En matière d’investissement, la répartition entre actions et obligations (ou entre produits risqués et produits peu risqués) est le facteur principal qui détermine le risque et le rendement du portefeuille.
Plus un patrimoine contient d’actions, plus il a le potentiel de croître. En contrepartie, il subira des variations importantes et passera très probablement par des périodes de fortes baisses : c’est ce que l’on appelle la volatilité, inévitable dans la recherche d’un rendement élevé.
À l’opposé, un patrimoine composé majoritairement de produits sécuritaires aura un potentiel de progression plus faible, mais connaîtra moins de soubresauts.
Quelle est la bonne proportion entre actions et obligations ? Le choix est personnel, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse.
Il existe toutefois dans le monde anglo-saxon une règle ancienne, probablement la première esquisse d’allocation d’actifs de l'histoire : c’est la règle du “100 moins son âge”.
La règle du 100 moins l’âge
Elle indique qu’un patrimoine financier devrait comporter, en pourcentage, “100 moins son âge en actions”, le reste étant placé en obligations. (Du fait de l’allongement de la durée de vie, certains évoquent désormais “110 moins son âge”).
Ainsi, à 40 ans, on devrait détenir 60% d’actions et 40% d’obligations.
Combien devriez-vous détenir d’actions en fonction de votre âge ?
Selon cette règle, si vous avez | Votre allocation idéale est |
---|---|
0 an | 100% actions |
10 ans | 90% actions / 10% obligations |
20 ans | 80% actions / 20% obligations |
30 ans | 70% actions / 30% obligations |
40 ans | 60% actions / 40% obligations |
50 ans | 50% actions / 50% obligations |
60 ans | 40% actions / 60% obligations |
70 ans | 30% actions / 70% obligations |
80 ans | 20% actions / 80% obligations |
90 ans | 10% actions / 90% obligations |
100 ans | 0% actions / 100% obligations |
Cette règle est-elle bonne ?
Oui et non.
Oui, car le principe est bon : plus on a de durée devant soi, plus il faut investir en actions. Cela permet de maximiser les chances d’obtenir un bon rendement, tout en diminuant le risque grâce à une durée d’investissement longue.
Il faut donc investir fortement en actions :
- pour préparer sa retraite lorsque l'on est jeune
- pour les projets non définis, mais lointains (lorsque vous avez déjà assez d’épargne pour les projets à court et moyen terme).
- pour les enfants.
Oui, c’est peut-être contre-intuitif, mais pour un nouveau-né, placer en actions est plus judicieux que de placer sur un Livret A ! Les chances de préserver le pouvoir d’achat et de développer l’épargne sont bien meilleures en actions.
Cette règle n’est donc pas mauvaise, car elle fait germer l’idée qu’une allocation fortement pondérée en actions est envisageable dans de nombreux cas.
Néanmoins, elle est mauvaise si elle est utilisée telle quelle car pour prendre une décision aussi stratégique, vous devez toujours tenir compte d’autres facteurs :
- la nature de vos projets
- votre aversion au risque
- des facteurs personnels spécifiques.
L’âge n’est pas le seul critère !
D’autres critères entrent en jeu
Prenons l’exemple de deux personnes de 35 ans. Selon la règle, elles devraient ainsi détenir 65% de leur patrimoine financier en actions.
La première personne est chef d’entreprise et les affaires sont florissantes. Son conjoint est fonctionnaire. Ils ont un enfant qui va à l’école primaire. Ils finissent de payer leur résidence principale dans 4 ans et, à part un projet de voyage, n’ont pas de grosses dépenses prévues.
La seconde est salariée, son conjoint ne travaille pas. L’un des parents, âgé, est dépendant et va bientôt entrer en maison de retraite. Les deux enfants sont scolarisés, l’aîné va bientôt entrer dans une école privée à 500 km du domicile. Le budget a toujours été serré.
