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David Ganozzi interviewé par Mourtaza Asad-Syed

David Ganozzi interviewé par Mourtaza Asad-Syed

Bonjour David, tu es désormais le nouveau Directeur des Investissements de Yomoni. J’en suis évidemment ravi, puisque j’ai énormément d’estime pour toi et ton travail depuis plus de 20 ans. En 1996, nous étions collègues en salle de marchés à la Caisse des Dépôts et Consignations, peux-tu nous en dire plus sur ton parcours ?

Bonjour Mourtaza, je suis aussi ravi d’être là ! Effectivement, ça nous remonte à longtemps en arrière ! En bref, j’ai débuté ma carrière comme Macroéconomiste à la Société Générale de 1993 à 1995, puis Économiste de marchés à la Caisse des Dépôts (1995-1997). Je suis ensuite passé chez BNP Paribas en tant que Stratégiste actions européennes (1997-1998) et je suis devenu le Responsable de l’équipe Stratégie chez Crédit Agricole Asset Management (1998-2000) devenu Amundi aujourd’hui.

C’est en 2000, que je me suis entièrement consacré à la gestion en participant à la création de la société de gestion Fidelity en France. Pendant plus de 18 ans, j’ai géré des fonds d’allocation d’actifs, dont Fidelity Patrimoine, destinés aux clients français, particuliers et institutionnels pour un encours qui a dépassé les 800 millions d’euros en 2018. En tant que président de la société de gestion, j’ai également contribué à définir l’organisation et la stratégie de développement de Fidelity Gestion en France.

Que pensais-tu de Yomoni avant de nous rejoindre ?

Je te suivais de loin, donc évidemment je voyais l’actualité de Yomoni dans les différents médias. Je me suis toujours senti assez en phase avec les valeurs de simplicité, de transparence et de robustesse qui sont mises en avant par Yomoni.

Alors, au-delà de l’image que tu avais de nous, quelles sont les raisons précises qui t’ont poussé à nous rejoindre ?

Il y en a plusieurs, et au final ce choix n’a pas été difficile à faire.
La première est que l’approche choisie par Yomoni en termes de gestion financière me semble la plus pertinente pour les épargnants. Cette méthodologie repose sur une définition fine du profil de l’investisseur qui se traduit dans une allocation d’actifs stratégique. Cette étape est fondamentale et mérite beaucoup d’attention, car c’est elle qui déterminera la performance et la volatilité du portefeuille sur le long terme.
Elle s’appuie ensuite sur un investissement du portefeuille dans des véhicules de gestion passive (ETFs, fonds indiciels…). L'intérêt de ce type de fonds est double. D’une part il garantit une régularité de la performance relative sur chacune des grandes classes d’actifs. D’autre part leurs niveaux de frais sont très faibles, ce qui contribue significativement à la performance globale du portefeuille sur le long terme.
Dernier point, le contact humain a été déterminant. Que cela soit avec toi ou avec Sébastien d’Ornano, je me suis senti tout de suite très à l’aise dans nos discussions et nos échanges, et sur les valeurs que nous partageons.

Quelles sont tes attentes en rejoignant l’aventure Yomoni ?

Je trouve le côté entrepreneurial très attirant. Les phases de développement sont toujours extrêmement motivantes. Travailler au sein d’une entreprise à taille humaine, avec des équipes jeunes me semble extrêmement enthousiasmant.

Parlons un peu gestion, point commun et différences de style. Je crois que nous partageons la conviction que la gestion n’est pas une science, et encore moins une science exacte, et que c’est avant tout une discipline. Quelles qualités doit avoir un gérant selon toi ?

D’un côté je suis très sceptique sur l’importance qui est parfois accordée à la personnalité du gérant dans le choix des investisseurs (disons que je me méfie beaucoup du concept de « gérant star »). Sur le long terme, on se rend compte qu’il est extrêmement difficile de maintenir un niveau de performance significativement supérieur à la moyenne du marché. On peut faire rêver quelques années avec des performances extraordinaires, mais il n’est pas rare que la déception suive. C’est ce constat qui justifie en grande partie à mes yeux le recours à des fonds indiciels ou passifs, qui garantissent une performance relative régulière.

