Mes excuses à celles et ceux qui ont été troublés par ce titre.
L’indice CAC 40 n’est pas à 10 000 points, mais plutôt proche des 5 000 points.
Mais le CAC 40 Net Total Return, qui intègre le réinvestissement des dividendes, vient de toucher 10 000 points, son plus haut historique. Il est malheureusement beaucoup moins médiatisé que son petit frère « nu ».
Les deux ont débuté à 1 000 points en 1988. L’un a quintuplé depuis, l’autre décuplé. La seule différence, les dividendes — reparlons-en plus tard.
Un indice à un plus haut historique a une influence paradoxale sur le comportement des investisseurs. Il encourage les plus téméraires à investir, et incite les plus prudents à la retenue.
Épictète, philosophe grec du premier siècle de notre ère et pilier de l’école stoïcienne, ne s’intéressait probablement pas aux marchés financiers.
Mais ses principes, relatés par ses élèves dans son Manuel, sont admirablement pertinents pour l’épargnant exposé aux marchés financiers.
Le Manuel débute par « Certaines choses dépendent de nous, les autres ne dépendent pas de nous ».
Troublé par un indice à son plus haut historique, vous pourriez être tenté de reporter vos investissements à plus tard : vous ne voulez pas devenir la nouvelle version de l’oncle qui a investi sur l’action France Télécom à 200 euros en 2000 (l’action Orange vaut aujourd’hui moins de 15 euros).
Cependant, attendre un point bas pour investir est la plupart du temps une mauvaise stratégie.
Évoquons les risques de l’investisseur qui se prête à ce petit jeu, et, guidés par Épictète, voyons comment le stoïcisme peut vous aider à devenir un meilleur investisseur.
Lorsque les marchés seront bas, votre moral le sera aussi
Si le CAC retourne un jour à 3 000 points, ce sera forcément dans un contexte économique mondial déprimé.
Les grandes entreprises publieront des résultats moroses trimestre après trimestre. Certaines feront peut-être faillite. Les couvertures des journaux montreront le visage de boursicoteurs ruinés et de salariés américains dont la retraite est partie en fumée.
Votre emploi sera menacé, vous renforcerez votre matelas de sécurité car votre bonus sera ramené à 0. La dernière chose dont vous aurez envie, c’est d’investir sur les marchés. Vous attendrez « que passe l’orage », comme tout le monde.
Ce n’est pas de votre faute : tous les investisseurs voient les krachs passés comme des opportunités. Mais une fois dedans, c’est une autre histoire. La nature humaine…
Attendre, c’est jouer contre les fondamentaux
Les cycles de peur et de cupidité jouent un rôle important dans les mouvements de marché.
Mais la hausse à long-terme que l’on observe depuis la création des marchés boursiers a surtout des raisons fondamentales.
Un indice boursier est composé d’actions d’entreprises qui, la plupart du temps, font des bénéfices. Les entreprises réinvestissent une partie des bénéfices dans leur développement. L’autre partie est distribuée sous forme de dividendes, qui sont réinvestis dans de nouvelles actions. C’est le fonctionnement d’un indice boursier incluant les dividendes, et c’est sur ce type de sous-jacent que Yomoni investit votre épargne.
C’est la différence entre le CAC à 5 000 points, le plus médiatisé, et celui à 10 000 points, incluant les dividendes pour refléter le rendement réel des investisseurs.
Bien évidemment, la valeur d’une épargne exposée aux marchés financiers reste soumise aux aléas des marchés : le risque en capital existe bel et bien et les performances passées ne sont pas un indicateur des performances futures.
Mais le réinvestissement des bénéfices et des dividendes, couplé à l’existence d’une prime de risque, sont de solides arguments permettant d’anticiper une hausse à long terme sur les actions. C’est l’hypothèse fondatrice de l’épargne en actions.
En restant au bord de la route, vous avez de sérieuses chances de subir un coût d’opportunité. Les entreprises ne vous attendent pas pour se développer.
Vos prédictions de marché ne valent rien… Et vous n’êtes même pas dans le bon sens !
Soyons honnêtes : vous n’aurez jamais meilleure vision du marché que les professionnels des salles des marchés. Vous n’avez pas les mêmes ressources techniques et humaines, qui ne sont rentables qu’au-delà d’une taille critique.
Mais admettons que vous réussissez à retarder ou accélérer un versement pour toucher le point d’entrée idéal. Tant mieux pour vous, certes, mais arriverez-vous à réaliser la même prouesse pour chaque versement ?
D’ailleurs, de quelle prouesse parle-t-on au juste… Celle de toucher un point bas ?
Si vous croisez un génie, faites attention à ce que vous lui demandez.
Lorsque vous êtes au début de votre vie d’épargnant, vous devriez plutôt espérer des baisses après chaque versement, pas des hausses (mais vous le saviez déjà, car vous avez lu l’article Chic, le marché baisse !).
Et de toute façon, espérer ne sert à rien. Le marché s’en moque. Espérer quoi que ce soit des marchés est aussi vain de que de lever le poing aux nuages car ils n’ont pas la forme que vous souhaitez.
La bonne attitude : suivez les stoïciens
Épictète nous dirait que « Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les opinions qu'ils en ont [...] Lors donc que nous sommes contrariés, troublés ou tristes, n'en accusons point d'autres que nous-mêmes, c'est-à-dire nos opinions ».
Ce qui ronge l’investisseur qui attend un point bas, ce n’est pas l’imprévisibilité des marchés. C’est son propre comportement face à cette imprévisibilité : l’envie d’investir à un point bas, la paralysie le jour où il survient, la peur de rater le train lors des remontées, puis l’espoir vain d’un mouvement favorable.
Commencez par faire le tri entre ce qui dépend de vous et ce qui ne dépend pas de vous.
Vous n’avez pas à faire des prévisions ou à étudier la macroéconomie. Si vous avez déjà une stratégie long-terme, une aversion au risque correctement calibrée et des versements réguliers, bravo, vous avez fait l’essentiel. Votre responsabilité s’arrête ici. Votre jugement sur le niveau du marché ne doit pas venir troubler votre stratégie.
La part d’aléa inhérente aux marchés, vous n’y pouvez rien. Elle fait partie de la « nature des choses ».
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