Comment ceux qui perdent à court-terme peuvent quand même gagner plus à long-terme
Ces derniers temps, vous avez moins gagné (ou plus perdu) sur vos placements que votre voisin ou votre beau-frère, et vous vous demandez si vous devriez les imiter au lieu de suivre une stratégie simple et logique comme le conseillent des gens comme moi.
Perdre de l’argent à court terme c’est bien (enfin presque)
La question est donc de savoir si une contre-performance à court terme signifie que votre stratégie d’investissement est mauvaise ou bien s’il s’agit juste d’une contre-performance passagère.
Des études ont montré que les échecs de court terme n’empêchent pas les réussites de long terme. Le Brandes Institute a ainsi comparé près de 600 gestionnaires de fonds américains. Les meilleurs d’entre eux faisaient mieux que la moyenne de 2,5 % par an sur dix ans. Et pourtant, lors de leur plus mauvaise année, ils faisaient 20 % moins bien que la moyenne ! Ils visaient (avec succès) la performance à long terme et étaient prêts pour ça à accepter des contre-performances passagères.
James Montier mentionne aussi certaines stratégies de placement (du type deep value inspiré de Benjamin Graham) rapportant plus à long terme mais qui peuvent en revanche perdre de l’argent à court terme. Il conclut carrément qu’une « mauvaise performance à court terme est une conséquence d’une stratégie d’investissement sensée ».
Les moteurs de performance à court terme
Le principe n’est pas vrai que pour les professionnels, il s’applique aussi aux petits épargnants. Comment avoir de bonnes performances à court terme ? Vous pouvez suivre la mode — jusqu’à ce qu’elle finisse abruptement et violemment (bulle internet, subprimes). Vous pouvez miser sur les actions de quelques sociétés — mais si l’une d’entre elles a des soucis (voire fait faillite), votre perte sera substantielle. Vous pouvez emprunter pour spéculer (effet de levier) — mais vos pertes aussi pourront être augmentées. Le fait que vous gagniez de l’argent à court terme ne prouve donc pas que votre stratégie soit meilleure, peut-être n’est-elle que plus risquée.
Le même scepticisme s’applique aux gestionnaires de fonds : certains publient de bonnes performances sur les trois ou cinq dernières années, mais qu’en déduire ? Les dernières années correspondaient à une stabilisation de l’économie dans certains pays et à un redécollage dans d’autres. Comment ces fonds se comporteraient-ils lors d’un krach boursier ou pendant une récession économique ? Si le succès est dû à ce que les gestionnaires sont particulièrement adroits, peut-être mieux que la moyenne. Mais si le fonds a de telles performances en prenant simplement plus de risques (petites capitalisations, pays émergents, faible diversification), la chute pourra être violente.
Déduire le long terme du court terme
Certains placements qui peuvent avoir de mauvaises performances à court terme rapportent plus en moyenne à long terme. Par exemple la Bourse peut perdre de l’argent à court terme, mais elle offre plus d’opportunités que les livrets d’épargne à long terme. Mais avec les bulles ou les placements peu diversifiés, l’avantage disparaît à long terme. Il faut donc se méfier des performances à court terme (bonnes ou mauvaises) quand on ne comprend pas leur origine.
Il faut donc apprendre à faire la différence entre moteurs de performance qui se maintiendront dans la durée et ceux pour lesquels le succès ne durera pas. Un placement boursier continuera de rapporter plus en moyenne qu’un livret A, mais des placements peu diversifiés ou avec effet de levier pourront passer du meilleur au pire sans prévenir.
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