Réforme des retraites : les explications pour s’y retrouver
La réforme des retraites prévoit d’allonger l’âge de cotisation en réponse à l’accroissement du déséquilibre entre cotisants et retraités, tout en avançant dans l’uniformisation des différents régimes en vue de tendre vers une retraite dite universelle.
Par cette réforme, le gouvernement souhaiterait aussi revaloriser les petites pensions et mieux tenir compte de la pénibilité, permettant aux personnes ayant un métier pénible ou ayant commencé à travailler jeunes de partir plus tôt.
Yomoni fait le point sur la réforme des retraites.
Les âges à connaître
Aujourd’hui 3 chiffres sont importants :
L’âge légal de départ de la retraite : 62 ans aujourd’hui, 64 ans proposés
L’âge légal de départ à la retraite est aujourd’hui fixé à 62 ans. En pratique, cet âge désigne l’âge minimum à partir duquel il est possible de demander la liquidation de sa pension (c’est-à-dire le versement de sa retraite).
La réforme prévoit de relever progressivement cet âge à 64 ans d'ici à 2030.
Cependant, certains aménagements seraient prévus pour les personnes ayant commencé tôt, permettant selon des cas particuliers de partir à 60, voire 58 ans. Sans ces dérogations, il sera impossible de demander le paiement de ses droits avant 62 ans.
Le nombre d’annuités nécessaire pour le taux plein : 42 ans actuellement, transition vers les 43 ans accélérée
Actuellement, le nombre d'annuités requis pour obtenir une retraite à taux plein dépend du régime de retraite auquel vous êtes affilié. Pour le régime général et hors cas particuliers, la barre est fixée à 168 trimestres, soit 42 ans de cotisations. Cette durée est toutefois allongée à 43 ans (172 trimestres) pour les personnes nées en 1973 et après (Loi Touraine de 2014).
Le projet du gouvernement prévoit d’accélérer ce calendrier, et d’appliquer une durée de 43 ans aux personnes qui prennent leur retraite à partir de 2027. Ce nombre d’annuités permettrait d’obtenir un taux de remplacement de 50%. Chaque trimestre manquant ou supplémentaire diminue ou augmente ce taux de 1,25 point. Par exemple, avec deux trimestres manquants, le taux n’est que de 47,5% du salaire de référence.
En travaillant un an de plus, soit 4 trimestres, vous pourriez amener votre taux à 55% au lieu de 50%.
Le taux de remplacement est le pourcentage de son ancien revenu que l'on perçoit une fois arrivé à la retraite. Pour le calculer, le salaire de référence est le salaire annuel brut moyen calculé sur un certain nombre des meilleures années ou le dernier salaire pour les fonctionnaires.
L’âge de la retraite à taux plein : 67 ans, pas de changement prévu
À 67 ans, il est possible de partir sans décote, c’est-à-dire en appliquant un taux de remplacement de 50% quel que soit le nombre de trimestres cotisés. Toutefois, attention aux détails ! Si le taux de remplacement ne subit effectivement aucune décote, la pension reste calculée au prorata des trimestres cotisés. Autrement dit, les trimestres manquants sont comptés pour zéro, faisant chuter le salaire moyen. La retraite ainsi acquise sera donc inférieure à une retraite dans laquelle tous les trimestres auront été travaillés si beaucoup de trimestres n’ont pas été travaillés.
La réforme des retraites ne prévoit pas de toucher à l’âge de la retraite à taux plein.
Les autres facettes du projet gouvernemental
L’alignement des régimes spéciaux sur le régime général
La réforme des retraites prévoit que certains salariés seront désormais affiliés au régime général des retraites : sont concernés les salariés nouvellement recrutés dans les industries électriques et gazières, à la RATP, la Banque de France, les clercs et employés de notaire, ainsi que les membres du Conseil économique, social et environnemental.
En revanche, d’autres régimes ne seraient pas concernés : marins, Opéra de Paris, Comédie Française, régimes autonomes des professions libérales et régimes agricoles conserveraient leur propre régime pour l’instant.
La prise en compte de la pénibilité
Enfin, le gouvernement prévoit une meilleure prise en compte des critères de pénibilité, permettant aux salariés concernés de partir à la retraite à 62 ans plutôt que 64, un recul de deux ans par rapport à la situation actuelle (60 ans au lieu de 62). Ici encore, les débats portent sur les modalités techniques de ce dispositif.
La réforme des retraites ne touche pas les régimes complémentaires
Les régimes complémentaires (Agirc-Arrco par exemple) sont des retraites à points qui complètent la retraite du régime général. Ces derniers sont gérés par les partenaires sociaux et non par l'État, ils ne sont donc pas directement touchés par la réforme. Cependant, ils subissent indirectement les conséquences puisque les retraites complémentaires sont débloquées au moment de la liquidation de la retraite du régime général. Tout décalage d’âge sur le régime général se répercute sur les complémentaires.
La réforme , pourquoi maintenant ?
Le rapport démographique est de plus en plus précaire
Ce projet intervient dans un contexte où le rapport démographique, c’est-à-dire le rapport entre cotisants et retraités, chute depuis des générations.
Calculé par l’INSEE, il s’élevait autour de 3 à la fin des années 70 (3 cotisants pour un retraité), puis a chuté sous 2 dans les années 90 avant de tendre vers 1,33 actuellement
Parmi tous les régimes, le régime général est le plus déséquilibré (voir les statistiques de l’Insee), tandis que la situation est moins déséquilibrée lorsqu’on l’observe tous régimes confondus. Un constat à nuancer, car certains régimes spéciaux sont fortement subventionnés au titre du déséquilibre démographique (par exemple, le régime des Mines ou de la SNCF ont beaucoup plus de retraités que de cotisants du fait de la baisse du nombre de travailleurs dans le temps).