Le deuxième couple peut avoir besoin d’argent prochainement et doit donc avoir une allocation d’actifs plus prudente que le premier, afin d’éviter de retirer de l’argent au moment d’un point bas de marché. En revanche, des turbulences ne gêneront pas le premier couple, qui a les moyens de faire “le gros dos”.
Pour affiner la règle des 100-âge, il faudrait alors tenir compte de l’horizon de placement plutôt que l’âge. Le second couple a plusieurs horizons de placements, dont certains à court terme, qui doivent être assurés par un placement sécurisé. Ce n’est qu’une fois ces besoins remplis qu’il peut penser à l’investissement à plus long terme et à la prise de risques en actions.
Parfois aussi, l’horizon de placement peut dépasser sa propre personne : avec l’âge, si tous les besoins sont couverts, on peut entrer dans une logique de transmission et avoir intérêt à placer fortement en actions si les héritiers sont jeunes : c’est presque “déjà leur patrimoine”...
Enfin, il y a aussi une histoire de tranquillité d’esprit. Nous n’avons pas tous la même tolérance à l’incertitude. Certains privilégieront la stabilité, d’autres seront plus ambitieux, mais devront en accepter les conséquences.
100 - âge : la règle est-elle valable en France ?
Cette règle peut donner un ordre de grandeur de ce qui est possible.
Mais en France, notre situation diffère en deux points des États-Unis où cette règle est née :
- Nous vivons dans un État providence : notre système social et très protecteur et couvre la majorité de nos imprévus (assurance santé, chômage, retraite…). Nous avons moins besoin d’épargner que les Américains, notamment pour la retraite.
- Nous avons beaucoup de produits d’épargne encadrés par l’État, dont beaucoup de bons produits sans risque. Le fonds en Euros n’existe pas aux États-Unis ! En conséquence, notre culture financière est moindre, car nous avons peu d’occasions de prendre des risques sur les marchés. Du fait d’une culture du risque plus faible, cette règle s'avère inadaptée pour de nombreux ménages français habitués aux placements sans risque.
Pour adapter cette règle au contexte français, une bonne idée peut être d’imaginer la perte que vous pourriez subir dans un scénario très défavorable.
Vous pouvez considérer que dans un scénario très défavorable, votre part en actions perdra la moitié de sa valeur avant de remonter. Ainsi, avec une allocation 70% actions 30% obligations, vous pourriez passer par une phase où vous perdrez 35% de votre investissement financier avant une remontée. Ce n’est pas une limite absolue, mais cela correspond à l’ampleur fréquente des très fortes baisses.
Si cela ne vous effraie pas, alors vous pouvez suivre cette règle. Sinon, vous pouvez adapter la proportion à votre sensibilité au risque.
Prenez la décision en connaissant tous les tenants et aboutissants. Plus vous vous exposez aux actions, plus vous subirez les hausses et les baisses des marchés. Moins vous vous exposez aux actions, moins ces variations seront fortes, mais votre épargne aura alors moins de chances de réellement progresser.
Allocation d’actifs : la vision de Yomoni
Chez Yomoni, après avoir répondu à une série de questions concernant votre patrimoine, votre situation, votre attitude face au risque et d’autres critères, vous recevrez une proposition de profil de risque. Chaque profil correspond à une répartition-cible entre actions et obligations (c’est l'allocation stratégique). Votre âge n’est pas le seul déterminant !
Cependant, ce n’est qu’une proposition : si vous estimez être plus averse au risque, réduisez la part en actions. Si vous avez un tempérament plus ambitieux, augmentez-la. Inutile de mettre beaucoup d’actions dans votre allocation d’actifs si vous ne supporterez pas la volatilité inhérente et changerez d’allocation à la première crise.
Ce que vous devriez faire et ce que vous pouvez faire sont deux choses différentes : la meilleure allocation d’actifs, c’est celle qui vous convient.
Les supports de placement présentent un risque de perte en capital. Les performances passées ne présagent pas des performances futures et ne sont pas constantes dans le temps.