Faites-vous la différence entre épargner et investir ?
Chacun semble avoir sa propre définition.
Tout d’abord, un éclaircissement : nous nous plaçons dans le domaine des finances personnelles.
Pourquoi cette précision ? Car les définitions dépendent du contexte.
Ainsi, selon la définition des économistes :
- les ménages épargnent (l’épargne, c’est la part du revenu qui n’est pas dépensée),
- les entreprises investissent (l’investissement c’est une dépense réalisée dans le but de gagner plus d’argent par la suite).
Autrement dit, un ménage ne peut pas investir. Même lorsqu’il achète sa résidence principale, il épargne (c’est pourquoi les remboursements d’emprunt entrent dans le calcul du taux d’épargne).
C’est étonnant, mais c’est ainsi. L’investissement des ménages n’existe officiellement pas !
Mais cette définition ne nous est pas vraiment utile. En tant que gérant d'épargne, nous revenons au très concret : vos finances personnelles.
Épargner : notre définition
Épargner, c’est mettre de l’argent de côté. On épargne souvent dans un but spécifique : avoir de l’argent pour les prochaines vacances, pour acheter une voiture, pour constituer un apport personnel pour l’achat d’un bien immobilier, ou simplement par sécurité, pour se sentir protégé…
On place généralement l’argent épargné à la banque, soit en le laissant sur le compte, soit en le plaçant sur des livrets et autres produits sans risque, dont la rémunération est connue à l’avance, mais assez faible.
L’objectif recherché est avant tout la sécurité et la disponibilité, le rendement passe au second plan. Par conséquent, garder une réserve d’argent sous le matelas “au cas où”, c’est une forme d’épargne. Et glisser des pièces dans le cochon-tirelire qu’on a reçu pour nos 6 ans aussi ! Épargner peut être involontaire : lorsque l’on ne dépense pas l’intégralité de ses revenus au cours d’un mois, on épargne… même si on n’en a pas conscience.
Selon ses revenus et son train de vie, épargner peut être plus ou moins difficile. Parfois, il faut se faire un peu violence, réduire ses dépenses, faire un budget, ou encore décider de verser de l’argent sur un livret dès l’encaissement de ses revenus.
Épargner est une bonne chose, mais il ne faut pas en abuser ! En effet, accumuler son épargne sur des produits à taux faibles entraîne à la fois :
- un manque à gagner : il est dommage de ne pas mettre à profit la durée pour placer plus efficacement,
- un risque, à cause de l’inflation : les placements sans risque à taux faible dévalorisent le pouvoir d’achat, de façon très progressive et invisible.
En effet, si vous épargnez de l’argent pour financer le permis de conduire de votre enfant, dans 10 ans, vos contributions cumulées ne suffiront peut-être pas car le prix du permis aura peut-être doublé. Même si votre argent “fait des petits”, les prix augmentent plus rapidement encore, ce qui rend votre effort d’épargne vain.
Lorsque vous épargnez, vous subissez la hausse des prix. Pour éviter ce risque, il faut investir votre argent.
Investir : notre définition
Investir, c’est utiliser une partie de l’argent épargné pour financer un projet, afin d’en retirer un profit (augmentation de valeur ou perception de revenus).
L’objectif recherché est avant tout la rentabilité, tandis que le risque (c’est-à-dire l’aléa sur la rentabilité de l’investissement, qui peut être positive ou négative) et la potentielle indisponibilité sont acceptés en tant que concession nécessaire pour obtenir du rendement.
Les investissements les plus courants sont l’immobilier locatif et les actions (en direct ou via des fonds d’investissement tels que les ETF, détenues sur une enveloppe fiscale telle qu'une assurance-vie, un PEA, un PER, un compte-titres...
Ces investissements présentent tous un risque de perte en capital, et c’est normal : c’est la contrepartie logique de la recherche de rendement. L’horizon temporel d’un investissement est généralement long : plusieurs années, voire plusieurs décennies. Respecter cet horizon permet de diminuer le risque de perte en capital.
Contrairement à l’épargne, l’investissement est un acte conscient et réfléchi, car il engage sur la durée et entraîne des risques. Derrière l’investissement, il y a une décision, un objectif, un arbitrage entre le rendement potentiel et le risque. D’ailleurs, nous devrions renommer le PEA, le Plan d’Epargne en Actions, en PIA, Plan d’Investissement en Actions !
L’investissement est par nature risqué, quelle que soit la nature de l’investissement. Il y a, tout au bout de la chaîne, des projets qui portent des aléas. Néanmoins, le risque peut être considérablement réduit si l’on suit les bonnes pratiques (diversification, investissement progressif, découpage par horizons temporels, respect de l’horizon conseillé…).
L’investissement est le seul moyen de faire croître son capital et donc de le protéger de l’inflation à long terme. C’est nécessaire pour préparer la retraite par exemple.
Épargner ou investir : un exemple à l’échelle d’une vie
- Si vous épargnez 100 € tous les mois sur un compte épargne qui rapporte 1% par an, vous aurez au bout de 40 ans 58 832 €.
- En revanche, si vous investissez cet argent et qu’il vous rapporte 7% en moyenne alors vous aurez au bout de 40 ans 247 054 €.
6% d’écart n’ont l’air de rien si on ne regarde qu’une année… Après tout, si vous placez 1000 €, la différence entre 10 € d’intérêt et 70 € d’intérêts ne va pas changer votre vie en fin d’année…
Mais à long terme, les effets sont majeurs : le capital total est quatre fois plus important.
Et si vous placez non pas 100 € par mois mais 500 €, ainsi que toutes vos primes… Vous avez le potentiel pour arrêter de travailler rapidement.
Un rendement de 7% est-il réaliste ? Oui, c’est proche du taux de croissance moyen des marchés actions. Il y a bien sûr des bonnes et des mauvaises années (dont des krachs boursiers), mais le chiffre de 7% est une moyenne annuelle raisonnable qui intègre tous ces événements à l’échelle de plusieurs décennies.
Ces calculs sont à visée pédagogique uniquement, et ne constituent pas une promesse de rendement. Ils sont exprimés hors frais et hors fiscalité. Les performances passées ne présagent pas des performances futures, et ne sont pas constantes dans le temps.
Épargner ou investir ? Dans quel ordre ?
Vous l’aurez compris, il faut faire les deux.
Cependant, il y a un ordre à respecter :
- Vous devez commencer par épargner. Mettre en place des bonnes habitudes d’épargne est une pratique saine qui vous servira toute la vie.
2. Vous ne passerez à la phase d’investissement que lorsque :
- vous avez remboursé toutes vos dettes à taux élevé (découverts, crédit à la consommation),
- vous avez constitué votre épargne de précaution,
- vous pouvez immobiliser une partie de votre argent sur plusieurs années.
Fixez-vous un montant d’épargne-cible, par exemple 10 000 € sur les livrets, et investissez tout ce qui excède ce montant. Et lorsque vous avez besoin de puiser dans vos livrets, reconstituez-les en priorité.
Comment investir ? En faisant correspondre votre patrimoine à vos projets. Pour ce faire, vous pouvez vous inspirer de notre méthode “des trois tiroirs” : elle vous permettra de trouver le bon équilibre facilement.
Vous avez un projet d'investissement ?
En quelques minutes, vous détaillez votre projet et nous vous proposons une solution adaptée à votre profil d'investisseur.
Les supports d’investissement présentent des risques de perte en capital.