Ça y est, vous avez gagné le gros lot ! Bravo ! Vous pensez ne plus jamais avoir de problèmes d’argent ? Détrompez-vous, ils ne font peut-être que commencer…
En gérant bien votre magot tombé du ciel, vous pourrez vivre confortablement sans travailler et changer durablement la vie de vos proches. Mais ce magot peut aussi vous rendre fou, être dilapidé en futilités, ou tomber dans la poche d’escrocs. La frontière entre ces deux issues étant ténue, voici quatre conseils qui vous éviteront d’avoir à refaire votre CV six mois après avoir encaissé le pactole.
Prenez le temps de vous informer
C’est le premier conseil que donnent les services d’assistance aux grands gagnants : prenez votre temps. Donc pas de démission en chansons au prochain conseil d’administration… Pour l’instant, faites profil bas. Autorisez-vous une grosse dépense pour matérialiser votre gain et vous ancrer dans le réel, mais restez-en là pour le moment.
La zone de risque dure de 6 à 12 mois : si vous parvenez à ne pas tout dilapider pendant cette période, vous avez de bonnes chances de conserver votre fortune. Pendant cette période, évitez tout changement majeur dans votre mode de vie et cherchez à bien vous entourer. Avocat, conseiller en gestion de patrimoine, fiscaliste, notaire : chacun aura un rôle à jouer dans la réalisation de vos plans. Le prix doit être un critère de choix mais vous devez avant tout chercher des professionnels en qui vous avez confiance. Consultez-en autant qu’il le faudra jusqu’à former votre équipe de choc !
Définissez ce que vous voulez réellement
Travailler était sans doute une obligation pour vous, ce sera désormais un choix. Les riches héritiers sont conditionnés pour cette situation depuis leur enfance. Pour vous, cela nécessitera un travail psychologique : les questions existentielles deviendront votre quotidien.
Que voulez-vous vraiment dans la vie ? Ne voyez pas le gros lot comme une baguette magique qui supprime tous les problèmes. Le manque d’argent pouvait vous empêcher d’avancer dans vos projets, mais l’opulence financière ne résoudra pas tout, et certainement pas les problèmes relationnels ou les blocages personnels.
Dans votre quête du bonheur, vous serez soumis à l'adaptation hédonique : les yachts, palaces et diamants vous font peut-être rêver aujourd’hui, mais vous vous en lasserez lorsqu’ils deviendront routiniers. On se satisfait davantage de la croissance de son bonheur que du bonheur lui-même.
Le bonheur matériel étant le plus éphémère, comptez plutôt sur le partage et la générosité pour guider votre quête de sens. Les expériences de vie apportent un plaisir bien plus durable, notamment parce que leur souvenir se bonifie avec le temps. Un trésor à partager, bien sûr !
Faites fructifier votre capital judicieusement
Vous aurez probablement envie de placer une partie de votre capital pour obtenir des revenus récurrents et devenir rentier. C’est évidemment une très bonne idée. Ne croyez pas les arnaqueurs qui vendent des placements soi-disant réservés à une élite. Diamants, terres rares, défiscalisations offshore, manuscrits, options binaires, immobilier dans des continents éloignés… Vous êtes désormais une proie de choix pour les escrocs du monde entier.
Vous pensez qu’une perte ne serait pas si grave, car il vous restera au pire des cas encore quelques millions en poche ? L’analyse comportementale nous apprend qu’une perte d’argent nous affecte deux fois plus qu’un gain équivalent. Autrement dit, si vous perdez la moitié de votre capital, vous anéantissez tout le bonheur que le gain vous aura apporté.
Les bonnes solutions pour placer votre argent seront sensiblement les mêmes que celles dont vous disposez aujourd’hui. Il y a certes quelques variations, mais l’assurance-vie, le PEA, la diversification et la réduction des frais restent incontournables. En matière de placements, la seule extravagance que vous devez vous permettre, c’est la phrase : « J’en parlerai à mon avocat. » !
Ne considérez jamais ce capital comme « l’argent du casino »
Beaucoup de joueurs considèrent que le gain qu’ils viennent d’encaisser ne leur appartient pas réellement, qu’il s’agit de « l’argent du casino ». En conséquence, ils prennent davantage de risque avec ces gains qu’avec leur propre capital… Alors que les gains font désormais partie de leur capital.
Ce biais psychologique risque d’être accentué si vous avez joué à un pur jeu de hasard car vous n’aurez pas forcément l’impression d’avoir mérité ce gain : vous avez juste eu une chance inouïe. Et si vous ne vous sentez pas autorisé à posséder ce gros lot, il risque de vous filer entre les doigts.
Curieusement, les investisseurs en Bourse sont soumis au même danger : la stratégie qui consiste à retirer le montant initialement investi après une forte progression pour « laisser courir uniquement les gains » n’a aucun fondement rationnel. Le niveau de risque d’un placement n’a pas à être déterminé par l’origine du capital !
Et si vous ne jouez jamais ?
Excellent choix : avec l'argent accumulé, vous pourrez vous offrir une année sabbatique tous les 10 ans !
Ces quatre conseils restent valables pour toute grosse rentrée d’argent : héritage, vente d’entreprise... peut-être même — je vous le souhaite — votre bonus annuel !