ce biais peut aussi noircir le tableau et empêcher de passer à l’action : une personne qui a peur d’investir son argent s’enfermera dans une bulle d’informations anxiogènes, ce qui n'arrangera rien.

Pour se débarrasser de ce biais, il faut aller chercher délibérément des arguments opposés à nos idées. C’est difficile… et particulièrement avec les réseaux sociaux, véritables chambres d’écho qui nous proposent surtout des contenus en lien avec notre historique.

Le biais d’information

Il consiste à avoir envie d’obtenir de l’information supplémentaire lorsque que ce n’est ni nécessaire ni utile. Le souci, c’est qu’il y a toujours quelque chose de nouveau à lire !

En matière d’investissement, ce biais se manifeste de deux façons.

Il peut retarder le passage à l’action et laisser penser qu’il faut apprendre encore et encore jusqu’à être totalement prêt (alors qu’investir n’est pas vraiment sorcier).

Il peut aussi vous inciter à chercher des explications à chaque mouvement de marché, alors qu’il faut accepter une part d’aléa.

Pour contrer ce biais, vous pouvez lire les actualités d’il y a 5 ans. Cela vous aidera à relativiser : avec du recul, vous constaterez que ce qui semblait important à une époque ne l'est plus autant aujourd'hui… et il en est probablement de même avec l’essentiel de ce que vous lisez aujourd’hui.

L’aversion aux pertes

Nous préférons tous éviter de perdre de l’argent et c’est bien naturel. Mais certaines personnes ont une telle aversion aux pertes, même si ces dernières sont latentes et temporaires, qu’elles se privent de toute rémunération de leur épargne.

Ce biais peut conduire à une épargne dormante, c’est-à-dire laissée simplement sur les comptes sans être placée, ou trop investie sur les produits sans risque comme les livrets. En réalité, ce comportement pourtant à vocation sécuritaire revient à s’assurer une perte certaine à cause de l’inflation.

Connaître sa réelle tolérance au risque est un atout important en matière d’investissement. “Connais-toi toi-même” : reprenez à votre compte la maxime inscrite sur le fronton du temple de Delphes.

Le biais rétrospectif

Il consiste à considérer que les événements favorables du passé étaient prédictibles et les événements défavorables étaient imprédictibles. Cela ancre l’idée qu’il est possible de déterminer, à l’avance, les secteurs d’activité ou les actions les plus prometteuses.

Ce biais est gênant car il incite à faire des recherches et des choix tranchés, alors que les marchés sont relativement efficaces et que l’attitude la plus rationnelle est de diversifier autant que possible.

Il revient aussi à attribuer les gains au talent et les pertes au hasard impondérable, ce qui contribue à l’excès de confiance.

L’excès de confiance

Plus de 50% des conducteurs estiment être de meilleurs conducteurs que la moyenne… Alors que c’est par définition impossible !

En matière d’épargne, ce biais consiste à dire que l’efficience des marchés n’est qu’un mythe et qu’il est possible de faire mieux grâce à son talent, son travail, sa chance…

Ce biais touche surtout les hommes. Il se manifeste le plus souvent par une prise de risque exagérée et le non-respect des règles de bonne gestion des risques (“elles s’appliquent aux autres, pas à moi”), particulièrement après une hausse des marchés.

L’effet moutonnier

Suivre les autres est rassurant : c’est à l’origine un moyen de défense contre les prédateurs.

Mais en matière d’investissement, suivre les modes est dangereux. En effet, plus il y a d’investisseurs positionnés sur un actif, plus son prix monte… et arrive forcément le moment où le prix atteint, puis dépasse sa valeur raisonnable.

En suivant les foules, on est presque certain d’acheter trop cher, car la peur de rater quelque chose (la fameuse “FOMO”) prend le dessus. Cela fonctionne aussi à l’envers : lorsque tout le monde est déprimé, ce n’est pas le moment de vendre, car on est certain de vendre à des prix déprimés, du fait du déséquilibre entre acheteurs et vendeurs.

Malheureusement, trop d’investisseurs, surtout novices, sont soumis à l’effet moutonnier. Ils n’investissent qu’après une hausse récente et rechignent à investir après une baisse. En agissant ainsi, ils augmentent leur risque et se privent d’achats à bon compte.

Warren Buffett l’a pourtant très bien exprimé : "Soyez avide lorsque les autres sont peureux, soyez peureux lorsque les autres sont avides.”

Sachez être contrariens !

Le biais d’ancrage

Ce biais consiste à accorder beaucoup d’importance à une information particulière ou à un chiffre, sans base rationnelle.

Le point d’ancrage le plus courant est le prix de revient, c'est-à-dire le cours auquel on a acheté un actif par le passé (qu’il s’agisse d’un bien immobilier, d’une action, d’un ETF…). Ce cours n’a évidemment aucune influence sur l’évolution future des cours et élaborer des stratégies autour de ce prix n’a aucun sens. Et pourtant, il a une valeur psychologique démesurée aux yeux de certains investisseurs.

Ce biais se manifeste aussi par le refus de vendre un investissement en perte, même s’il existe de meilleures opportunités d’utiliser le capital qui serait libéré.

D’autres points d’ancrages peuvent être un plus bas récent, ou une information qui nous a marqué récemment, comme un commentaire économique ou un conseil reçu à un instant donné que l’on garde dans un coin de la tête.

Pour se débarrasser de ses biais d’ancrage, il faut essayer de rester rationnel et oublier le passé pour faire comme si on repartait de zéro. Ce qui compte, c’est l’avenir !

Comment l’investissement discipliné en ETF peut vous éviter les biais comportementaux

Ces biais sont naturels mais ils peuvent entraîner une perte d’objectivité qui pénalise vos investissements.

Nous recommandons toujours l’investissement régulier en ETF. La raison est simple : c’est justement pour éviter de tomber dans ces biais :

  • L’investissement progressif, qui consiste à investir chaque mois la même somme, en ignorant totalement les mouvements de marché, l’économie, les informations (ce qui évite le biais de confirmation et le biais rétrospectif). C’est redoutable contre le biais d’ancrage puisque les points d’entrée sont diversifiés… à condition bien sûr, de ne pas supprimer ses versements programmés lorsque les marchés baissent (aversion aux pertes).
  • L’usage d’ETF permet de ne pas avoir à choisir les actions une à une. C’est un moyen d’éviter les excès de confiance (“je suis un meilleur analyste financier ou meilleur trader que la moyenne”), l’effet moutonnier (“tout le monde parle de cette action, elle semble prometteuse”) et d’éviter de perdre du temps avec le biais d’information.

N’oubliez pas qu’investir comporte des risques notamment de perte en capital. Prenez-en connaissance.

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CONTRIBUTEUR EXTERNE. Nicolas a passé 15 ans dans la gestion d'actifs et la finance d'entreprise. Il aime partager son expertise de façon pédagogique.

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