Cette nuit se sont déroulées les élections américaines. Retrouvez nous toute la journée pour suivre l'actualité en direct et à 18h nous terminerons par une webconférence avec Mourtaza, notre Directeur des Investissements,et Tristan, notre Responsable du Service Client, qui répondront à toutes vos questions.
Mise à jour - 17h
Quelles conséquences (suite) ?
Bien qu’ils soient victorieux, les républicains vont devoir faire face à leurs contradictions internes. Ils vont devoir composer avec leur nouveau champion, à qui ils doivent une victoire sans précédent. Lui, est en position de force, il a gagné sans leur soutien, voire en dépit de leur hostilité. Il s’est appuyé sur un électorat inédit pour le Parti, les hommes « blancs » de classe moyenne et populaire. Or ces derniers, ne sont pas tant motivés par l’idéologie du Parti de Lincoln, que par un véritable trouble identitaire dans une société qui évolue sans eux, comme en témoigne la terrible hausse de la mortalité et de morbidité qui touche ce groupe (cf graphique ci-dessous). Sur les quinze dernières années, le taux de mortalité des 45-54 ans a augmenté, fait unique dans les pays de l’OCDE, et cela pour des causes exogènes essentiellement autodestructrices : overdoses, suicides, cirrhoses, etc.
Au final, c’est donc là que résident les inconnues de la prochaine présidence :
- Quel programme économique et social pour satisfaire un électoral en colère ?
- Comment le Président va-t-il travailler avec sa majorité ?
Une chose nous parait plus évidente et dans les mains de l’exécutif aux Etats-Unis : la politique étrangère. Donald Trump aura les mains relativement libres pour appliquer son crédo isolationniste. Un retour au credo vieux d’un siècle, et une rupture avec les néo-conservateurs.
Mise à jour - 14h30
Que s’est-il passé cette nuit (suite) ?
Quelques soient leur obédience ou leurs méthodes (statistiques ou analytiques), les neuf grands instituts de sondage américains semblent s’être laissés surprendre par la victoire de Trump, de même que la grande majorité des investisseurs. Il n’y a donc pas matière à se lamenter de pas avoir analysé les données disponibles, mais à constater encore et toujours la différence qu’il y a à chercher à prédire un événement (unique et daté), et prévoir une tendance (succession d’événements constatés sur une période). Par exemple, un médecin peut prévoir des soucis de diabète d’ici 10 ans à partir de données personnelles, mais se s’aventurera pas à prédire une attaque cardiaque à six mois. Dans ce cadre, l’événement du jour s’inscrit d’après nous, dans une dynamique de fond de rejet de l’establishment et de la mondialisation dans les démocraties occidentales.
Dans le détail, la victoire de Trump provient essentiellement des gains stratégiques de la Pennsylvanie et de la Floride qui font basculer 49 votes sur les 271 nécessaires à Clinton pour s’assurer d’une majorité de grands électeurs. Mais la vraie surprise est l’étendue de l’avance de Donald Trump qui devrait totaliser près de 300 votes de grands électeurs. Le candidat a par exemple remporté les deux Etats de Caroline et l’Ohio et au final, les Républicains remportent l’ensemble du Congrès (Sénat et Chambre). Le vote de cette nuit, va donc bien au-delà d’un simple vote d’alternance comme celui connu à la fin du mandat de Bill Clinton (défaite de Al Gore à quelques voix en Floride), puisqu’il améliore le score historique moyen des républicains dans tous les états, et qu’il aussi remporte le « vote populaire » (majorité des suffrages individuels) à 47,7% contre 47,4%.
Comment l’élection a-t-elle basculé ?
En début de semaine, nous constations l’avance d’Hillary Clinton, mais nous placions les clés du scrutin sur le taux d’abstention des grands groupes électoraux qui se séparent malheureusement sur des différences quasiment déterministes, l’appartenance ethnique et le niveau d’étude (et non plus les niveaux de revenus). Clinton se devait de mobiliser les minorités afro-américaines et hispaniques, acquises à sa cause, mais qui ont un faible taux de participation. Trump de son côté devait entrainer sa « majorité silencieuse », blanche, rurale et peu diplômée. La surprise, est qu’il a réussi au-delà de ses espérances. Il a assuré une forte participation, mais à force de déclarations tonitruantes, souvent machistes, et violentes il a renforcé la radicalité de son groupe, avec un gain de 20% d’intentions de vote pour les Républicains, dont il semble avoir réussi à incarner la colère.
Mise à jour - 10h
Que s’est-il passé cette nuit ?
Cette nuit électorale avait un air de déjà vu, pour ceux qui avaient veillé le 24 juin lors du Brexit. Donald Trump accède à la présidence des Etats-Unis à la surprise générale, qui est bien supérieure à celle du Brexit que quelques sociologues avaient alors vu venir. Cette fois, la victoire de Mme Clinton semblait acquise pour l’ensemble des observateurs et investisseurs. Nous y reviendrons.
Quelles conséquences ?
Dans l’immédiat, nous nous attendons à un fort impact négatif sur les bourses européennes en ligne avec Wall Street qui perdait 5% au pire de la nuit, pour s’établir vers les -2%. Le billet vert recule déjà (de 2%), à mesure que les investisseurs étrangers se retirent des actifs américains. Les Etats-Unis se voient désormais attribuer un risque politique, vu l’incertitude qui plane sur la politique du futur président. Les bourses asiatiques ont déjà accusé le coup avec des reculs de 2 à 5%, suivi par le pétrole qui anticipe un moindre dynamisme de la croissance mondiale. Contrairement aux suites du Brexit, il n’y a pas d’engouement particulier pour les actifs obligataires les plus défensifs comme les bons du Trésor. Les taux longs ne baissent pas. Les gagnants se trouvent à l’extérieur des Etats-Unis, avec l’or qui gagne 2%, et les monnaies-refuge, comme le Yen et le Franc Suisse, qui prennent le large.
Les portefeuilles subissent des pertes proportionnelles à leur niveau de risque avec des baisses de 0 à -2,8%. Notre forte diversification a amorti une partie de cette baisse, mais nos expositions internationales nous rendent sensibles à la baisse du dollar ainsi qu’à celles des monnaies émergentes. Nos récentes décisions tactiques -volontairement neutres à la tournure des élections- militaient pour une moindre exposition aux actions, et c'est tant mieux.
Quelles conclusions ?
Il est trop tôt pour se lancer dans des conjectures sur la tendance à moyen-terme des marchés. L’Histoire nous incite à ne pas céder à l’enthousiasme ni à la panique. En effet, les élections US sont précédées par des journées de forte volatilité pour se dissiper au fil du temps. Il faut donc attendre avant de prendre précipitamment des décisions unilatérales (comme celle de changer de profil !), celles-ci peuvent néanmoins se justifier et quelques jours de délai n’auront pas un impact majeur. Pour l’heure, nous restons prudents et gardons également en tête qu’en moyenne la majorité présidentielle ne fait pas une grande différence sur les performances au-delà de 2 à 4 années.