Préparer sa retraite, tout le monde y pense. Mais le faire bien est une tout autre histoire. Ce n’est pas un mystère : le système de retraite par répartition français n’est pas dans une forme éblouissante. Même si une réforme se profile, les intéressés sont de plus en plus amenés à se pencher d’eux-mêmes sur le sujet, histoire de se préparer de vieux jours suffisamment confortables.
En observant les choses de loin, on pourrait se satisfaire un peu vite du fait que les Français ont un taux d'épargne élevé, autour de 15 % de leurs revenus. C’est certes une bonne nouvelle, mais pour bien préparer sa retraite, être économe ne suffit pas. Il faut aussi savoir éviter trois pièges.
Premier piège : s'y intéresser trop tard
Le premier piège serait de s’intéresser trop tard à ce sujet qui n’enchante pas grand monde : démarrer tôt l’effort d’épargne et le consentir de manière régulière, c’est déjà le rendre moins douloureux. Surtout, cela permet de profiter du mécanisme des « intérêts composés » : les intérêts touchés sur votre capital financier vont à leur tour être réinvestis et générer eux-mêmes des intérêts. Enfin, démarrer une épargne permet de « prendre date » sur les différentes enveloppes fiscales que vous êtes susceptible d’utiliser. Autrement dit, en ouvrant un PEA ou un contrat d’assurance-vie même pour y placer des sommes modestes, vous allez déclencher le compteur du temps au bout duquel les avantages fiscaux liés à l’enveloppe joueront à plein.
Deuxième piège : se contenter de mettre de l'argent de côté
Le deuxième piège est plus subtil : c’est de laisser dormir son épargne, en la considérant comme un tout indistinct, ce fameux « argent qu’on a de côté ». Bien au contraire, il est crucial de savoir structurer son épargne en trois poches distinctes : la première à abonder est évidemment l’épargne de précaution, qu’on stocke pour faire face à un « coup dur ». Le Livret A ou les fonds en euros de l'assurance-vie (surtout si le contrat est à maturité fiscalement) sont parfaits pour cela. Le problème, c’est que les Français ont tendance à considérer de la même manière les deux autres poches de leur épargne : celle réservée aux projets de moyen terme - achat immobilier, études des enfants - et celle typiquement dédiée au plus long terme - typiquement, la retraite - pour laquelle l’argent va rester immobilisé 10 ans, 20 ans, voire 30 ans.
Pour des durées aussi longues, il ne s’agit plus simplement de mettre de l’argent de côté pour le retrouver plus tard, mais bel et bien de le faire fructifier, ne serait-ce que pour le protéger de l’inflation qui, cumulée sur de telles périodes, peut s’avérer très vorace sur votre patrimoine. Les placements sans risque, de type monétaires ne sont pas adaptés dans un tel cas : ils le sont d’autant moins en ce moment du fait de leur inévitable corrélation avec le taux de facilité de dépôt de la Banque centrale européenne, qui est... négatif depuis juin 2014 (il est actuellement de -0,40 %).
Les Français ont abondé à hauteur de 104,7 milliards d’euros leurs contrats d’assurance-vie sur les neuf premiers mois de 2018, souvent dans cette optique de se constituer une retraite complémentaire. Mais plus de 70 % de cette épargne continue de se diriger vers les fonds en euros, plutôt adaptés à l’épargne de précaution et dont la rémunération ne cesse de fondre. Selon les statistiques de la Fédération française de l’assurance, ils ont rapporté 1,8 % en moyenne en 2017 : un chiffre qui descend graduellement depuis l’année 2013, où il était de 2,8 %.
De manière intéressante, les supports d’assurance-vie en unités de compte ont, de leur côté rapporté 4,6 % par an en moyenne sur la période : voilà qui illustre l’intérêt qu’il y a à prendre des risques, ce qui est le principe des unités de compte en assurance-vie.
Certains objecteront que 2 % sans risque, ce n’est peut-être pas plus mal que 4 % avec. C’est légitime lorsqu’on parle de la poche d’épargne de précaution, mais à un horizon d’investissement de 25 ans, l’écart est colossal. Sur cette durée, on retrouve la magie des intérêts composés : placés à 2 %, 100 euros vous rapporteront 64 euros d’intérêts cumulés, contre plus de 166 euros si le taux est de 4 %.
Troisième piège : trop nourrir tout l'écosystème financier
Le troisième piège à éviter est celui d’être trop généreux avec les autres espèces qui peuplent votre écosystème financier. Souvenez-vous que les plus-values générées par vos produits financiers seront en effet partagées entre trois bénéficiaires : le fisc, les intermédiaires financiers et vous. Privilégiez les enveloppes fiscalement attrayantes - assurance-vie, PEA, épargne salariale, ... - pour tempérer l’appétit du premier et soyez vigilants sur les frais des produits financiers : vous augmenterez ainsi votre part du gâteau.
La préparation de la retraite peut donc sembler un chemin semé d’embûches. Mais si l’on sait y mettre un peu de rationalité et de discipline, on peut transformer l’exercice en un long fleuve tranquille.
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