D’un autre côté, il me semble quand même que certaines caractéristiques sont nécessaires pour faire correctement ce métier. Je citerai essentiellement la rigueur dans les méthodes de travail, l’honnêteté intellectuelle et une bonne dose d’humilité. Je suis personnellement naturellement porté vers des approches robustes et simples, et je me méfie des approches trop complexes qui peuvent se révéler fragiles au final.

Il me semble également important qu’un gérant de portefeuilles soit capable d’expliquer de façon intelligible ses méthodes de travail et ses résultats aux investisseurs qui ont décidé de lui confier leur épargne ; je crois donc que le sens de la pédagogie et la volonté de bien se faire comprendre sont également des qualités importantes.

Et s’il ne fallait en retenir qu’une ?

Je crois surtout qu’il faut qu’un gérant aime tout simplement ce qu’il fait au quotidien.

Rentrons dans le détail de la gestion et des méthodes d’allocation. Comme tu l’imagines, il existe un questionnement permanent au sein de l’équipe d’Investissement avec Alexis Naacke, Responsable de la Gestion et Jérémy Dudek, Responsable de la Recherche. Selon toi, comment organiser la part stratégique et tactique dans l’allocation d’actifs ?

Il me semble que la définition de l’allocation d’actifs stratégique constitue l’étape la plus importante dans la construction d’un portefeuille financier. C’est cette étape qui permet de définir les caractéristiques principales du portefeuille (son niveau de risque en particulier) en fonction des objectifs et des contraintes de nos clients.
L’allocation tactique consistera ensuite à faire varier la répartition du portefeuille autours de cette allocation stratégique de long terme, en fonction de différents facteurs de court terme tels que l’environnement macro-économique, les niveaux de valorisation des différentes classes d’actifs…

Mais il me semble important de n’allouer qu’une part de risque limitée à ces décisions, de façon que le portefeuille final ne s’éloigne pas trop des caractéristiques qui ont été définies en première étape. Le risque serait de perdre de vue les objectifs de long terme définis en fonction des caractéristiques de nos clients pour se focaliser sur des éléments de court terme.

Cela étant dit, je pense qu’une bonne analyse de l’environnement macro-économique permet de définir des vues tactiques qui conduiront au final à générer un surcroît de performance. Il faut simplement bien définir à l’avance la proportion de risque que l’on est prêt à allouer à ces vues tactiques.

Le souvenir le plus marquant de ta vie de gérant ?

Sans conteste la crise de 2008, comme pour la plupart des gérants je pense. Pour beaucoup, cette période a eu des aspects de fin de monde, mais surtout des répercussions bien au-delà de Wall Street.

Ton article en septembre 2018, sur les dix ans de la faillite de Lehman Brothers, est assez juste sur le sujet, et je rejoins certaines des conclusions, comme celle de l’impossibilité de prédire les événements.

David: A mon tour de te poser une question, quel sera ton rôle désormais chez Yomoni ?

Mourtaza : Je vois que tu prends ton nouveau rôle très au sérieux et que l’interview se retourne sur moi ! Comme tu le sais, j’habite en Suisse avec ma famille depuis plus de quinze ans. Je souhaite donc me recentrer après ces quatre années d’éloignement quotidien. Bien sûr je reste très proche de Yomoni, en participant en tant qu’expert à vos réunions mensuelles de suivi macro-économique et de réflexions sur l’allocation stratégique. Mais c’est bien toi qui seras désormais décisionnaire avec l’ensemble de l’équipe. Je suis d’ailleurs très heureux que tu nous rejoignes car une grande partie de ma famille possède des comptes gérés chez Yomoni, et j’ai une grande confiance en toi !

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Mourtaza est l'un des co-fondateurs de Yomoni. Il a endossé le rôle de responsable des investissements jusqu'en 2019.

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