A l’occasion de la clôture de la première année de gestion des contrats Yomoni-Vie, nous pouvons enfin présenter les performances de nos profils, mais ceci reste un exercice délicat pour deux raisons :
- Une performance n’est jamais définitive. Elle est certes constatée et figée sur une période, mais la performance passée ne préjuge pas des événements à venir pour ceux qui restent investis. Il peut s’avérer douloureux de crier victoire (ou désastre) en cours de route, car les gains peuvent toujours s’évaporer et le capital est encore à risque. Pour un placement, comme au Tour de France ce qui compte c’est uniquement de faire le compte à l’arrivée, pas de célébrer les victoires d’étapes.
- Il est tout simplement interdit de faire une communication avec la performance comme thème central. Il semble qu’en France, distribuer un placement financier soit aussi nocif que vendre des cigarettes. Dans le même temps, la loterie nationale jouit d’une liberté absolue pour vanter les mérites de l’enrichissement miracle et instantané. Avec un taux de perte de 84%, elle ruine en toute légalité les plus crédules qui sont souvent les plus modestes pour un total de 4Mds€ par an. Il faudrait que la bourse perde près de 10% chaque année pour faire des dégâts similaires auprès des actionnaires médians.
Ce premier point sur le rapport au temps, nous amène au cœur de notre philosophie de gestion qui ne s’écrit pas en formules mathématiques mais en anglais, car nous sommes très tendances ces derniers temps. Il s’agit du « Slow investing », dont nous sommes les précurseurs.
Le « Slow investing » s’inscrit au sein des nouvelles tendances urbaines qui visent à reprendre la maîtrise du temps pour mieux appréhender le réel. La consonance avec le « slow food » est volontaire, car nous sommes de fins gourmets et parce que la lenteur nous permet de profiter pleinement des vertus du « temps long ». En agissant au ralenti, c’est-à-dire en plaçant ses économies avec lenteur, il est plus facile d’épargner régulièrement pour longtemps, ce qui reste la recette la plus sûre pour constituer un patrimoine conséquent.
Les deux facettes de notre « slow investing » sont : le « slow saving » et le « slow market timing ». Le premier porte sur le comportement d’épargne et préconise d’épargner tôt pour des montants réguliers même s’ils sont faibles pour en faire une habitude, et le second porte sur la stratégie de placement et suggère de placer progressivement sur une palette d’actifs jugés prometteurs à force de légers rééquilibrages et de limiter les frais, pour en faire une discipline.
Le « slow investing » part du principe que rien ne sert de courir car l’enrichissement instantané et fortuit n’existe pas n’en déplaise à la Française des Jeux. Il faut donc du temps, du discernement et une prise de risque pour tout gain potentiel. Cette croyance n’est pas d’inspiration morale, elle provient d’une simple logique économique et de constatations empiriques.
- L’impact exponentiel des intérêts composés dans l’accroissement d’un capital n’a pas d’équivalent mais requiert un long temps d’immobilisation pour faire son oeuvre. La précipitation n’a donc pas sa place dans une stratégie d’épargne.
- Une allocation qui privilégie régulièrement les actifs décotés, comme les régions ou les secteurs les moins prisés par le marché, délivre des performances supérieures à la moyenne sur une détention longue. Warren Buffett reste le témoin vivant de cette discipline qui nécessite de répartir au mieux son risque.
Pour boucler sur la Grande Boucle, une conclusion saute aux yeux à partir de la centaine d’années de statistiques : les vainqueurs du Tour ne gagnent pas les étapes ordinaires, ils ne font pas d’exploits lors des épreuves routières ordinaires où l’écart possible entre coureurs est faible. Ils font la différence durant les étapes difficiles telles que la montagne ou les contre-la-montre individuels. C’est le cas de 85% des étapes remportées par les quatre quintuples vainqueurs du Tour. Si l’on assimile les victoires d’étapes aux performances trimestrielles d’un fonds, les épreuves de plat aux marchés calmes et haussiers et enfin les épreuves difficiles avec les périodes baissières ou chahutées, on aboutit à des priorités de gestion assez éloignées des modèles de la profession. Selon nous, il s’agit donc de prendre régulièrement des petits paris tactiques et de rester dans le peloton dans les périodes calmes, et surtout de ne pas « perdre les pédales » quand les marchés s’agitent.
C’est donc à vélo, et à force de légers rééquilibrages que Yomoni devient Slow-money.