La hausse de l’espérance de vie permet un allongement de la durée de travail
L’allongement de la durée de cotisation serait tempéré par de l’allongement de la durée de vie.
En outre, la France est actuellement l’un des pays qui part en retraite le plus tôt. Ces facteurs tendent à indiquer que le gouvernement dispose de marges de manœuvre pour retrouver un équilibre dans le financement des retraites. Si cette réforme était mise en place, la France se rapprocherait de la moyenne européenne : l’âge légal de la retraite se situe en moyenne à 65 ans dans l’UE.
L’avis de Yomoni : qu’importe l’issue du projet de réforme, pour préparer votre retraite ne misez pas tout sur la retraite par répartition
Que vous ayez confiance ou non dans l’avenir du système des retraites par répartition, il est indispensable de construire une épargne pour ses vieux jours (ou pour tout autre événement de la vie).
On la construit pour soi, mais aussi pour ne pas être dépendant des autres au moment du grand âge. La retraite, même à taux plein, ne suffit généralement pas à faire face aux besoins financiers liés à la dépendance. Il faut nécessairement du patrimoine pour être serein : construisez votre épargne pour éviter des charges à vos enfants le moment venu !
Avec quelle enveloppe préparer sa retraite : PER ou assurance-vie ?
Ces deux enveloppes de placement permettent de capitaliser tout au long de la vie active sous forme de versements libres ou programmés, puis de percevoir, au moment de la retraite, un capital soit en une ou plusieurs fois grâce à des retraits progressifs, soit sous forme de rente viagère versée à vie.
Le PER pour la possible défiscalisation
L’enveloppe créée par le gouvernement pour répondre au financement de la retraite est le Plan d'Épargne Retraite (PER). Cette enveloppe permet une défiscalisation (jusqu’à 10% des revenus annuels, et sous conditions) des sommes versées. Cela signifie que vos versements viennent réduire vos revenus imposables et donc, l’année suivante, réduire l’impôt sur le revenu que vous payez. Côté gestion, les PER sont généralement gérés par des professionnels, avec un mandat de gestion de plus en plus sécurisé à l'approche de la retraite.
Ce produit présente toutefois deux contraintes qu’il faut accepter avant de souscrire. La première tient à l’indisponibilité des sommes versées jusqu’à la retraite : c’est un “produit tunnel”. Hormis 6 cas particuliers (relatifs aux accidents de la vie, mais aussi un cas, plus heureux, d’achat de résidence principale), il est impossible de retirer le moindre euro d’un PER avant la retraite.
La seconde contrainte est fiscale. Les sommes ayant donné lieu à défiscalisation à l’entrée sont réintégrées dans les revenus à la sortie, au moment de la retraite. L’opération est rarement perdante, car les revenus sont généralement moindres à la retraite que pendant la vie active, mais cela peut représenter une mauvaise surprise. Dans tous les cas, il est possible d’opter pour des retraits progressifs afin de lisser l’impact sur les tranches marginales.
Avec ces caractéristiques, le PER séduit surtout les foyers imposables qui anticipent une forte baisse de revenus à la retraite. Nous avons présenté différents profils d’épargnants et leur intérêt à souscrire un PER dans un précédent article.
Lancé en 2019, le PER a déjà collecté plus de 70 milliards d’euros et séduit 6,2 millions d’épargnants (source Ministère des Finances, octobre 2022).
L’assurance-vie pour la souplesse
Qualifiée de “couteau suisse de l’épargne”, l’assurance-vie a aussi son utilité en matière de préparation de la retraite. Le gros avantage de cette enveloppe, c’est sa souplesse : les versements et les retraits sont totalement libres, et ne remettent pas en cause l’ancienneté de l’enveloppe (hormis, bien évidemment, un retrait total qui la clôture).
L'assurance-vie offre à la fois un cadre fiscal avantageux pour les placements, avec un abattement obtenu dès 8 ans qui permet de défiscaliser les gains au moment des retraits, et un contexte juridique et successoral avantageux, puisqu’il est possible de déterminer qui récupérera le capital en cas de décès du souscripteur. Les destinataires peuvent être des personnes éloignées, qui bénéficieront alors d’une transmission à droits de succession allégés.
Côté placements, l’assurance-vie ne se résume pas au fonds en euros, son compartiment sécurisé. Elle permet une large palette de placements, permettant de rechercher de la performance grâce à des unités de compte dynamiques, bien adaptées pour l’horizon long de la retraite.
Incontournable dans tout patrimoine, à tout âge et pour préparer tous les projets de vie, l’assurance-vie cumule un encours de 1900 milliards d’euros. Près de la moitié des ménages détiennent un ou plusieurs contrats d’assurance-vie. Elle se prête parfaitement à la préparation de la retraite, mais ne permet pas de défiscaliser les versements.
Et pourquoi pas les deux ?
Alors, PER ou assurance-vie pour la retraite ? Vous pouvez tout à fait cumuler les deux : le PER pour défiscaliser à hauteur du plafond annuel, et l’assurance-vie pour disposer de sommes placées qui pourront être utiles à la retraite, ou à tout autre projet que vous souhaiteriez financer d’ici là !
Article achevé de rédiger le 14 février 2023. Les propositions du gouvernement sont susceptibles d’évoluer, les débats étant encore en cours à l’Assemblée.
L'investissement sur les marchés financiers présente un risque de perte en capital