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Ce que 20 ans de bourse m’ont appris

Ce que 20 ans de bourse m’ont appris

Il y a 20 ans, au printemps 1997, je passais mon premier ordre de bourse. Puis tout s’est enchaîné : livres et forums financiers, formation universitaire, vie professionnelle sur les marchés financiers…

Avec ce recul, j’ai cherché quelles étaient les compétences les plus fondamentales pour être un bon investisseur particulier, c’est-à-dire savoir faire fructifier son épargne pour financer efficacement ses projets personnels.

J’ai retenu deux compétences fondamentales. Il s’agit en réalité plutôt d’attitudes personnelles. Bonne nouvelle : nul besoin d’être un insider ou de connaître le calcul stochastique pour réussir, ces attitudes sont à la portée de chacun.

Bien se connaître

Connaissez vos projets de vie

C’est un travail que vous devez faire seul : aucun gérant d’actifs ne le fera pour vous. Ce sont vos projets qui détermineront vos horizons de placement personnels. Vous aurez sans doute plusieurs horizons de placement : vous pouvez avoir un projet à 6 mois, un autre à 3 ans et un autre perpétuel (des revenus passifs par exemple). Et les projets peuvent varier dans le temps !

De nombreux épargnants imaginent qu’ils ont besoin de conserver en permanence l’intégralité de leur patrimoine en produits liquides immédiatement. C’est une erreur, qui les empêche de prendre date et d’investir sur des placements destinés à être conservés plusieurs années (et faut-il encore rappeler que l’assurance-vie n’est pas bloquée 8 ans ?).

À l’opposé, certains sont certains d’investir pour le long terme mais se retrouvent à devoir emprunter lorsqu’il faut remplacer la chaudière…

Connaissez votre aversion au risque

Quelle variation de valeur de vos placements acceptez-vous ? Visez trop bas et vous subirez un coût d’opportunité : vous ne gagnerez pas tout l’argent que vous auriez pu gagner. Cela vous paraît uniquement virtuel ? Pensez aux heures supplémentaires ou aux jours de RTT que vous avez monétisés : si vous devez travailler plus, c’est pour compenser ce coût d’opportunité.

Visez trop haut et vous piloterez une savonnette dans une épingle à cheveux : votre survie financière sera entre les mains du hasard jusqu’à la ruine à long terme. Soyons clairs : il ne s’agit pas de vous forcer à accepter davantage de risque mais de bien connaître votre sensibilité et d’agir en conséquence.

Avoir confiance

Confiance dans le droit de propriété

Le principe d’épargne repose sur la pérennité du droit de propriété. Le sujet est évidemment politique mais aussi très terre-à-terre : comment investir avec sérénité si les chiffres sur un écran semblent trop virtuels ?

Revenons avant 1984, à l’époque des actions-papier. Qu’auriez-vous ressenti avec entre les mains un morceau de papier soumis aux risques de déchirure, de perte, de vol, d’incendie ? La précarité de ces titres n’a pas empêché les sociétés de capitaux de fonctionner…

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Confiance dans la rémunération de la prise de risque

Le travail est rémunéré parce qu’il est contraignant et qu’il produit de la valeur. De la même manière, le capital est rémunéré parce qu’il permet de produire de la valeur en subissant un risque.

Pour investir en confiance, il faut supposer que le marché rémunérera ce risque en offrant un retour sur investissement proportionnel au risque pris. Il faut avoir confiance dans l’existence de cette rémunération sur des durées assez longues, sans qu’il soit possible de la quantifier a priori, ni de l’observer immédiatement.

Cela peut ressembler à un grand saut dans l’inconnu — et c’en est un. Mais cela fait partie des risques à assumer avec sérénité pour être un bon investisseur, et accepter avec stoïcisme des résultats parfois ingrats.

Les compétences techniques sont (presque) inutiles

Et les compétences techniques alors ? Je pense qu’elles ne sont pas nécessaires pour investir son épargne personnelle efficacement. Ou elles le sont peut-être indirectement en facilitant l’adoption des bonnes attitudes : avoir manié un modèle d’actualisation aide à avoir confiance dans l’existence des primes de risque, l’étude du droit des sociétés augmente la confiance dans la propriété…

Pour l’investisseur particulier, la curiosité et l’envie d’apprendre peuvent aider à développer ces attitudes. Augmenter son exposition aux marchés progressivement, avec de petits montants (sur un cycle entier de hausse puis de baisse, évidemment) permet de savoir jusqu’à quel point on arrive à dormir, et ainsi mieux calibrer sa prise de risque.

Posséder d’anciens titres boursiers du XIXe siècle projette dans l’histoire et révèle les vies d’autres investisseurs en quête d’un rendement plus élevé en échange d’un risque assumé. Avec des fortunes diverses, certes, mais le monde ne s’est pas construit sans prise de risque…

Et que dire de l’or… Tenir dans sa main une pièce suffit pour prendre conscience de l’attrait intemporel pour les choses brillantes et du caractère éphémère de la monnaie fiduciaire : un plaidoyer pour l’investissement dans les entreprises, à la fois conservatrices et créatrices de valeur dans le temps.

Nul besoin d’avoir étudié des théorèmes financiers pour épargner et investir efficacement. Ce n’est pas le choix des placements qui fait la différence, mais la prise de risque délibérée et contrôlée sur une longue période.

À vous de jouer !

Voyez-vous d’autres compétences ou attitudes nécessaires pour bien investir ? On évoque souvent discipline, persévérance, humilité… ne découlent-elles pas des deux attitudes fondamentales : connaissance de soi et confiance ? Débutant ou vétéran, je vous lirai vos commentaires avec plaisir !

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CONTRIBUTEUR EXTERNE. Nicolas a passé 15 ans dans la gestion d'actifs et la finance d'entreprise. Il aime partager son expertise de façon pédagogique.

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